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FRENCHMEN #4 : Sofiane, haut-parleur du 93

FRENCHMEN #4 : Sofiane, haut-parleur du 93

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Par Rachid Majdoub

Publié le

Ils représentent la nouvelle vague du rap français. Freestyles, interviews, photos : de leur style à leur flow, voici les FRENCHMEN, par Konbini. Après Prince Waly, Demi Portion et Siboy, place à un mec qui est là depuis longtemps et rayonne aujourd’hui : Sofiane aka Fianso, man. 

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Son heure est venue. Comme Demi Portion, Sofiane fait partie des piliers de cette série. Dans le circuit depuis plusieurs années, il ouvre la grande porte du rap français en 2017. Ou plutôt la défonce, à l’aube d’un premier album (Bandit Saleté, le 12 mai dans les bacs), après l’avoir mitraillée de son flow et de plusieurs mixtapes durant une carrière qui n’a pas été de tout repos, comme il nous le raconte plus bas au cours “une grande leçon de persévérance et de confiance en soi.”

-> Retrouvez les précédents FRENCHMEN juste ici

Déterminé, bosseur et entrepreneur, celui qu’on appelle Fianso est parti de loin, et devient aujourd’hui le haut-parleur du 93, reprenant du bout de sa plume aiguisée l’un des flambeaux les plus brûlants du rap français. La rue, la vraie, il connaît ; tout comme le freestyle, domaine dans lequel il excelle.

Lancez son freestyle exclusif sur un beat signé Black Stars – producteur attitré de cette série –, avant de découvrir de plus près le parcours de Sofiane, et l’homme qui se cache derrière le rappeur, à travers un long et riche entretien.

À l'aube de son premier album, Fianso explose tout, même en freestyle...

Publié par Konbini sur vendredi 7 avril 2017

Konbini | Quand et où es-tu né ?

Sofiane | Le 21 juillet 1986, à Saint-Denis.

Quel est ton quartier ?

Blanco 93, le Blanc-Mesnil.

Sofiane, on t’appelle aussi Fianso, ou Fianso Man. 

Fianso Man c’était un petit délire avec les man, les Ragga Man tu vois… Un jour j’étais en cabine pour rigoler, je disais : “ok man, remets le micro man, c’est Fianso Maaaaan”, et c’est resté. C’est devenu un petit truc que je faisais en radio mais en vérité ça a moins bien vieilli que Fianso donc je ne m’en sers plus beaucoup.

Et à un moment il y avait aussi “le quarterback du rap”.

Oui, c’est parce que j’avais fait un titre qui s’appelle “Quaterback” – et en plus on dit “quarrrrterback” (rires). C’est un titre que j’avais fait dans une mixtape, Black List, sortie en 2011.

Et Black List justement, c’est là où tu t’es encore plus ouvert à un public un peu plus large. On peut revenir sur ces années-là ? Parce qu’aujourd’hui, il y a de nouveaux médias qui te découvrent, avec ta nouvelle mixtape, Je suis passé chez So. Mais Sofiane c’est presque 10 ans de carrière…

Ouais, sept ans on va dire. Je faisais de l’écriture avant de faire du rap. J’ai publié dans des recueils et sur des nouvelles avant de rapper. Je suis venu au rap parce que c’est ma culture. En banlieue et ailleurs, d’ailleurs. C’était notre manière de nous exprimer. C’est aussi la musique qui a le plus frappé ma génération.

“Je rappais pour tout, pour rien, pour dire bonjour je rappais”

Je me suis mis au rap vers 12 ou 13 ans et j’avais deux potes à moi, Kala et Nock-Pi, avec qui je suis toujours aujourd’hui. À l’époque, ils rappaient ensemble et sont venus me brancher pour qu’on crée le groupe Les affranchis. Donc on fait des petites scènes de quartier, pendant un moment. Eux lâchent complètement l’affaire, ils ne rappent plus donc je me retrouve en solo, je change de nom 30 fois, je me fais vanner 30 fois donc je dis :

“C’est bon : je m’appelle Sofiane, on arrête les conneries”.

C’était quoi ces premiers noms ?

Oh laisse tomber, c’est affreux (rires).

Et donc : je rappe à Blanc-Mesnil. Un jour, à une pompe à essence, je rencontre des mecs d’Aulnay que je connais. Et je rappais pour tout, pour rien, pour dire bonjour je rappais, tu vois. Et je les croise. Ils me demandent de rapper un petit truc pour rigoler. Je pars en freestyle et le lendemain, les mecs me rappellent et m’expliquent qu’ils sont Karismatik, un label indépendant. Ils me proposent de venir. Et à l’époque, ils sortaient une mixtape, 93 paranoiak, dans laquelle j’ai posé. C’était le premier projet, en 2008.

À partir de ça, on se met à bosser ensemble. J’enregistre un premier maxi dressé à 900 exemplaires, uniquement dispo à la FNAC d’Aulnay-sous-Bois, Paris Nord, qui s’appelle Première Claque et où j’ai une bouteille de Jack Daniels sur la pochette. Gros problème de distrib’, annoncée en 2008 et lancée début 2009. Par la suite, je continue, et ça se concrétise un peu plus avec l’arrivée de Kenza Farah chez Karismatik. Ça devient un peu plus gros donc on a accès à plus de médias.

C’est la première fois que je parle de Karismatik dans la promo hein, il n’y a qu’à toi que je donne ces infos.

