Les 50 meilleurs albums de 2016

Les 50 meilleurs albums de 2016

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Par Arthur Cios

Publié le

50 albums qui ont fait 2016. Par la rédaction de Konbini. 

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A Tribe Called Quest – We Got It From Here… Thank You 4 Your Service

C’est le come-back de l’année. Celui d’un groupe mythique dont le dernier album remonte à il y a près de 20 ans. A Tribe Called Quest n’a rien perdu de sa force, si ce n’est son éternel membre, Phife Dawg (R.I.P), tragiquement décédé le 23 mars 2016 à l’âge de 45 ans.

Enregistré avant sa disparition, le sixième, ultime et magistral album du crew du Queens, New York, a mis tout le monde d’accord dans un rap jeu en perpétuel changement qui n’était clairement pas prêt à accueillir l’un de ses meilleurs disques de l’année, offert entre boom bap et modernité.

Depuis 30 ans, ATCQ incarne la noblesse du hip-hop, qu’il quitte par la grande porte.

Anderson .Paak – Malibu

Protégé de Dr. Dre, le kid de Los Angeles était sur toutes les lèvres cette année. De ses collaborations avec ScHoolboy Q, Mac Miller et Knxwledge à ses performances live monstrueusement groovy aux côtés de ses Free Nationals, Anderson .Paak est un talent brut, dont le flow de jaguar et les mimiques rappellent pêle-mêle Curtis Mayfield, la clique de Stones Throw et la G-Funk de George Clinton. Et quelle meilleure introduction à tout cela que ce Malibu, disque essentiel, collection invraisemblable de tubes renversants qui lui a valu d’être nommé aux Grammy Awards 2017 ?

Andy Shauf  The Party

“The Magician”. Andy Shauf pourrait en être un, tant son troisième album – paradoxalement intitulé “The Party”, compte tenu de son ambiance calme et nostalgique – prend aux tripes. N’attendez pas de cet ex-punk canadien, habitué dans une lointaine galaxie à composer des ballades dans une ambiance catholique, à ce qu’il vous brise vos tympans. Non.

Ce mec-là est parti sur les traces d’une folk, loin de la paresse musicale sur laquelle certains groupes, devenus populaires ces dernières années, ont surfé. On tombe alors sur un Elliott Smith qui aurait troqué ses anges de Los Angeles pour des esprit canadiens embrumés, ajoutant des arrangements subtils et poétiques. Andy Shauf est décidément l’une des meilleures surprises de 2016.

Agnes Obel – Citizen of Glass

Agnes Obel fait partie, depuis 2010, des perles insoumises. Depuis son premier album Philharmonics, qui voyait sa voix se confondre avec un piano épuré, la chanteuse et compositrice danoise a fait du chemin. Avec un troisième essai intitulé Citizen of Glass, elle poursuit sa quête d’une musicalité précieusement arrangée mais spontanée, formant dix titres gracieux qui auraient pu figurer dans la bande originale d’un long-métrage dramatique. Des violons fantomatiques rythmés par des percussions dansantes et supplantés par une voix fascinante : qu’on se le dise, Agnès Obel sait toujours autant surprendre et émouvoir dans le cadre d’une production perfectionniste à la froide apparence.

Angel Olsen – My Woman

Mi-explosive, mi-douce, Angel Olsen a signé son grand retour avec un disque à deux faces sublime en tout point. Confirmant sa place unique dans le paysage bien trop fourni de la musique actuelle, la chanteuse-compositrice nous a offert l’un des plus beaux albums de l’année, signe d’une forme de maturité qui ne va pas nous déplaire, bien au contraire.

BadBadNotGood – IV

On le savait depuis III, mais nos Canadiens préférés ont tenu à le confirmer avec IV : BadBadNotGood est actuellement le plus grand groupe de jazz. Sachant passer d’une trompette quasi bebop à une instru emmenant un Mick Jenkins bien loin des sentiers battus du rap actuel, en passant aux basses de Kaytranada ou la voix suave et soul de Sam Herring, tout est parfait et rien n’est à jeter pour l’une des plus belles galettes de 2016.

