Il y a 15 ans, Booba devenait le Duc incontesté avec un album phare : Ouest Side

Il y a 15 ans, Booba devenait le Duc incontesté avec un album phare : Ouest Side

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Par Joséphine de Rubercy

Publié le

Ce troisième album du Duc a marqué les esprits et changé le cours de sa carrière à tout jamais.

Pour certains, c’est tout simplement le meilleur album de Booba. Pour beaucoup, c’est aussi l’un des meilleurs du rap français. Le 12 février 2006, le Duc de Boulogne sortait son troisième album solo, Ouest Side, et s’imposait définitivement comme le roi du rap dans l’Hexagone. Aujourd’hui, il fête déjà ses 15 ans. Après toutes ces années, cet album est perçu comme un véritable tournant dans la carrière du rappeur.
Il est celui qui amorce sa renaissance artistique et transforme son image. Avec la diversité des sonorités et le mélange des genres musicaux, B2O ose sortir des sentiers sombres du rap, qu’il avait précédemment arpentés avec ses deux premiers albums. Son apparence et son image aussi évoluent avec Ouest Side, créant un nouveau personnage puissant, travaillé, parfois clivant.
Surtout, ce projet soigné et complet s’ouvre à un public plus large et offre à l’artiste une plus ample reconnaissance, notamment grâce à des tubes comme “Garde la pêche”, “Pitbull”, “Le Duc de Boulogne”, “Boulbi” (et bien d’autres), devenus aujourd’hui de grands classiques. Retour sur Ouest Side, l’album du passage de l’ombre à la lumière pour Booba.

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Un nouvel album loin des sentiers battus et la naissance d’un nouveau personnage

Lorsqu’il s’apprête à sortir son troisième album, Booba a plus de dix ans de présence dans le rap jeu à son actif, depuis ses débuts avec La Cliqua jusqu’à ses deux premiers albums solos Temps mort et Panthéon, sortis respectivement en 2002 et 2004, en passant par les collectifs Time Bomb, Beat de Boul et son groupe Lunatic avec Ali. Dix ans de rap sombre, incisif, parfois hard-core, rythmé de punchlines incessantes et salué par la critique. Devenu maître de son art, qu’a-t-il donc de nouveau à proposer ?
Ceux qui avaient douté du Duc ont eu bien tort. Avec Ouest Side, Booba va effectuer une transition artistique, nous prouvant qu’il sait innover et surprendre. On y trouve d’abord des instrus et des sonorités multiples, loin de celles qu’on a l’habitude d’entendre dans les œuvres de B2O. Cela passe par du rock dans “Couleur ébène” sur une prod de DJ Mehdi, du reggae dans “Au bout des rêves” sur un sample du riddim Drop Leaf, mais aussi de la musique classique avec “Le Duc de Boulogne” ou même de la chanson française avec “Pitbull” sur un sample de “Mistral gagnant” de Renaud. Booba prend des risques et ça paye : ces différents styles musicaux s’entremêlent à la perfection et prouvent que le rap n’est pas un genre isolé.

Le rappeur s’ouvre aussi à de nouvelles collaborations, notamment avec le célèbre artiste américain Akon sur le gros titre “Gun in Hand”. Sont aussi remarqués les featurings avec Mac Tyer sur “Ouais ouais”, avec le collectif Intouchable sur “Au fond de la classe”, avec Trade Union et Rudy sur “Au bout des rêves” et enfin avec le groupe Malekal Morte sur “92 izi”, déjà entendu sur Temps mort.
Cette transition musicale ne va pas sans un changement de physique et d’image pour notre Kopp. Plus sûr de lui, il s’affiche plus musclé que jamais avec de nombreux tatouages sur le corps, et toujours stylé, tantôt en costume ultraclasse, tantôt en tenue de gangsta rap. On est loin d’Élie Yaffa, rappeur tout droit sorti des Hauts-de-Seine aux vêtements trop larges et à la rage non maîtrisée. Il nous présente Booba, un nouveau personnage charismatique, ambitieux, puissant, détaché et encore plus dur, encore plus cassant. Que cela plaise ou non.
Dans ses clips aussi, le Duc fait preuve d’une imagination nouvelle. Il se réinvente en victime de la mafia dans “Pitbull”, en chef de bande trahi par les siens dans “Au bout des rêves” ou encore en héros inaccessible dans “Boulbi” et en gangsta US entouré d’armes et de belles voitures dans “Garde la pêche”.

L’heure de la reconnaissance

Cette ambiance très nouvelle dans l’univers de Booba est un pari osé. Une œuvre faite d’ouverture, d’innovation, qui se rapproche paradoxalement d’un genre plus mainstream. Si certains “puristes” préféreront toujours Temps mort et n’apprécieront pas ce changement de cap artistique, il n’empêche que le succès est bel et bien au rendez-vous pour Ouest Side
Que ce soit grâce à ses prods explosives, réalisées en grande partie par Animalsons, ou à ses beatmakers incroyables, notamment Frequency et DJ Mehdi, l’opus est musicalement très soigné. Les textes aussi sont de haut niveau. Les images, les punchlines, les thèmes, portés par une gentille arrogance qui fait son effet, la recette est parfaite.
Ajoutez à cela les featurings cités précédemment, et vous avez une machine à tubes. Les iconiques “Garde la pêche”, “Le Duc de Boulogne”, “Boîte vocale”, “Au bout des rêves”, “Couleur ébène”… Mais on en retiendra surtout deux : “Boulbi”, le plus gros succès auprès des clubs et le titre qui a permis à Booba d’obtenir son premier disque de platine avec Ouest Side, et puis “Pitbull”, le morceau qui l’a fait découvrir au grand public et qui reste encore aujourd’hui le préféré des fans parmi tous ses titres.

La musique, l’univers artistique et l’image du rappeur de Boulogne sont à jamais transformés avec Ouest Side. C’est définitivement son album le plus marquant. Avec lui, Booba commence à être écouté partout, on l’invite à la radio et à la télévision, il se fait connaître dans tout l’Hexagone, atteint le top des charts et le cœur des Français… pour y rester à jamais. Alors que B2O vient d’annoncer avoir terminé son prochain album, Ultra, espérons qu’il soit à la hauteur de Ouest Side.