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La folle histoire d’Eddie, le zombie mascotte d’Iron Maiden devenu culte

La folle histoire d’Eddie, le zombie mascotte d’Iron Maiden devenu culte

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Par Samuel Delwasse

Publié le

Ancré dans l’histoire du groupe depuis 40 ans, Eddie s’est attiré bien plus que l’intérêt de Margaret Thatcher.

Les Rolling Stones ont leur langue bien pendue en logo, Iron Maiden a Eddie, sa mascotte. “Eddie, ça fait partie intégrante du groupe, c’est un coup marketing absolument génial, peu de groupes arrivent à être associés à un univers graphique et là oui, c’est ce qui explique en partie leur longévité, c’est un des rares groupes de metal que le grand public peut citer”, décortique pour l’AFP Ben Barbaud, patron du Hellfest, festival français de metal à l’aura internationale.

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Eddie apparaît sur la pochette dès le premier album du groupe en 1980 et fait rapidement les gros titres de la presse anglaise sur fond de scandale. Pour le single “Sanctuary”, on voit en effet Eddie, couteau en main, au-dessus du corps gisant de Margaret Thatcher, Première ministre britannique de l’époque. Les tabloïds s’en donnent à cœur joie avec la “Dame de fer” (surnom de Thatcher) contre la “Vierge de fer” (traduction d’Iron Maiden).

Iron Maiden a de la suite dans les idées : pour le single suivant, “Women in Uniform” quelques mois plus tard, Thatcher, mitraillette à la main, attend pour se venger à un coin de rue Eddie, toujours aussi décharné mais enlaçant deux groupies.

Un personnage initialement créé pour un album punk

Derek Riggs, illustrateur anglais historique des pochettes du groupe britannique, explique dans ses premières interviews qu’à une époque sans Internet, il avait “appelé le service de presse de Margaret Thatcher” pour obtenir un portrait d’elle, sans révéler bien sûr le but de sa démarche.

Mais d’où vient ce personnage à tête de mort ? Hirsute à ses débuts, crâne trépané ensuite, plus ou moins recouvert de peau, il est apparu au fil des pochettes en fantassin britannique, en pharaon ou dans une cellule capitonnée. Riggs, dans de vieux passages télé à l’image granuleuse, explique que c’était au départ “une idée pour un album de punk” qui n’a pas vu le jour et qu’il s’était inspiré “d’une photo d’une tête de mort sur un tank vietnamien”.

Riggs est contacté à l’époque par le management du groupe, qui a vu des affiches de l’illustrateur et cherche une identité visuelle forte pour Iron Maiden. L’histoire est lancée et dure depuis 17 albums, 100 millions de disques vendus et 2 000 concerts dans 63 pays.

“Une imagerie appréciée par les puristes”

“Pour l’anecdote, j’ai découvert leurs pochettes quand j’avais 7-8 ans, se souvient Ben Barbaud. J’étais en camping à Collioure, au sud de Perpignan, un ami plus âgé, grand fan acharné, m’a fait écouter le truc, je n’étais pas dedans, mais j’étais extrêmement interloqué par toutes les pochettes.”

En 2014, le Hellfest a accueilli Iron Maiden, escorté par de beaux visuels signés d’un dessinateur français, Hervé Monjeaud. Car le groupe a confié au fil des années sa créature à de multiples plumes. Pour le dernier album, Senjutsu (qui paraît ce vendredi), Eddie apparaît en samouraï, casqué et sabre à la main, dessiné par l’Anglais Mark Wilkinson. Eddie est même la vedette du clip animé “The Writing on the Wall”, dédié à ce zombie emblématique aux mille vies, entre jeu vidéo et BD.

“Toute l’imagerie, c’est la même depuis les années 1980 et c’est apprécié par les puristes, ils n’ont pas dévié un seul instant, ça crée un grand sentiment d’appartenance chez les fans”, complète Ben Barbaud.

Sur scène, Eddie est toujours présent dans le décor, et un pantin à son effigie vient parfois se battre avec le leader du groupe, Bruce Dickinson. Son visage orne même l’avion du groupe. Mais l’attrait pour cette goule metal dépasse le seul cercle des fans, puisqu’Eddie a aussi trouvé son prolongement dans des jeux vidéo ou des BD. Et même des maquettes d’avion, en référence à une pochette où il pilotait un Spitfire, avion de la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale.

Konbini avec AFP