Beyoncé – Lemonade

L’indétrônable Queen B a encore frappé. Et peut-être plus fort que jamais. Avec Lemonade, son sixième album sorti en avril 2016, la diva de 35 ans rejoignait, pour la première fois depuis le début de sa carrière, les rangs des défenseurs de la cause noire, en réaffirmant la beauté de la femme afro-américaine et en sommant les forces de police de cesser leurs tueries. Mieux encore : lors de la mi-temps du Super Bowl 2016, qui s’est tenu en février, Beyoncé a ravivé la flamme du Black Power, entourée d’une troupe de danseuses en boots de combat et bérets noirs. Un album fort et nécessaire, qui lui a valu neuf nominations aux prochains Grammy Awards.

Bibio – A Mineral Love

Huitième opus de Stephen Wilkinson, A Mineral Love contient tout le charme et l’immédiateté d’un disque de Bibio. Folk bucolique (“Petals”, “Wren Tails”), lo-fi soul et solos de guitares merveilleusement négociés (“Town & Country”, “Feeling”), pop 80s à la Hall & Oates (“Why So Serious”, “Light Up The Sky”)… ce disque déroule avec maestria les identités successives d’un artiste capable de communiquer au-delà de la pure forme : dans la distorsion de la matière sonore, dans un langage mélodique fait d’arabesques qui se lient et se délient sans cesse, dans le caractère définitivement solaire de son propre chant. Bibio est un très grand artiste et A Mineral Love en est une nouvelle preuve.

Blood Orange – Freetown Sound

Freetown Sound s’inscrit dans la lignée de To Pimp a Butterfly de Kendrick Lamar ou Black Messiah de D’Angelo, c’est-à-dire des œuvres qui dénoncent les violences et les injustices raciales qui ne cessent de meurtrir la communauté noire aux États-Unis. Dédié à ceux qu’on a accusés de “ne pas être assez noirs, d’être trop noirs, d’être trop queer, ou d’être queer mais pas de la bonne façon”, cet album, dévoilé en juin, poursuit ainsi le combat mené par le chanteur et producteur anglais depuis de nombreux mois. En août 2014, Blood Orange s’était fait agresser par des agents de sécurité du festival Lollapalooza après avoir tenu un discours sur le racisme et les violences policières sur scène, vêtu d’un T-shirt affichant notamment les noms d’Eric Garner et de Trayvon Martin.

https://play.spotify.com/album/3Z2XUjgVj5ZkCGpU7b2qtY

Car Seat Headrest – Teens of Denial

Cette année, le jeune Will Toledo du groupe Car Seat Headrest a défendu son titre de petit génie du post-rock avec son dernier opus Teens of Denial. Plus brillant d’album en album, le jeune musicien a donné tout ce qu’il pouvait en matière de composition. Avec des titres comme “Vincent” ou “Drunk Drivers/Killer Whales”, Car Seat Headrest n’a plus rien à envier à l’écriture de Sufjan Steven ou aux mélodies des Pixies.

Chance The Rapper – Coloring Book

Une mixtape (présente aux Grammy Awards) parmi les meilleurs albums de l’année suffit à expliquer à quel point Coloring Book de Chance The Rapper est exceptionnel.

Aussi coloré que la pochette qui l’illustre, le projet de 13 titres sorti en mai 2016 continue jusqu’à aujourd’hui à résonner dans les oreilles de plus d’un(e), bercées par la voix mi-rap, mi-gospel, 100 % talent de celui qui, à 23 ans seulement, a devant lui un boulevard pour réaliser une grande, très grande carrière.

Childish Gambino – Awaken, My Love!

L’homme de l’année est arrivé en décembre 2016. Avec, dans ses bagages, l’une des meilleures séries de l’année, tous genres confondus, et l’un des meilleurs albums de l’année, tous genres confondus bis. Tout simplement.

Une œuvre marquée par un funk rétro-futuriste sur laquelle chaque piste a sa voix, au timbre différent mais à la provenance unique. Le tout, sans aucun effet sonore ajouté. Que dire de plus si ce n’est bravo et merci au génie de Donald Glover.

