Konbini Book Club : 5 livres à dévorer si tu écoutes le dernier Orelsan en boucle

Konbini Book Club : 5 livres à dévorer si tu écoutes le dernier Orelsan en boucle

photo de profil

Par Leonard Desbrieres

Publié le

Dès l’annonce fracassante de son retour, avec la publication du clip Basique, on sentait qu’Orelsan préparait un gros coup. Avec la sortie de son nouvel album, La Fête est finie, on en est maintenant sûr. Pour ceux qui l’écoutent en boucle, le Konbini Book Club a décidé de prolonger le plaisir et vous propose cinq livres à dévorer d’urgence au son des tubes du rappeur du Caen.

À voir aussi sur Konbini

Si tu kiffes la chanson “Bonne Meuf”

Contexte de la chanson : On se souvient tous des débuts houleux d’Orelsan au mic. Avec des chansons comme Sale Pute et St Valentin, il crée d’entrée la polémique. Ses textes provocants et misogynes suscitent l’indignation des collectifs féministes au premier rang desquels Ni putes ni soumises, et certaines phrases bien trash comme “Ferme ta gueule ou tu vas te faire marie-trintigner” ou “J’te quitterai dès qu’j’trouve une chienne avec un meilleur pedigree” lui valent une action en justice pour incitation à la violence envers les femmes avant d’être relaxé en appel en 2016.
Alors bien sûr, on le soupçonne d’avoir joué la carte de la provocation pour faire le buzz, mais quoi qu’il en soit, Orelsan semble aujourd’hui avoir bien changé. Son mea culpa, il l’a déjà fait à sa manière, toujours avec cynisme et une bonne dose de provocation. Cette chanson en est une nouvelle preuve puisqu’il prend le parti risqué de l’autodérision trash pour clamer ses erreurs du passé et attaquer une société qui érige en valeur ultime “la bonne meuf”.

“J’avais pas l’niveau pour les bonnes meufs
J’ai jamais su plaire aux bonnes meufs
Alors j’détestais les bonnes meufs
J’ai même insulté les bonnes meufs
Dans des chansons sur les bonnes meufs
Qui m’ont rendu connu comme plein d’bonnes meufs”

Tu liras : Vernon Subutex et tout Virginie Despentes

Si tu kiffes la chanson “Défaite de famille”

Contexte de la chanson : “Défaite de famille”, c’est de loin la chanson la plus drôle du nouvel album. Orelsan s’est trouvé un nouveau terrain de jeu fertile où laisser exploser son imagination. Un peu à la manière d’un comique de stand-up, il se lance avec une cruauté parfaite dans la description d’une réunion de famille grotesque. Tout le monde en prend pour son grade et il tombe à chaque fois juste (pas de mensonges entre nous, vous y reconnaîtrez forcément au moins l’un des membres de votre propre famille). Une vraie critique du mirage de l’institution familiale et une galerie de personnages bien barrés. Ça doit être sympa les fêtes de fin d’année du côté de Caen.

“Pardon, mais j’ai passé l’après-midi à gonfler des ballons
Dans une ambiance d’installation militaire imposée par le daron
Pendant qu’mon beau-frère récitait des clichés politiques avec passion
Me regardait porter des cartons
En tripotant ma frangine toutes les trois secondes
Y a pile le nombre de gobelets par personne
Faut écrire vos noms
Parce que tata est l’genre de crevarde qui lave les assiettes en carton”

Tu liras : Mon combat, de Karl Ove Knausgaard

Si tu kiffes la chanson “San”

Contexte de la chanson : C’est la chanson qui ouvre l’album mais c’est surtout celle qui exprime le mieux le profond changement dans l’état d’esprit d’Orelsan. La Fête est finie apparaît comme un examen de conscience et la chanson San est la confession poignante d’un homme qui ne veut pas vieillir mais qui se rend compte de l’évolution de sa vie et de ses erreurs passées. Un spleen étonnant qui révèle l’une des facettes les plus riches du rappeur. Ajoutez à tout cela un sens de l’autodérision bluffant et une maîtrise hors pair du sarcasme et vous comprenez l’attachement du public à cet ovni musical.

“Je suis dans le premier Mario
À chaque fois je crois que j’ai fini le jeu
Ça repart à zéro
En plus rapide, en plus dur
je devais être plus mûr, j’ai dû me tromper de futur
j’aimerais retrouver la magie du début
rien ne fonctionne quand le cœur n’y est plus
ça fait mal à la fierté, j’ai du mal à l’admettre
mais j’ai jamais été aussi perdu “

Tu liras : Tous ces chemins que nous n’avons pas pris, de William Boyd

Si tu kiffes la chanson “Christophe” (feat. Maître Gims)

Contexte de la chanson : De loin la chanson la plus étrange de l’album, “Christophe” est un délire qui donne la bougeotte. Orelsan et son poto Maître Gims s’éclatent à crier haut et fort leur plaisir d’appartenir à une nouvelle génération qui s’amuse à déstabiliser les habitudes des vieux pantouflards. Un tacle glissé aux réacs racistes mais aussi aux chanteurs de variété, jeunes ou vieux, qui ronronnent avec des tubes niais et sans relief. Une attaque drôle et gratuite qui nous régale dès la première écoute. Une preuve s’il en fallait qu’Orelsan aime vous détruire avec le sourire, un vrai rap de troll.

“J’aurais pu sauver la vieille France, aider la patrie d’mon enfance
Donner aux racistes de l’espoir, mais j’fais d’la musique de Noir”

Tu liras : Les Peaux rouges, d’Emmanuel Brault

“Ce matin, je sors, plutôt pressé, et j’ai pas fait trente mètres, que paf… une rouge avec sa marmaille me rentre dedans au coin de la rue. Elle se casse la figure et me gueule dessus. Elle me dit que je l’ai fait exprès, que c’est une agression. En temps normal, on se serait excusés, j’aurais fait mon sourire de faux cul et tout serait rentré dans l’ordre. Mais non, je trouve rien de mieux que de lui cracher : ‘fais pas chier sale rougeaude’.”

Si tu kiffes la chanson “La Pluie” (feat. Stromae)

Contexte de la chanson : “La Pluie” est musicalement parlant l’une des chansons les plus abouties de l’album, peut-être en partie parce qu’elle bénéficie de la voix envoûtante de Stromae. Mais c’est aussi parce que le message d’Orelsan frappe fort. Il s’attaque de front, avec l’humour noir qu’on lui connaît, au déterminisme social qui existe entre la campagne et la ville, entre la banlieue et les quartiers chics, entre Paris et la province. Se moquer des clichés pour mieux les dénoncer et ébranler les certitudes des différentes classes sociales, on est dans du Orelsan pur jus et on se régale.

“J’viens d’la France où on danse la chenille
Où on prend plus de caisses que des crash tests dummies
J’ai des potes diplômés, d’autres qu’ont pas lu deux livres
Qui sont sûrement sur un muret, dans les rues du centre-ville
Mon père a gravi l’échelle pour devenir c’qu’il voulait être
Ma mère est la ménagère à qui les publicitaires veulent la mettre”

Tu liras : Demain c’est loin, de Jacky Schwartzmann

Bonus nippon : Six-quatre, de Hidéo Yokoyama