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Porté par Drake, Octavian s’annonce comme la prochaine révélation du rap anglais

Porté par Drake, Octavian s’annonce comme la prochaine révélation du rap anglais

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Par Naomi Clément

Publié le

Révélé fin 2017 pour son titre “Party Here”, ce Franco-Anglais propose une musique qui bouscule les genres et percute les sens. Il dévoile aujourd’hui le clip de son nouveau single, “Hands”. L’occasion pour Konbini de retracer son parcours mouvementé.

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Inconnu il y a encore trois mois, Octavian est aujourd’hui l’un des favoris de la scène rap anglaise. De nombreux médias, parmi lesquels The Fader, Fact Magazine ou NPR, ont déjà parié sur lui, et pour cause : du haut de ses 21 ans, cet enfant du sud-est de Londres propose un son novateur, qui éclate définitivement les barrières entre dancehall, grime et R’n’B.

Une identité sonore singulière, cristallisée par “Party Here”, le titre qui l’a révélé fin 2017. “L’idée de ‘Party Here’, c’était de montrer qui l’on était, affirmait-il à Pitchfork en début d’année, mais pas seulement à Londres, au monde entier.”

Un pari réussi, puisque deux semaines seulement après sa sortie, ce morceau planant – enregistré dans la chambre d’un comparse londonien – est parvenu à traverser les eaux froides de l’Atlantique pour atteindre le radar affûté de Drake (dont les yeux sont depuis quelque temps braqués sur le Royaume-Uni).

Le 9 janvier dernier, en pleine after party des Golden Globes, le Canadien partageait en effet une vidéo dans laquelle il reprenait avec engouement les paroles de “Party Here”, faisant entrer Octavian dans la cour des grands. “Cela prouve que tout est possible”, affirmait l’intéressé.

Mais la force de ce diamant brut ne réside pas uniquement dans le caractère hybride de ses sonorités. Ses textes, souvent sombres et mélancoliques, possèdent en eux quelque chose de profondément anarchique, tout en exposant une insatiable soif de réussite.

“No (brrr) police (fuck feds) / No pillow talk here, I tap that and I leave / I’ve gotta be free”, clame-t-il sur “1000 degrees”, son deuxième single, en collaboration avec Sam Wise. Percutant, le discours du rappeur prône le succès autant que l’indépendance. Avec lui, il paraît prendre sa revanche sur la vie.

Un son inspiré d’une enfance tumultueuse

Comme le relate Pitchfork, Octavian a toujours réfuté l’autorité. Oliver Godji, de son vrai nom, voit le jour à Lille, puis emménage à Londres à l’âge de 3 ans, après le décès de son père. Il est élevé par sa mère, entouré de ses trois grands frères et sœur :

“Je ne voulais pas leur ressembler, donc j’ai toujours été un gosse un peu fou. Ma mère détestait ma façon d’être, elle était persuadée que mon état d’esprit me mènerait à ma perte. Elle pensait que l’école était la seule solution – mais je savais que ce n’était pas le cas.”

Dispersé, turbulent, expulsé de plusieurs écoles en raison d’un absentéisme trop important, le jeune homme est alors renvoyé en France, chez son oncle, qu’il décrit aujourd’hui comme “fou et alcoolique” :

“Je n’ai jamais eu d’homme dans ma vie. J’ai toujours détesté l’autorité, et ce sera toujours le cas. Mon oncle me tapait très souvent. Mais je ne me laissais pas faire pour autant, je n’étais pas une victime, je me défendais. Même si je finissais toujours par me faire défoncer.”

Après ce malheureux séjour qui aura duré deux ans, le Franco-Anglais est de retour à Londres, chez sa mère. Mais cette dernière, rapidement excédée, le met à nouveau à la porte. S’en suivent alors de longs mois de squat et d’errance sur le canapé des uns et des autres, dans la rue, tard le soir, alors qu’il n’a que 15 ans. Des mois durant lesquels il s’immerge en profondeur dans la scène rap londonienne.

Une quête de revanche inassouvie

Aux côtés de son ami J Rick, qu’il élit comme producteur, Octavian commence ainsi à façonner cette musique si singulière, avec laquelle il entend exposer “le bon comme le mauvais” de la capitale anglaise. Sous le drapeau de son Essie Gang, il finit par sortir les EP 22 et Essie World, desquels découle bientôt son projet le plus abouti à ce jour : l’entêtant “Party Here”.

Désormais signé sur le label Black Butter (comme J Hus, Goldlink, Wiley et DJ Khaled), celui qui se considère aussi bien rappeur que chanteur compte bien imposer sa musique. Prolifique, ce diplômé de la BRIT School (une prestigieuse école d’art par laquelle sont passés King Krule, Jessie J ou Adele) dévoile aujourd’hui “Hands”. Un titre planant, dont le clip nous plonge dans la noirceur de la nuit londonienne, et qui selon Pitchfork annonce un tout nouveau projet : Revenge.

Cette future mixtape, dont la date de sortie n’est pas encore confirmée, s’inscrira très probablement dans la lignée des premiers titres du garçon, confirmant sa quête de revanche inassouvie :

“Tout ce qui m’est arrivé par le passé, le fait d’être réprimé ou méprisé, voilà de quoi je me venge. Je pense à tous ces mensonges auxquels j’ai cru. Je veux montrer au monde que tu peux réaliser tout ce que tu veux. Que l’on n’a pas besoin d’être contrôlé de toutes parts. Voilà la vie qu’il faut mener.”

Vivement.

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