Danny Brown – Atrocity Exhibition

Champion du gonzo rap à la voix de fausset, Danny Brown s’est offert les services de l’excellent producteur Paul White pour créer Atrocity Exhibition, manifeste de rap “misfit”, impénitent et foncièrement dérangé. Porté par le puissant single “Really Doe” en feat. avec Kendrick Lamar, Ab-Soul et Earl Sweatshirt (rien que ça), ce premier opus de l’artiste pour le mythique label anglais Warp Records est très certainement l’œuvre la plus complète du rappeur originaire de Detroit.

Drake – Views

Pour l’année de ses 30 ans, Drake a remporté toutes les victoires grâce à son quatrième album Views, porté par des tubes comme “One Dance”, “Controlla” ou “Hotline Bling”. Après avoir décroché le statut d’artiste le plus écouté de tous les temps sur Spotify en mai, le rappeur s’offrait en octobre dernier le titre d’artiste ayant récolté le plus de nominations dans toute l’histoire des American Music Awards, détrônant le king Michael Jackson. De quoi faire craquer J-Lo.

Fat White Family – Songs for Our Mothers

Des punks sous Prozac à la musique ingénieusement chaotique. C’est probablement la meilleure formulation pour désigner Fat White Family, ce groupe constitué de six Britanniques débridés qui ne respirent pas la joie de vivre mais qui pondent des chansons envoûtantes. Avec le titre “Whitest Boy on the Beach” qui ouvre le disque, le deuxième album de la formation transpire quelque chose de différent de ce que le rock actuel peut offrir. Il suffit de les voir sur scène pour s’en rendre compte.

Flatbush Zombies – 3001: A Laced Odyssey

3001: A Laced Odyssey est indispensable pour tout amateur de bon rap sombrement produit. Il s’agit du tout premier album des Flatbush Zombies qui, après avoir fait leurs armes avec fracas et deux bonnes mixtapes, ont éclaboussé le game de leur phrasé plein de bounce et leur univers weedesque bien défini.

Assez pour propulser le trio de Brooklyn parmi les groupes les plus talentueux de la côte est, derrière le mic ou en live.

Frank Ocean – Blonde

Blonde fut incontestablement l’album le plus attendu de 2016 (et probablement de ces quatre dernières années). Depuis le succès de Channel Orange en 2012, notamment grâce aux envoûtants “Thinkin’ Bout You” et “Pyramids”, Frank Ocean était on ne peut plus attendu au tournant. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le prodige du R’n’B ne nous a pas déçus. Certes, l’attente fut interminable, marquée par d’incessants rebondissements, mais le jeu en valait la chandelle : Blonde est un pur bijou de poésie – subtil, puissant et émouvant tout à la fois – dont on ne s’est toujours pas lassés.

Glass Animals – How to be a Human Being

Les p’tits Anglais de Glass Animals ont passé l’épreuve du second album avec succès. Après un premier opus très bien reçu par les fans, le groupe est parvenu à diversifier ses influences hip-hop pour mettre au monde un album pop indispensable à la fête. Une belle histoire en chansons, qui redonne foi en cette année 2016 déprimante.

Gold Panda – Good Luck and Do Your Best

Chaque album de Gold Panda est une invitation au voyage. Alors quand trois ans après Half of Where You Live, on apprend que le Britannique revient avec un album intitulé Good Luck and Do Your Best (meilleur nom de l’année), on ne peut s’empêcher de vouloir être rapidement en prise avec ses nouvelles compositions.

Car Gold Panda est une énigme à la fois humaine et musicale. Humaine parce qu’il entend préserver son identité. Musicale parce qu’il a formalisé un pont entre l’Orient et l’Occident, ses origines indiennes et une ville comme Berlin dans laquelle il s’est installé, créant, entre ses boîtes à rythmes Korg et ses vieux enregistrements qu’il compile, une musique unique.

