FRENCHMEN #7 : Ichon & Bon Gamin, les enfants terribles de Paname

FRENCHMEN #7 : Ichon & Bon Gamin, les enfants terribles de Paname

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Par Rachid Majdoub

Publié le

Ils représentent la nouvelle vague du rap français. Freestyles, interviews, photos : de leur style à leur flow, voici les FRENCHMEN, par Konbini. Après Prince Waly, Demi Portion, Siboy, Sofiane, Sianna et Roméo Elvis, voici Ichon, entouré de tout son crew, Bon Gamin, de Loveni à Myth Syzer. 

À voir aussi sur Konbini

Ichon, Loveni, Myth Syzer… tout le crew Bon Gamin et son entourage ont envahi les locaux de Konbini pour en retourner le studio, avant de se poser autour de quelques tables et déconner un peu.

-> Retrouvez les précédents FRENCHMEN juste ici

Une dizaine de gars au total, réunis par l’amitié et la passion, se sont ramenés autour d’Ichon, qui évolue parallèlement en solo.

Après un freestyle bouillant – sur un beat exclusif de Black Stars, producteur attitré de la série –, on a déconné avec Bon Gamin pour en savoir plus sur le crew, qui s’exprime rarement au complet (interview à lire en dessous de la vidéo).

Ichon et son crew Bon Gamin ont retourné notre studio...  Avant une belle interview des familles (accessible sous la vidéo)

Publié par Konbini sur lundi 10 avril 2017

Konbini | Tout Bon Gamin est là, c’est rare et cool. On va commencer par toi, Ichon : quel est ton vrai prénom ?

Ichon | Yann.

Quand et où es-tu né ?

Paris 20e, 1990. Le 11 septembre. C’est génial, j’suis fait pour tout niquer.

[rires]

J’suis né à Montreuil précisément, puis j’ai bougé pas mal quand j’ai grandi, d’appart en appart. Mais j’suis revenu à Montreuil. Et là, je pars à Bordeaux.

Ah, tu t’installes à Bordeaux ?

Ouais.

Pour une raison particulière ?

Aaah… parce que ça m’a saoulé, j’ai fait le tour de Paname. Et j’ai envie d’une meilleure qualité de vie.

Tout en continuant la musique, j’imagine.

Ah bien sûr, encore plus.

“Mec… t’as une archive énorme là”

Si ça vous dit, on peut faire passer l’enregistreur pour un petit tour de table, histoire que tout le monde se présente : 

– Moi c’est Myth Syzer, j’suis le producteur/beatmaker de Bon Gamin.

– Moi c’est Ichon… donc voilà [rires].

– Moi c’est Loveni, young love, Bon Gamin, j’suis le gars qui fait de la musique avec Ichon, et Syzer. Qui arrive en retard aux rendez-vous mais qui arrive toujours par arriver.

– Yo yo yo, passe le mic : moi c’est Cyril, boxeur, coach sportif qui va lancer son site Internet…

(rires)

– Moi c’est Joey Larsé, artiste. Je taffe un peu avec Ichon, avec les gens qui font les choses pour de vrai.

– Deleskevyzh, Junior, j’ai découvert Ichon il y a deux ans, je l’ai fait jouer à Bordeaux. Il donne de la vibe, il donne de l’amour, les frérots d’Odezenne l’ont fait jouer aussi à Barbey, puis voilà hein, c’est la famille, on est là.

– Moi j’suis Habib, un pote à Ichon, frérot, la famille. On travaille sur quelques projets ensemble, bientôt, Inchallah. C’est le crew.

– Moi j’suis le reuf d’Ichon. La famille, Bon Gamin, on a toujours été… en roue arrière.

– Yo, c’est L’Évangile, ouais, jeune gourou. Rastafari, Ichon c’est la mif. One love, on est ensemble, tout ou rien ma gueule.

Ichon | Mec… t’as une archive énorme là.

“Derrière Ichon y a du monde”

Konbini | C’est cool. Derrière Ichon, il y a toute une famille, tout un collectif.

Ichon | Ouais, depuis longtemps. À la base, c’est Bon Gamin. Et Bon Gamin à la base c’est Loveni, et c’était que des potos de collège en fait.

Loveni | Bon Gamin, c’était juste un surnom d’une bande de potes en fait. Puis c’est devenu un crew au début, et maintenant un groupe. Avec beaucoup de gens derrière, des gars qui font de tout, au-delà de nous trois.

Ichon | Derrière Ichon il y a du monde, ouais.

Et ça renvoie directement à cette punchline dans ton freestyle, que j’ai bien aimée : “Personne ne m’a aidé même pas Konbini.” Beaucoup te découvrent aujourd’hui, mais ça fait un petit moment que tu cravaches pour en arriver là.

