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AlunaGeorge : “C’est difficile d’écrire sur sa propre vie”

AlunaGeorge : “C’est difficile d’écrire sur sa propre vie”

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Par Naomi Clément

Publié le

Trois ans après son premier album Body Music, AlunaGeorge de retour avec I Remember. Un disque plus éclectique, engagé et personnel, que nous avons décrypté avec Aluna Francis, la chanteuse du duo anglais.

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Beaucoup de choses se sont passées depuis la sortie de Body Music en 2013. À l’époque, Aluna Francis et George Reid incarnaient les petits chouchous d’une scène électro anglaise en pleine effervescence. Et pour cause : en distillant une dance réjouissante et groovy, portée par les productions aériennes de George et la voix si particulière d’Aluna, le duo a participé au renouveau de l’électro UK, au même titre que Disclosure ou Jamie xx, qui ont eux aussi émergé au début des années 2010.

Ce premier album signifiait qu’on existait en tant que groupe, et qu’on suivait notre voie, analyse Aluna Francis. C’est-à-dire qu’on allait se développer comme groupe, et qu’on allait s’assurer que tous ceux qui avaient cru en nous en tant qu’artistes allaient avoir de nouvelles choses à écouter, qu’ils allaient sentir qu’on était devenus de ‘vrais’ artistes.

Depuis, le groupe a enchaîné les festivals à travers le monde, cumulé des millions de vues sur YouTube et collaboré avec de nombreux artistes (musiciens mais aussi designers). À présent, les deux comparses s’apprêtent à offrir I Remember. Un second album qui nous rappelle que l’époque des débuts est désormais bien lointaine.

L’ombre et la lumière

Lors de notre rencontre en avril dernier, contrairement à celle de 2013, Aluna se présente seule. L’absence de George Reid aurait pu paraître anodine, mais voilà : depuis deux ans, le producteur a peu à peu disparu dans l’obscurité, laissant son alliée prendre toute la lumière en assurant (seule) les journées promo ou en s’affichant (seule) dans les campagnes d’Alexander Wang.

On en viendrait presque à croire que le duo, qui avait l’habitude de réaliser ses clips et autres interviews main dans la main, n’est plus qu’une seule et unique personne – comme l’illustre d’ailleurs parfaitement la photo ci-dessous, ou mieux encore, le compte Instagram du groupe.

Rap et dancehall s’invitent dans la danse

Mais il y a surtout la musique. Avec I Remember, la palette sonique d’Aluna Francis et George Reid s’ouvre à de nouveaux horizons. Autrefois tiraillée entre électro, R’n’B et pop, leur musique intègre désormais des éléments rap (comme sur “Full Swing”, en collaboration avec le rappeur Pell) et même dancehall avec “I’m in Control”, un morceau sur lequel résonne la voix du chanteur jamaïcain Popcaan.

On trouvait que sa voix et son style de musique ressemblaient un peu à ce qu’on faisait, nous explique Aluna Francis. Il est aussi très indépendant et fait les choses différemment, ce qui nous a plu. On voulait travailler avec un artiste reggae indépendant.”

Popcaan n’est pas le seul à avoir pris part à la création de cet opus, puisqu’on retrouve également les musiciens Zhu et Leikeli47, ainsi que les auteurs John Hill (qui a écrit pour Santigold et Charli XCX), Rick Nowels (Madonna, Lykki Li) et Rock Mafia (Selena Gomez, Miley Cyrus). “Avec George, on s’est dit qu’on avait énormément de bons amis dans le milieu de la musique, mais qu’on ne partageait jamais notre travail avec eux, raconte la chanteuse. Cet album était l’occasion de nouvelles collaborations.”

“Beaucoup de morceaux issus de cet album viennent de ma propre expérience”

Il y a le contenu, enfin. Le message. Pour ce disque, Aluna Francis, qui écrit les paroles, s’attaque pour la première fois à des sujets plus politiques comme le racisme, le sexisme ou le féminisme. “Pratiquement tous mes textes parlent de mon désir d’avoir une véritable assurance en tant que femme, et de l’appliquer dans ma vie de tous les jours, plutôt que de l’ériger seulement en concept”, affirme-t-elle.

Plus que jamais, la jeune femme est allée puiser l’inspiration au fond d’elle-même, comme en témoigne le titre “Mean What I Mean”, qui relate une expérience très personnelle, lorsqu’un homme l’a abordée dans la rue de façon trop insistante (malgré le fait qu’elle lui ait dit “no”). À ce sujet, l’artiste précise :

“Avant, j’étais plutôt inspirée par les histoires des autres. C’est plus facile d’avoir du recul sur la vie de quelqu’un d’autre. Mais beaucoup de morceaux issus de cet album viennent de ma propre expérience. C’est difficile d’écrire sur sa propre vie.”

Difficile certes, mais pas insurmontable. Avec I Remember, AlunaGeorge offre ainsi un disque plus audacieux, plus engagé, plus intime aussi. Tout en conservant l’ADN musical qui a fait son succès il y a (déjà) quatre ans, le duo a réussi à se renouveler et à capturer de nouveaux univers artistiques. L’époque des débuts nous paraît bien lointaine, mais la promesse du groupe, celle d’être de “vrais artistes”, est on ne peut plus tenue.

Tracklist de l’album I Remember d’AlunaGeorge, disponible le vendredi 16 septembre :

  1. Full Swing (feat. Pell)
  2. My Blood (feat. Zhu)
  3. Not Above Love
  4. Hold Your Head Right
  5. Mean What I Mean (feat. Leikeli47 et Dreezy)
  6. Jealous
  7. I’m in Control (feat. Popcaan)
  8. I Remember
  9. In My Head
  10. Mediator
  11. Heartbreak Horizon
  12. Wanderlust