Et cette fois-ci, direction le Japon. Si le pays du Soleil-Levant l’avait déjà touché – au point d’en faire le socle de ses inspirations – le compositeur y est allé pour de vrai au printemps 2014, pour un projet de documentaire. Si ce dernier est abandonné en cours de route, le Britannique met à profit son périple pour confirmer l’amour qu’il porte pour le pays. En résulte un troisième album, downtempo mais rythmé, entre les superbes influences jazz samplées d’un “Your Good Times Are Just Beginning”, la house entraînante de “Chiba Nights” et l’atmosphère langoureuse d'”In My Car”, mélangeant avec dextérité ses influences musicales.

Isaiah Rashad – The Sun’s Tirade

Ceux qui ont écouté cet excellent album comprendront sa présence ici et parmi la crème de la crème du rap US cette année. Ceux qui ne l’ont pas encore écouté, ne dormez pas dessus, vous passez à côté de quelque chose. Quant à Isaiah Rashad, ce mec aura les clefs du château hip-hop dans un avenir très proche, il s’assoira alors sur le trône du game, aux côtés de son mentor et partenaire de label : Kendrick Lamar.

James Blake – The Colour in Anything

Du Bon Iver, du Frank Ocean, et du Rick Rubin à la production. Pour son troisième album, The Colour in Anything, qui succède à Overgrown (2013, récompensé du Mercury Prize), James Blake n’a pas fait les choses à moitié. Bon Iver ? On le retrouve sur l’intimiste “I Need a Forest Fire”. Du côté de Frank Ocean, c’est “Always” qui est concernée. James Blake donne le ton d’un album à la fois concis et fragile, joignant enregistrements synthétiques et une production mélancolique, à l’image du puissant “Timeless”.

J. Cole – 4 Your Eyez Only

“Immortal”, “Deja vu”, “Change” et surtout l’impressionnante intro “For Whom the Bell Tolls” : en quelques écoutes, les morceaux du quatrième album de J. Cole claquent comme des évidences. Impossible de ne pas respecter ce rappeur qui, en dix ans, s’est forgé une réputation critique et publique solide. Impossible de ne pas voir dans ce nouvel essai, 4 Your Eyez Only, le sommet d’une carrière rap mâtinée de paroles inspirées et d’arrangements soignés allant chercher du côté du jazz et du R’n’B.

“My intuition is telling me there’ll be better days”, affirme-t-il dans “Change”, avant d’asséner : “But the only real change come from inside”. Jermaine Lamarr Cole, le rappeur discret qui n’affiche aucun feat. sur ses albums, a été consacré troisième meilleur démarrage de l’année aux États-Unis, avec près de 500 000 ventes en une semaine, derrière l’exubérance marketing de Drake et Beyoncé. Pas étonnant qu’on l’appelle “The Lyrical Genius”.

Justice – Woman 

Cela faisait cinq ans que les fans de Xavier et Gaspard attendaient des nouvelles de leur groupe fétiche. Ces porte-étendards de la French Touch 2.0 (et plus si affinités) ont signé leur grand retour cette année, avec un troisième album qui mêle tout ce qui fait la recette de Justice. Des lignes de basses prononcées et des violons symboliques de Cross aux guitares et aux voix d’un Audio, Video, Disco, on touche enfin du bout du doigt ce qu’est vraiment le son de Justice. On dira ce qu’on veut, mais bon Dieu, ça fait du bien !

Kanye West – The Life of Pablo

Un album en gestation permanente, une présentation ahurissante dans un petit local nommé Madison Square Garden, des morceaux qui comptent parfois une dizaine de producteurs : en 2016, Kanye West a été le chef d’orchestre d’une orgie musicale intitulée “The Life of Pablo”, s’amusant avec sa pochette d’album devenue un mème et la signification de son titre, dévoilant un jeu vidéo dédié à sa mère, évoquant ses dettes sur Twitter et allant au clash de bas niveau. Car Kanye West est Kanye West. Kanye West ne rentre dans aucune case et aucune case ne voudrait rationnellement de lui. Kanye West aime Kanye West autant qu’il déteste Kanye West, dans une espèce d’allégorie musicale où le cynisme fait une bonne partie du travail.