Ichon | C’est clair, en vrai ça fait dix ans que je fais du rap. Même plus peut-être.

Loveni | Dis pas que ça fait dix ans, t’étais gamin à cette époque. Dis que ça fait deux semaines [rires].

Ichon | Mais justement la vérité, moi c’est ça que j’ai envie de dire. J’ai commencé à être sérieux dans mon taf’ effectivement il y a quatre ans, avec mon projet Cyclique.

Ichon | Mais je baigne dans le rap, dans la musique, depuis… ouais, dix ans.

T’étais jeune… tu te souviens du tout premier morceau que t’as sorti ?

Ichon | Ah j’étais trop jeune. Le tout premier morceau que j’ai fait, c’était…

Loveni | Il y avait “Au soleil” ou “Sous le soleil” c’est ça ?

Ichon | Ouais “Sous le soleil”, mais vaut mieux pas parler de ça [rires]. C’est le tout premier son que j’ai sorti sur YouTube, et ouais, il est pas jeune [rires]. C’est une belle archive.

Loveni | Ah, il est chaud quand même celui-là.

Ichon | En vrai, ce morceau dit un peu tout ce que je suis hein. J’ai pas changé, tu vois. En vrai, non ?

Loveni | Ouais, ouais, ouais.

Ichon | Je chante, je rappe, je parle de Bon Gamin… ouais comme d’hab’ ! Je parle de meufs… depuis toujours. Ouais, il a pas changé, “Sous le soleil” : c’est une belle archive [rires].

“J’écrivais beaucoup de poèmes aux filles, des chansons d’amour”

T’étais quel genre de gamin, quand tout a commencé ? Quand tu grattais tes premiers textes…

Ichon | À la base, en vrai de vrai, les premiers trucs que j’écrivais… c’était des lettres d’excuse à mes parents, parce que je faisais trop de bêtises à l’école. Comme ça, quand ils rentraient, ils voyaient la lettre d’excuse, bien écrite, et ils ne pouvaient pas m’engueuler. Mais ça n’a marché que… quelque temps. Après, j’écrivais beaucoup de poèmes aux filles, des chansons d’amour…

Et ça a donné le Ichon tel qu’on le connaît maintenant : poétique dans l’âme et les textes.

Ichon | Ouais, ouais grave, j’espère que ça se ressent.

T’en as fait ton principal sentiment, le love dans le rap, que t’essayes de répandre. Avec une part de rêve.

Ichon | Ouais, j’essaye… j’essaye vraiment de mettre de l’amour dans tout ce que je fais.

Dans ta manière de bosser, comment procèdes-tu ?

Ichon | À l’instinct. On est qu’à l’instinct, c’est ça Bon Gamin.

En général, mon ami Myth Syzer, m’envoie une prod’ ou je lui en réclame une [rires]. Je marche avec dans la rue, et je chante tout simplement.

Le résultat musical est assez visuel. Qu’est-ce qui t’inspire quand tu marches dans la rue ?

C’est vraiment ce que je viens de faire, en fait… ce que je vais faire, ce que j’aurais aimé faire. On se met en scène. Toute notre vie on se met en scène.

Tu sais, quand j’étais petit, je rêvais que les lampadaires étaient des enceintes. Tu vois le délire ? [Rires]. Comme ça, tu vis à mort frère, et ta vie est un clip tous les jours !

Le rêve ! Au fait, avec quel producteur t’as préféré bosser ? Même si je pense connaître la réponse…

Ichon | Ah, non, non, tu parles de qui ? [Rires]

Avec Syz’, c’est cool, c’est très instinctif justement. Il faut que ça le soit. Il a une palette très large donc on peut faire plein de trucs, c’est génial. MAIS DU COUP : quand…

[Rires]

Du coup : quand j’ai une envie particulière, c’est pas vers lui que je vais forcément aller, parce qu’il a déjà SES envies particulières. ALORS QUE, avec Lubenski, avec qui j’ai JAMAIS terminé de morceau, parce que c’est un relou et que justement il est pas assez à l’instinct et il veut trop travailler… du coup on n’a jamais terminé de morceau ensemble, mais j’aime bien le processus de création qu’il y a avec lui en fait, parce qu’on parle de A à Z pendant qu’on fait la musique.

[Myth Syzer tire gentiment la gueule]

Ichon | Mais c’est la vérité frère !

[Rires]

Loveni | Tu viens d’assister à la fin de Bon Gamin en direct.

[Rires]

Ichon | On m’a demandé avec qui je préfère bosser… et clairement, en vrai, j’ai jamais terminé de morceau avec Lubenski. Myth Syzer ça sera toujours mon préféré.

Vous avez fait énormément de morceaux ensemble.

Ichon | Des tonnes !

