Kendrick Lamar rappelle à tous que le “N-word” ne doit pas être utilisé à la légère

Kendrick Lamar rappelle à tous que le “N-word” ne doit pas être utilisé à la légère

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Par Jérémie Léger

Publié le

Kendrick Lamar a invité une fan blanche à chanter avec lui sur scène. Tout se passait bien jusqu’à ce qu’elle prononce dans son élan, le “N-word”.

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C’est sans doute le mot le plus controversé du dictionnaire américain (si tenter qu’il y figure) : “ni**a”, plus communément appelé le N-word (le mot en N). Si Kanye West a dérapé en affirmant que l’esclavage était un choix, Kendrick Lamar a lui affirmé haut et fort que les Blancs n’avaient pas le droit d’utiliser ce terme insultant pour les Afro-Américains, même à des fins artistiques.

La flamme de la controverse a ainsi été ravivée alors que le rappeur de Compton, détenteur de douze Grammy Awards et du Prix Pulitzer cette année, donnait un concert dans le cadre du Hangout Festival dans l’Alabama. C’est ainsi qu’il a invité une fan blanche prénommée Delaney à venir l’accompagner sur scène. Sa tâche ? Interpréter avec lui son morceau “m.A.A.d city”. Or, si vous êtes connaisseur du deuxième album de Kendrick Lamar, vous n’êtes pas sans savoir que le “N-word” revient de nombreuses fois. Évidemment, ça n’a pas raté.

Mettant du cœur à l’ouvrage, la jeune femme croit bien faire et entonne avec ferveur les lyrics du rappeur. Seulement voilà, dans sa fougue, elle scande haut et fort le mot défendu. La colère du public ne tardera pas. L’acte est d’autant plus maladroit que la scène s’est déroulée dans un État du Sud des États-Unis où la mémoire de l’esclavage et de la lutte des Noirs pour l’égalité des droits est omniprésente.

Après quoi, Kendrick décide de l’interrompre : “Attends, attends, attends ! Il faut que tu censures un mot. Le public gronde également, et visiblement gênée, la jeune femme s’excuse : “Est-ce que j’ai fait ça ? Je suis désolée, […] je suis tellement désolée”, dit-elle avant de quitter la scène.

Un acte volontaire de Kendrick ?

Une question se pose alors : Kendrick avait-il prévu le coup ou s’est-il tout bêtement fait dépasser par les événements ? Eh bien les avis divergent, dans un contexte très tendu sur les questions raciales aux États-Unis.

Mais en prenant du recul, difficile de croire que Kung Fu Kenny soit capable d’une telle négligence. En effet, Kendrick savait sûrement très bien ce qu’il faisait. Il savait que son morceau comprenait plusieurs fois ce terme épineux et qu’en invitant une jeune fille blanche à le chanter, le problème se poserait. Il est donc possible que Kendrick ait orchestré cette polémique dans une visée pédagogique. Autrement dit, mettre le public devant le fait accompli, histoire de lui offrir une piqûre de rappel.

Cette piqûre, la voici : le mot “ni**er”, hérité de la période esclavagiste, est couramment utilisé par les Noirs dans l’argot urbain, particulièrement par les rappeurs, mais il est perçu comme la pire insulte raciale lorsqu’il est utilisé par des Blancs. À l’heure où le rap se démocratise toujours plus, Kendrick a sans doute voulu sensibiliser les esprits sur ce sujet. Un des symboles d’une plaie marquée de plus de 400 ans d’Histoire, et qui ne se fermera probablement jamais.