Entre jeunes loups et dieux du metal, la prog du Hellfest 2016 à la loupe

Entre jeunes loups et dieux du metal, la prog du Hellfest 2016 à la loupe

photo de profil

Par Théo Chapuis

Publié le

Les grands classiques

Avec Rammstein en tête d’affiche, le Hellfest ne peut pas se planter : la machine de guerre teutone a prouvé maintes fois qu’elle est l’une des sensations live les plus mémorables des 20 dernières années, réussissant le coup de maître de vendre des millions d’albums à travers la planète, en jouant un metal industriel impitoyable chanté dans la douce langue de Jean-Sébastien Bach – et sans jamais avoir succombé à la moindre reprise de “99 Luftballons” pour y parvenir.
De leur côté, Black Sabbath ne pouvaient pas décemment jouer une tournée d’adieu sans venir croquer une chauve-souris ou deux sur la scène de Clisson. Formés en 1969, les paternels du metal pourront prendre une retraite bien méritée après avoir entraîné dans leur sillage infernal tant d’Enfants de la tombe. Nos respects, messieurs.

Tout chauvins qu’on est, on ne boude pas notre plaisir avec le retour en Loire-Atlantique de Gojira, unique groupe français d’une telle envergure. Avec près de 15 ans d’activité, le quatuor le plus demandé de l’Hexagone délivrera son death metal conscient avec le talent et la maturité qu’on lui connaît (et qui fait mouche à chaque fois). Et même si les anciens titres ont notre préférence, on sait d’avance que le show l’emportera sur le reste.

À voir aussi sur Konbini

Les piliers

Megadeth, Slayer, Anthrax… Comme souvent, il ne manquera que Metallica au “Big Four”, mais peu importe : cet éternel adolescent plein de bière qu’on appelle le thrash metal rameute toujours autant de fans de riffs véloces et de rythmiques frénétiques.

Mais pas aussi frénétique que Napalm Death, dont la légende raconte qu’il est l’inventeur du fameux motif de batterie blastbeat (visible , à partir de 7 secondes). Sur scène, la bande menée par Barney Greenway montrera qu’elle en a encore sous le capot, un peu comme, dans un autre genre, les vikings d’Amon Amarth ou d’Enslaved, les noirs metalleux de Marduk, de Kampfar ou de Taake… et surtout l’invincible Abbath, ce grand épouvantail du black metal qui se lance en solo après quelques discordes avec son groupe Immortal.

Plus loin, Converge, Discharge et Sick Of It All viendront disputer la couronne de meilleur groupe de hardcore du festival à Refused. Pendant ce temps-là, la tente Valley vibrera dangereusement sous les riffs groovy des Melvins, de Down avec l’indécrottable Phil Anselmo au chant, Hermano, Fu Manchu et l’irrésistible Goatsnake.
Restera Earth, le groupe le plus peace du festival, pour apaiser les esprits de son drone délicieux duquel affleurent d’exquises fragrances de patchouli. Du moins c’est ce qui se raconte.

Le cvlte est vivant

Le metal, c’est une affaire de passion. Eh oui, même s’ils n’ont pas succombé aux sirènes de la gloire, certains groupes auront le respect d’une meute de fans pour l’éternité.
Et c’est le cas de King Diamond, car il y aura des milliers de vestes à patches pour hurler les refrains de l’album Abigail, enregistré en 1987, que le chanteur danois viendra jouer en intégralité. Sans doute un peu plus que celles qui iront s’abandonner sous le doom gothique de Paradise Lost, venu dérouler le classique de 1994, Draconian Times.
Question culte, signalons aussi la venue de Discharge, formation hardcore séminale qui a non seulement pavé la route du genre, mais aussi du metal extrême dans son immense globalité avec l’album Hear Nothing See Nothing Say Nothing. A des lieues de la vitesse de Discharge, d’autres Britanniques hanteront les planches du Hellfest pour le bonheur des fans : With The Dead, formation aux allures de all-star band avec le chanteur de Cathedral, Lee Dorrian, au micro, et deux ex-Electric Wizard en guise de section rythmique. De quoi nous donner envie de partager la vie avec les morts.
Sous les tentes black et death metal, les amateurs de sensations fortes (même pour le genre) auront le droit à une performance des iconoclastes d’Archgoat pendant que ceux à l’estomac le plus accroché serreront leurs sphincters sous l’avalanche de violence prodiguée par le grind de Terrorizer et Agoraphobic Nosebleed – l’un des meilleurs noms de groupes du monde, soit dit en passant.

Le sang frais