À lire -> Le malentendu Kanye West

Pour autant, lorsque l’on met de côté la personnalité du rappeur de Chicago, The Life of Pablo est un gros morceau dans la discographie de 2016. Il commence par le monstrueux “Ultralight Beam”, enchaîne avec Kid Cudi (“Father Stretch My Hands Part 1.”) et Desiiigner (“Part. 2) à qui il offre une marche médiatique à son “Panda”, tout en illustrant la popularité au sein d’un immense lit avec “Famous”. Rien que le premier quart de TLOP lui donne toute autorité à s’inscrire dans n’importe quel top de l’année. “Wolves”, “30 Hours”, “Real Friends”, “Fade” et le magnifique “Saint Pablo”, avec la voix de Sampha, viennent enfoncer un clou appelé Kanye West. Il démange, mais heureusement qu’il est là.

https://play.spotify.com/album/4xM1pUHZp9HsuKNxyOQDR0

Kaytranada – 99.9%

C’est peu dire qu’on l’a attendu, ce 99.9%. Depuis plusieurs années, le Canadien qui a su mêler avec brio la house, la dance et la trap nous nargue avec des remix et des morceaux de plus en plus aboutis, de plus en plus parfaits. Il aura fallu 2016 pour qu’il sorte un premier album et, chose suffisamment rare pour le noter, complètement à la hauteur de nos espérances. Sans parler de son casting parfait : de Craig David à Syd de The Internet, BadBadNotGood, Little Dragon ou encore Goldlink. Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ?

Kendrick Lamar – Untitled Unmastered

Album surprise sorti du fond des tiroirs de son studio et nouveau carton : inarrêtable et d’une main de maître, K-Dot continue de transformer tout ce qu’il touche en or et conforte sa place de meilleur rappeur de notre époque.

Kid Cudi Passion, Pain & Demon Slayin’

Hummmmm, huuuuhuuuhuuuhuummmmm. On a retrouvé le meilleur “humer” des temps modernes, à travers un album intense et exorcisant sur lequel le Cudder, revenu d’entre les morts, tue ses démons pour renaître de ses cendres.

Ces mêmes démons qui l’ont conduit en centre de désintoxication juste après l’enregistrement de Passion, Pain & Demon Slayin’, pour dépression et pensées suicidaires. Kid Cudi en est depuis sorti, avec, comme joli cadeau de fin d’année, 19 titres impeccables pour un sixième album fantastique.

Leon Vynehall – Rojus (Designed to Dance)

Artisan délicat de samples poussiéreux affuté d’un sens dévastateur du gimmick, Leon Vynehall distille depuis quelques années un son house organique, volontiers romantique et savamment référencé. Disque conçu en clin d’œil aux parades amoureuses des oiseaux tropicaux, semblables à celles des danseurs selon son auteur, Rojus frappe par la solidité de son groove, séduit par la finesse de ses arrangements et révèle sa nature profonde aussi bien en club que sur la stéréo du salon.

https://play.spotify.com/album/1Qzmv9hS3iDJf3tE3UdY6Q

M83 – Junk

De l’amour pour des envolées de saxo, un kitsch assumé, des refrains pop-plus-entêtants-tu-meurs et une approche toute en douceur vers la langue de Molière : en 2016, la France et une certaine enfance faite d’esthétiques et de références aux années 1980 ont particulièrement manqué au groupe d’Antibes, exilé depuis six ans à Los Angeles. En résulte, Junk, un savoureux melting-pot de chansons pop qui résonnent comme une envie de liberté. Et ça fonctionne.

Mac Miller – The Divine Feminine

On est complètement tombés sous le charme de The Divine Feminine, le somptueux album plein de love signé par un Mac Miller doux et retrouvé.

