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On a papoté avec Johan Papaconstantino, le nouvel ovni de la scène française

On a papoté avec Johan Papaconstantino, le nouvel ovni de la scène française

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@Jehane Mahmoud

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Par Guillaume Narduzzi

Publié le

À l'occasion du festival We Love Green, on a rencontré l'une des plus belles révélations tricolores de cette cuvée 2019.

Lors de l’été 2017, Johan Papaconstantino mettait en ligne son premier morceau en solo sur YouTube. Quelques titres sortis au compte-gouttes plus tard, accompagnés de clips léchés qui fourmillent de bonnes idées, l’artiste de 26 ans a dévoilé un premier projet longuement mûri le 1er mars dernier. Un EP de neuf morceaux, dans lequel la jeune pépite marseillaise expose tout son univers et son spectre musical empli d’influences éclectiques. Chanson traditionnelle grecque – liée à ses origines, chanson française, rap américain et électro s’entremêlent pour obtenir un genre hybride certes, mais très harmonieux, saupoudré d’Auto-Tune. En résulte Contre-Temps, un premier disque ambitieux et particulièrement abouti.

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Avec Johan Papaconstantino, tout est une question d’équilibre. En témoigne son dernier titre, une reprise délicate du morceau culte “Les Mots Bleus” de Christophe – autre grand adepte de l’Auto-Tune – avec un remix délicieux de la prod’ d’origine (que l’on devait à un certain Jean-Michel Jarre) qui fleure bon la Méditerranée. D’autant plus que le meilleur reste à venir, à en juger par l’artiste lui-même. À l’occasion de sa présence lors de la dernière édition du festival parisien We Love Green, nous sommes allés à la rencontre de ce nouvel ovni de la scène française.

Konbini | Hello Johan ! Comment tu te présenterais en quelques mots pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Johan Papaconstantino | Salut, moi c’est Johan. J’ai commencé mon projet solo il y a deux ans maintenant. Je viens de Marseille. Je vis à Paris depuis quatre ans, et je fais de la peinture ainsi que de la musique.

Tu as hésité entre musique et peinture ?

Non, je n’ai pas hésité dans le sens où j’ai toujours eu envie de faire les deux. Je fais tout ce que je peux pour m’organiser et pouvoir y arriver. C’était important pour moi de ne pas abandonner une chose pour une autre.

Et tu arrives à concilier ces deux activités ?

Pour l’instant, à mon stade, j’y arrive. Pour la suite, je ferai en sorte d’y arriver. Pour cela, il faut aussi remettre des notions de temps en questions sur certaines choses. Ces deux activités sont particulièrement chronophages. Il faut bien y réfléchir pour pouvoir les faire correctement.

Qu’est-ce qui t’a convaincu de te lancer en solo dans la musique ?

J’ai commencé à faire des concerts avec un groupe de potes qui s’appelait La Tendre émeute. J’ai aussi joué dans quelques groupes, rapidement, en tant que batteur. Mais j’avais envie de faire des choses plus personnelles. J’ai débuté en faisant de la prod’ de mon côté. Petit à petit, j’ai commencé à chanter dessus pour compléter tout ça.

En fait, je ne me considère pas comme un chanteur. Ce qui m’intéresse surtout c’est de créer un tout, pas uniquement de poser ma voix comme un interprète. C’est juste que j’adore la mélodie, et quand je chante, j’imagine une mélodie jouée sur un instrument. C’est vraiment comme ça que je compose. C’est aussi parce que la voix est l’instrument qui me touche le plus en général dans la musique. Je considère que c’est un instrument à part entière, très puissant, et j’avais envie d’exploiter ça au maximum. 

Dans ton EP Contre-jour, tu mélanges de multiples influences (musique traditionnelle grecque, hip-hop, chanson française, pop-électro). Quel a été le cheminement pour arriver à une telle association ?

J’ai essayé de prendre les choses que j’aime dans différents styles de musiques. De les mettre ensemble, de les arranger pour faire en sorte que ce soit harmonieux. Toute la difficulté, c’est de trouver l’équilibre entre chaque élément pour ne pas tomber dans un cliché, ni dans l’autre, et éviter de faire une hybridation foireuse. C’est le vrai risque. Tout est une histoire de bon dosage. L’équilibre, c’est quelque chose que je recherche de manière générale.

J’ai l’impression que ton utilisation de l’Auto-Tune est de plus en plus “juste” au fil des mois.