Est-ce que vous pouvez me parler de votre relation, qui est assez particulière. Même dans le rap, c’est rare des duos ou trios de rappeur(s)-beatmaker(s), qui avancent ensemble – et bien.

Loveni | Quand Syz’ est arrivé sur Paris, on s’est rencontrés et on a commencé à faire des morceaux dans ma chambre en fait.

Ichon | Y avait déjà Bon Gamin en fait.

Loveni | C’est ça, y avait déjà cette émulation Bon Gamin.

Ichon | Mais ce qui a fait que Bon Gamin est devenu ça aujourd’hui, c’est depuis l’arrivée de Myth Syzer. Il a concrétisé le fait qu’on soit un groupe.

Loveni | C’est ça. Puis on a fait de la musique ensemble, des projets… avec chacun ses goûts différents, du coup on s’apporte tous quelque chose.

Ichon | Et ça fait un joyeux cocktail.

Myth Syzer | On a tous des trajets super différents au final tu vois, mais on se rejoint tout le temps à un moment, on vise la même direction. On peut bosser chacun des projets à côté, avec d’autres artistes, mais on se retrouve tout le temps parce qu’on est soudés en tant que frérots. Donc on sera toujours ensemble, coûte que coûte… à part si l’un se tape la meuf de l’autre, ça sera fini tu vois.

[Rires]

Ichon : Ah d’ailleurs ! Je t’ai pas dit… [Rires]

“Ichon, il mange tout le pain”

Du coup vous avez dû vivre des trucs assez fous ensemble…

Myth Syzer | Baaah Ichon, il mange tout le pain.

[Rires]

Ichon | Oooh le bâtard ! [Rires]

Myth Syzer | Ma maman avait acheté deux belles baguettes de pain pour le matin, pour le petit-déjeuner au calme dans notre maison…

Ichon | Y avait de tout, de la brioche, des croissants, des pains au chocolat…

Myth Syzer | Et monsieur Ichon s’était levé un peu plus tôt que nous. On se dit “Bon, c’est bien, c’est bien”. Et là, on descend avec notre ami Loveni, on avait envie de manger du pain nous aussi. Et y en avait plus : Ichon avait tout mangé ! Et du coup j’ai gueulé sur Ichon, et il répond : “Boooh tu m’saoules j’me casse.” Et il est parti bouder.

[Rires]

Loveni | Faut savoir un truc, ces deux-là, Ichon et Syz’, ils passent leur temps à s’embrouiller. Toutes les deux-trois semaines, un truc comme ça.

Myth Syzer | Bah on est un couple. Ichon et moi on est super identiques sur les émotions, sur le stress. Du coup, ça crée des prises de tête mais ça dure pas plus de deux jours. Et c’est ça qui fait que c’est fort aussi.

Pour en revenir à l’histoire du pain qui aurait pu mettre fin au groupe, c’est peut-être aussi parce qu’Ichon avait les crocs de manière générale non ?

Ichon | Ah j’avais faim, j’avais faim frère.

“Il suffit de le faire”

Quelles sont tes perspectives pour 2017 ?

Ichon | Là, mon objectif, c’était et c’est d’être constant dans mon envoi de musique, c’est tout en fait. Je fais mon truc et j’avance le plus loin possible. En vrai il y a du taf, on dort pas, c’est du travail mais on le fera. Y a plus un mec qui travaille au bar, l’autre à Chevignon et l’autre dans un restau’.

Loveni | On passe tout notre temps dessus, avec chacun nos projets à venir. Ça reste l’année de la concrétisation, après le peu de clips et morceaux, finalement, qu’on a pu publier.

Ichon | “Il suffit de le faire”… c’est le nom de mon prochain projet justement. “Il suffit de le faire”.

Loveni | Jusqu’à ce qu’on meurt.

Ichon | On vit comme si on allait caner demain, comme si c’était notre dernier souffle. Ou notre premier souffle… parce que le meilleur reste à venir.

Rendez-vous demain soir pour le huitième épisode des FRENCHMEN.

Une série dédiée à Polo, force et courage. <3

Crédits :

  • Auteur du projet et journaliste : Rachid Majdoub
  • Direction artistique : Arthur King, Benjamin Marius Petit, Terence Mili
  • Photos : Benjamin Marius Petit
  • Vidéo (cadrage, montage) : Paul ‘Polo’ Bled, Mathias Holst, Simon Meheust, Redouane Boujdi, Adrian Platon, Maxime Touitou, Fanny
  • Son : Manuel Lormel
  • Remerciements : à tous les rappeurs ayant accepté de participer et à leurs équipes, à la team Konbini ayant aidé de près ou de loin, Lucille, Florent Muset, les attachés de presse cools, Julien Choquet pour la disponibilité de son enregistreur audio, Thomazi pour sa petite enceinte Supreme, XXL Magazine…