Mark Pritchard – Under the Sun

Autrefois moitié du duo downtempo Global Communication, voilà plus de vingt ans que l’Australien Mark Pritchard n’a de cesse d’élargir l’horizon des musiques électroniques au sein d’une discographie sinueuse qui va de la house à la juke, en passant par la grime et la drum & bass. Under the Sun est un disque surprenant à plusieurs égards, d’abord puisqu’il s’agit du premier album que Mark Pritchard choisit de signer de son propre nom, ensuite parce qu’il se propose d’évoluer totalement en dehors des musiques destinées à la danse. Tout en nappes vaporeuses et ambiances futuristes, Under the Sun est un disque ésotérique, semblable à une séquence d’un film de Terrence Malick. Évocations successives d’un éden perdu, de la force imperturbable du cosmos et de paysages en fusion sous la lumière divine (“Under the Sun”), vous adorerez vous perdre dans les profondeurs abyssales de ce disque puissant.

Moderat  III

Il y a bientôt un an, au début du mois de janvier, on apprenait le retour de Moderat. Avec III, le supergroupe allemand composé de Modeselektor et d’Apparat a soigneusement repris la direction des studios, promouvant une essence musicale composée selon ses membres “de sang, de sueur et de larmes”. Avec des titres comme “Ghostmother” ou “Animal Trails”, Moderat réussit à créer un pont entre une expérimentation électro acide et des virages pop qui ont fait sa popularité.

https://play.spotify.com/album/7BmMOUo8nrmYHB2EHBGkSt

Noname – Telefone

La petite protégée de Chance, The Rapper, que l’on suit depuis quelque temps maintenant, s’est laissée le temps de faire mûrir son projet, abandonnant le “Gypsy” de son nom et s’affranchissant de ses influences. Le résultat se dénomme Telefone et est épatant de maturité pour cette jeune rappeuse américaine qui privilégie le texte et un flow lent.

Pampa Records Compilation Vol. 1

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un album à proprement parler, la première compilation du label de DJ Köze devait être dans cette liste. Déjà, parce qu’il s’agit d’un des disques que l’on a le plus écoutés cette année. Mais surtout parce que le format de la chose permet un éclectisme plaisant, d’un Jamie xx en forme à un Acid Pauli somptueux de minimalisme et l’art de la ballade de Michel Cleis tout en douceur, en passant par des phases plus house ou plus techno. Parfait du début à la fin.

Paradis – Recto Verso

Cela fait pas mal de temps que les synthés et la voix de Simon nous enchantent. Plusieurs années, dirons-nous. La première claque a eu lieu avec un certain “Hémisphère”, qui nous a hantés de longues années durant, en attendant un premier long format. Les deux amis ont pris leur temps, et tant mieux puisqu’en ressort l’un des meilleurs albums de l’année (je sais qu’on ne fait pas de classement, mais il serait dans le top 5, voire le top 3, à coup sûr). Parfait de bout en bout, et Dieu sait que rares sont les albums de nos jours où rien n’est à jeter.

PNL – Dans la légende

On vous voit pester d’ici. Mais il n’empêche que, avec leur troisième album, Ademo et N.O.S ont fait mieux que J. Cole : triple disque de platine sans aucun featuring. Et ce n’est pas fini. Au-delà d’enfin plaire à Eva Mendes, les deux frères des Tarterêts sont devenus, entre spleen et idéal, les poètes de la rue et tout son peuple, conquis par un univers qui s’est exporté jusqu’aux quatre coins du monde via différents médias internationaux.

En 2016 et “jusqu’au dernier gramme”, PNL est entré dans la légende, avec le meilleur album de rap francophone de l’année aux côtés de Batterie faible de Damso et Cyborg de Nekfeu qui méritent aussi de figurer dans ce classement.

