Goat va vous faire oublier le rock psyché, au profit de “l’illumination spirituelle”

Goat va vous faire oublier le rock psyché, au profit de “l’illumination spirituelle”

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Par Théo Chapuis

Publié le

Il y a peu de groupes aussi fascinants que Goat. À l’occasion de la sortie de leur nouvel album, Requiem, focus sur le collectif rock psyché le plus mystérieux du moment.

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“Putain, mais qu’est-ce que c’est que ce groupe ?”, furent sans doute les premiers mots qui sont venus à l’esprit d’un paquet de curieux de musique lorsqu’ils ont découvert Goat. Pour la plupart, c’est arrivé un beau jour de l’année 2012, lorsque le groupe suédois est sorti de nulle part pour prendre tout le monde à revers avec l’album World Music.

Quatre ans plus tard, le mystérieux groupe a sorti, le 7 octobre, son troisième album, Requiem. Vous ne les connaissez pas ? Enfilez votre cape, prenez notre main et entrez dans le cercle des sorcières : on vous convie au sabbat.

Côté son : une joyeuse sarabande qui convoque rock psychédélique, krautrock, musique africaine, folk du monde entier et bien d’autres choses. Certains observateurs soucieux de tracer des parallèles trouveront qu’on navigue entre la motorik de Can et la lourdeur de Black Sabbath ; d’autres qu’on est davantage entre le jazz cosmique de Sun Ra et les trips sous acide de Spacemen 3 ; d’autres, encore, évoquent les fantômes de Fela Kuti ou de Funkadelic… Et les lecteurs de nombreuses revues musicales pointues de trembler d’excitation devant l’invocation de telles figures tutélaires.

Finalement, il suffit de leur demander. Lorsqu’on interroge l’un des membres du groupe pour qu’il nous décrive sa musique, il ne s’encombre guère d’analogies fastidieuses : Goat, c’est de l’“illumination spirituelle”, d’après celui qui se fait appeler pour l’occasion “Ramses IV of Olympen”.

Le culte Goat

Ramses IV of Olympen ? Eh oui, cachés derrière des identités secrètes, les membres du groupe ne brouillent pas seulement les pistes, ils en donnent aussi de fausses à chacune de leurs prises de parole : d’après la légende, Goat serait un collectif composé de membres qui perpétuent une tradition sacrée et très ancienne de musique rituelle – une sorte de vaudou suédois. Il se serait développé autour d’un culte païen qu’on ne trouve qu’à Korpilombolo, village de 529 habitants du nord du pays, même si les membres de Goat sont aujourd’hui basés à Göteborg.

Oui, cela pourrait être tout à fait grotesque et on est en droit de douter de ces histoires aussi farfelues. Or leur musique résonne en harmonie parfaite avec ce background aussi fou… et on y croirait presque.

La puissance sacrée de leur musique marche encore mieux grâce à l’atmosphère vaporeuse qui flotte autour d’eux. Cachés derrière des masques et des identités secrètes, les membres de Goat sont vêtus de robes, djellabas et voiles, mais aussi de masques, loups et cagoules qui confèrent à leur musique rituelle des atours de fête païenne. Quand la gloire toute-puissante de la sapologie croise les mystères du rock psyché avec l’anonymat. Ramses IV d’Olympen assume complètement :

“C’est important à nos yeux de préserver notre liberté. Nous serons à jamais un groupe anonyme. L’anonymat rend ma vie merveilleuse. J’espère que les gens écoutent notre musique pour ce qu’elle sonne… Mais peut-être attirons-nous aussi les projecteurs à cause de l’anonymat, en partie.”

Pour jouer heureux, jouons cachés

Malgré ses masques et ses identités farfelues, le groupe parvient pourtant à conjuguer anonymat et performances live avec succès, pour des concerts prenants et endiablés. Est-ce compliqué d’associer les deux ? “Pas du tout. Personne ne nous reconnaît sans nos masques et après le concert je peux me promener sans que personne ne sache qui je suis. C’est ce que je veux dire quand je parle de liberté”, poursuit le musicien.

Pratiquer une sorte de rock tribal n’empêche pas d’avoir de l’humour. Quand on les questionne sur ces longues robes et ces fringues bariolés qu’ils arborent sur scène, dans leurs clips ou sur leurs photos de promo, Ramses botte en touche : “On aurait préféré porter du Chanel, mais le Créateur Tout-Puissant nous a dit de porter ça à la place.” Ahem. Pareil pour leur apparente fascination pour l’Afrique, alors qu’ils viennent de latitudes si lointaines : “L’Asie était déjà prise.”

Il faudra se contenter de ces réponses lapidaires. Pour en savoir plus, on vous invite à vous plonger dans la passionnante discographie de ce groupe, en commençant par leur dernier album Requiem, sorti dans tous les formats le 7 octobre chez Sub Pop. Et si vous l’osez, tentez l’expérience de leur rock de transe en live, le 14 octobre, au Cabaret Sauvage de Paris.