Sur le premier morceau que j’ai fait, “Pourquoi tu cries ??”, j’ai un peu abusé de l’Auto-Tune, j’y suis allé bien fort [rires]. C’est quand tu te dépucelles de l’Auto-Tune, tu kiffes et direct tu le mets à fond. Maintenant j’essaie de mieux gérer ça. C’est devenu tellement commun, ancré dans le paysage, que le côté surprenant n’est plus trop d’actualité. Ce sont davantage les voix “pures” qui surprennent dorénavant. J’essaie petit à petit d’apprendre à chanter [rires].

Je dis ça en blaguant mais il y a une part de vérité là-dedans. J’essaie d’en mettre mais c’est plutôt le côté George Clinton [du groupe Parliament Funkadelic, ndlr], vocodeur, que je kiffais à la base. Mais j’aime beaucoup l’Auto-Tune aussi. J’essaie d’en jouer, sans que ce soit la pièce centrale de mon œuvre. C’est clairement une texture que j’affectionne.

C’est aussi un moyen de progresser en termes de chant.

C’est vrai que ça peut être une béquille même si ça fait chier de le dire. J’essaie de me faire un peu violence et j’assume. Comme aujourd’hui le rap utilise beaucoup d’Auto-Tune, ça m’intéressait également de faire un pont avec ça. Mais je ne pense pas que ma musique ne se limite qu’à ça.

Je crois savoir que tu es pas mal fan de rap.

Ouais c’est ce que j’ai le plus écouté. Aujourd’hui encore. J’ai saigné l’album de Travis Scott l’année dernière par exemple [ASTROWORLD, ndlr], Booba, les prod’ de Metro Boomin… Il y en a tellement. Il y a plein de choses que j’aime dans le rap. Je considère ça comme de la musique club, tu vois. Cette puissance de feu dans la sonorité m’intéresse énormément.

Ton EP est très musical. Comment fais-tu pour retranscrire cette ambiance sur scène ?

Sur scène, j’essaie de garder l’essence électronique du projet. Là, on est trois sur scène avec un clavier et une percussionniste. Mais il y a un côté un peu plus symphonique, avec un peu plus de profondeur. On épaissit davantage les sons et l’atmosphère, c’est quelque chose qu’on essaie de creuser. Je pense que ça parle aux gens, du moins à des gens en tout cas. J’aime bien l’idée que la musique puisse réunir, surtout des gens de tout genre et tout horizon. J’aime ce truc universel, quand il y a une unité qui se crée. Après, ça reste à mon échelle, mais je suis sensible à cette démarche-là.

Ta présence à We Love Green est un motif de satisfaction ?

J’essaie de voir plus loin, dans le sens où je suis concentré dans les œuvres avant tout. Je préfère ne pas être dans l’auto-satisfaction, même si ça me fait plaisir de pouvoir jouer devant plein de gens. Quand le public connaît ma musique, qu’il chante mes paroles, c’est un immense kiff, ça change tout. Ça me fait plaisir, évidemment. Mais j’essaie vraiment de rester focus sur la musique. J’ai des choses en tête que j’aimerais réaliser, je suis un peu obsédé par ça. La reconnaissance me fait beaucoup de bien dans ce sens, ça me réconforte. Mais je suis dans ma bulle, je réfléchis aux prod’ et aux prochains sons que je peux faire.

Tu penses avoir atteint une forme de maturité artistique ?

Je pense être encore en phase de développement. De toute façon, il faut toujours être en phase de développement. Quand t’arrêtes de l’être, c’est fini. Quand tu n’as plus d’idée, c’est le moment d’arrêter, il ne faut pas se forcer. Je ne vais pas écrire pour écrire si je ne trouve pas de bonnes paroles par exemple. 

Tu travailles déjà sur un prochain projet ?

Oui, je travaille sur un album actuellement. Il est en cours, il y a déjà pas mal de matière mais c’est encore loin d’être fini, ça se peaufine doucement. Ce sera sûrement pour l’année prochaine.

Johan Papaconstantino sera en tournée tout l’été :

21/06/2019 – Fête de la Musique – Blois 
23/06/2019 – Minuit Avant la Nuit – Amiens 
30/06/2019 – Cabourg Mon Amour – Cabourg 
05/07/2019 – Fnac Live – Paris 
10/07/2019 – Days Off – Paris 
01/08/2019 – Mucem – Marseille 
30/08/2019 – Woodstower – Lyon