Radiohead – A Moon Shaped Pool

Plus qu’un album qui a marqué le retour du groupe britannique, A Moon Shaped Pool s’avère être l’héritage parfait de tout ce que Radiohead a fait de bon en musique depuis OK Computer (1997). Mention spéciale à la version studio de “True Love Waits”, que les fans ont attendue pendant des années.

https://play.spotify.com/album/6vuykQgDLUCiZ7YggIpLM9

Rihanna – Anti

Avec Anti, Rihanna dévoile une nouvelle facette de sa personnalité artistique, différente de celle à laquelle elle nous avait jusqu’ici habitués. Contrairement à ses albums précédents, perfusés à la pop music et autres tubes à la “Only Girl (in the World)”, ce disque nous plonge dans une atmosphère plus lente et planante, dénuée de beats surpuissants. Avec lui, Rihanna affirme un chant marqué par un léger accent barbadien, comme un retour aux origines, et des collaborations artistiques qui lui tenaient visiblement à cœur (“Same Ol’ Mistakes”). S’extirpant par là du carcan de l’industrie de la pop dans lequel elle a été plongée dès ses 17 ans.

ScHoolboy Q – Blank Face LP

Cette année, la valeur sûre de l’écurie TDE et son collectif Black Hippy a fait un retour fracassant avec son quatrième album studio. Dix-sept titres et de nombreux featurings bien choisis, pour un projet bien dense, purement gangsta rap dans les paroles et… tellement lourd. Le tout avec une base West Coast solide saupoudrée de quelques légères pincées de pop.

Solange – A Seat at the Table

Si la douceur devait être définie par un album en 2016, alors ce serait celui-ci. Acclamé par la critique, A Seat at The Table est une ode à l’amour, au respect d’autrui, mais aussi de soi-même. En plus de dénoncer les violences policières faites à la communauté afro-américaine, Solange Knowles appelle ici les femmes noires à s’accepter davantage, notamment avec le titre “Don’t Touch My Hair”, sur lequel on retrouve le prodigieux Sampha. Un disque qui réaffirme la valeur de l’identité afro-américaine, que la chanteuse avait déjà prônée en 2012 par le biais de son titre “Losing You”, produit par Blood Orange.

Skepta – Konnichiwa

Au royaume de la grime, Skepta est le roi, et Konnichiwa, son quatrième album, le sceptre qui lui a permis de s’emparer du trône. Acclamé en 2014 grâce à “That’s Not Me”, ce MC originaire de Tottenham, en Angleterre, est en effet devenu le chef de file de la grime, un genre musical – au croisement du hip-hop, du UK garage et du dancehall – qui connaît un succès sans précédent depuis deux ans.

Armé de son flow rapide, son énergie contagieuse et de titres puissants comme “Shutdown”, Skepta a su exporter la grime au-delà des eaux froides de la Manche, jusqu’à la Mecque du hip-hop, les États-Unis, où elle a notamment été adoptée par Drake. En février 2016, ce dernier intégrait d’ailleurs le label de Skepta, BBK (Boy Better Know). La boucle est bouclée.

Suuns – Hold/Still

Les quatre hurluberlus de Montréal ont confirmé leur position de leaders dans le rock avec un troisième album, Hold/Still, franchement plus sombre et minimaliste que d’habitude mais tellement, tellement beau. Rajoutant des sonorités électroniques entre deux sons cracras de guitare bien saturés qui offrent des envolées sublimes (notamment sur “UN-NO”), Suuns atteint un niveau jusque-là inégalé et impressionnant.

https://play.spotify.com/album/2KnkXRKacNfNhC65PCoCTm

The Weeknd Starboy

L’album de l’année ? Si l’on se focalise sur les sublimes clips, la production dantesque, les belles collaborations (Kendrick Lamar, Daft Punk, Lana Del Rey, Future), les hits sur hits (“Starboy”, “Party Monster”, “False Alarm”, “Reminder”, “Secrets”, “Sidewalks” – on repeat, “Six Feet Under”, “Attention”, “I Feel It Coming”) tout au long de l’album, en y ajoutant le niveau atteint par The Weeknd et sa voix Michael “Jacksonisée” ainsi que les records de streaming réalisés par Starboy, et enfin le fait qu’on ne se lasse toujours pas de le savourer : alors, oui.

Travis Scott – Birds in the Trap Sing McKnight

Si “Pick up the Phone” en est son gros single estival ambiancé par Young Thug, d’autres titres tels que “The Ends”, “Goosebumps”, “Through the Late Night”, “Wonderful”, respectivement sublimés par les collaborations de André 3000, Kendrick Lamar, Kid Cudi, The Weeknd, font de ce deuxième LP de l’artiste de Grand Hustle un projet solide. Ajoutez à ça une grosse équipe composée des meilleurs producteurs du moment, du grand Mike Dean à Cashmere Cat, et vous obtenez l’un des 50 meilleurs albums de l’année.

Mention spéciale au grand retour de Gucci Mane, sans qui les Travis Scott, Young Thug… n’auraient pas existé, et son bon album Everybody Looking dont l’aura plane sur ce classement.

Twin Peaks – Down In Heaven

À tout juste 20 ans, les rockeurs de Chicago en sont déjà à leur troisième album (sans compter les EP précédents). Aussi hyperactifs en studio que sur scène, les gars de Twin Peaks nous donnent une nouvelle raison d’aller les voir en concert, avec une succession de titres insolents qui nous abreuvent d’une liberté jouissive. La dose de rock 2016 garantie sans rides.

https://play.spotify.com/album/5FfhKbBs5wilm53muL9kT5

Whitney – Light Upon The Lake

Projet emmené par l’ancien batteur d’Unknown Mortal Orchestra et le guitariste des Smith Westerns, Whitney s’est fait connaître grâce au charmant single “No Woman”, qu’on ne saurait que trop vous recommander. Si l’influence d’Alex Chilton se fait ressentir tout au long de ce disque, Whitney touche par son chant haut perché, ses lignes de guitare d’orfèvre et de beaux arrangements de cuivres et de cordes. On pense à Big Star, à Crosby Stills & Nash ou encore à Television. Volontiers sudiste, dissimulant à peine ses influences country,  Light Upon The Lake est à bien des égards le grand d’album d’indie pop que nous, grands sensibles, attendions tous.

Weyes Blood – Front Row Seat to Earth

Bien connue des cercles de la musique noise américaine, l’Américaine Natalie Mering, aka Weyes Blood, se réinvente avec un disque somptueux, quelque part entre la grâce fantomatique des disques de Broadcast et la solennité du folk West Coast des années 1970. Classique dans sa forme de disque d’auteur-interprète, Front Row Seat To Earth charme par son psychédélisme tout en retenue, la beauté froide de ses arrangements – signés Chris Cohen – et la modernité des thèmes abordés (“Generation Why”). Preuve qu’on peut aimer se déguiser en sirène cheap aux côtés d’hommes bedonnants tout en accouchant de l’un des disques les plus classes de l’année.

Yann Tiersen – Eusa

Sorti en fin d’année, nous avons failli passer à côté du nouvel album de Yann Tiersen. L’erreur ! Sans prévenir, le compositeur a balancé tout doucement ce bijou, que de piano constitué, à la patte bien marquée par celui qui s’est fait connaître du grand public avec la musique du film Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, sorti 15 ans plus tôt. Dix-huit morceaux durant, le Breton nous embarque dans une balade magnifique et immanquable.

YG – Still Brazy

Un missile tout droit venu de Compton qui ne trahit pas ses terres et dont Tupac serait fier : YG s’est mué en fer de lance et porte-parole de la Californie avec un album qui sent bon la West Coast et qui pue la G-funk. Un LP de vrai gangster, à la musicalité entraînante et aux titres forts comme “Twist My Fingaz”, “Fuck Donald Trump” feat. Nipsey Hussle, “Bool, Balm & Bollective”, “Why You Always Hatin” feat. Drake, “I Got A Question”, “Word Is Bond”, “Who Shot Me”… pfiouuu : bingo pour YG.

Yussef Kamaal – Black Focus

À la croisée entre les productions jazz fusion des quatre gus de BadBadNotGood et la géniale musique torturée du grand Floating Points, le nouveau projet de Henry Wu nous est tombé dessus sans prévenir et nous a complètement retournés.

Article rédigé par Naomi Clément, Adrien Colle, Arthur Cios, Juliette Geenens, Louis Lepron et Rachid Majdoub.