J’ai fait ma première mixtape avec un peu plus de titres, qui s’appelle La vie de Cauchemar. C’était la première fois que j’avais accès à des freestyles radio, à des vrais studios et des conditions plus ou moins correctes. Le disque est annoncé pour fin 2009, sortie début 2010 mais on a encore 6-8 mois de retard par rapport à la sortie du projet à ce moment-là, parce que c’est très casse-pipe.

Je quitte le label, je fais le tour, deux trois autres gros labels de rap voulaient me signer : Bombattak, Six-O-Nine, Banlieue Sale, Foolek… J’y trouve pas mon compte. Donc je monte ma propre structure.

Tu t’es fait tout seul, en soi.

On va dire ça.

“Je suis du premier mot du texte à la dernière vente en bac”

Il fallait de la patience aussi j’imagine, car tu as vraiment fonctionné par étapes.

J’étais tellement occupé d’apprendre tous les couloirs de ce métier que j’ai pas vu le temps passer. Pendant six mois, quand j’ai voulu être éditeur je me suis concentré sur ça, ensuite quand j’ai voulu monter des studios je me suis concentré sur ça, quand j’ai voulu produire des gens, parce que je suis producteur sur un label qui s’appelle Game Changer, je me suis concentré sur mes jeunes à mettre en avant.

Donc entre la production, l’édition, le pseudo management de Sofiane… tout ce que je fais moi-même, le community management que je fais moi-même : je suis du premier mot du texte à la dernière vente en bac. Je suis sur toute la boucle, et suis très fier de ça.

Parce qu’aujourd’hui, t’as ton propre label, des studios d’enregistrement… 

Oui, on a trois studios d’enregistrement. Je suis reparti voir tous mes potos de base. J’avais fait un petit éclairage. Puis on est directement monté sur des investissements. J’ai monté ma boite d’édition. Si tu veux, on a créé une économie parallèle au nom Sofiane en attendant que Sofiane soit rentable. On voulait vivre de ça, et apprendre ce métier plutôt que d’être des rappeurs de passage.

Depuis on fait de la prod, aussi. On a placé nos premiers coups en édition avec notre INM Studio Publishing. Sur cette édition, il y avait Keny Arkana, on avait fait un disque d’or avec elle je m’en rappelle. L’album de Sultan passait sur NRJ, aussi. Donc on commence à faire deux trois beaux coups d’éditions, et je pars ensuite en solo avec mon projet Black List ; pareil, annoncé fin 2010 sorti fin 2011 . Là, j’obtiens surtout un succès d’estime avec un titre comme “Elle était belle”, un petit single, une petite balade.

Je m’en rappelle. J’aimais bien, on découvrait un Sofiane un peu plus fragile…

Non (rires), pas fragile. En mode sans complexes. Pas besoin d’en rajouter. Dès qu’on surjoue… c’est pas bien.

Ce titre-là me permet de tourner en France, de faire des showcases, de me faire remarquer, de faire des rendez-vous en major. À la base, j’avais écrit ce titre pour La Fouine. Et au dernier moment, je l’ai gardé pour moi.C’est aussi le moment où je cherchais à devenir auteur, pour d’autres artistes, rap ou pas rap.

“On arrive avec des buts et un ballon de rugby sur un terrain de foot”

Ensuite, je sors Blacklist 2, en 2013. Et pour la première fois, pas trop de retard sur la sortie. Pareil, supers retours et un bon succès d’estime. Blacklist 2, ça se passe bien, mais toujours les galères de l’indé. On coche quelques cases, notamment des radios, ça commence à devenir plus ou moins sérieux même si on arrive avec des buts et un ballon de rugby sur un terrain de foot. C’est-à-dire qu’on bosse tellement qu’on ne sait pas bosser ; qu’on ne connait pas ce boulot mais qu’on se tape tellement qu’on arrive à mettre un but. Mais c’est maladroit.

Et là je rencontre le producteur Tefa, par l’intermédiaire de Kery James qui m’appelle sur un titre, “Parole d’homme”, qui se fait supprimer de YouTube par YouTube. Dedans, je dis plein de choses. Kery James m’appelle et me demande de venir le rencontrer pour me parler de ce morceau : “qu’est ce que tu dis, quand tu dis ça, ça et ça… ?” Alors, je parle de la famille Saul, je parle de pas mal de choses. Il me demande si je sais de quoi je parle. On se met à discuter et une belle rencontre est née. Puis je me mets à bosser avec Tefa, plus en auteur qu’en production, à écrire pour des artistes, rencontrer des gens dans leur studio, placer des prods sur des projets. Tefa me met le pied à l’étrier sur pas mal de trucs, ça devient concret, sérieux.

Début 2016, je sors un titre qui s’appelle “Rapass“, qui n’a pas du tout l’effet que j’attend. Je me rends compte que ce n’est pas ce qu’on attend de moi, que ce ne sont pas les codes qui me vont, ceux du rap de 2016 ne me vont pas du tout. Et ensuite, au mois de mai, arrive le premier épisode de ma mixtape #JesuispasséchezSo.

#JesuispasséchezSo

C’est là où ça prend de l’ampleur.

Oui, c’est là où ça décolle. Pas dès l’épisode 1 tout de suite, même s’il fait son effet.

Ça a pris sur la durée en fait. 

Oui, il y a un fil qui s’est créé. À partir des trois, quatre premiers épisodes, on sent un certain engouement. Donc on décide d’en faire un disque, qui est actuellement dans les bacs.

Et toujours en indé’. 

Je suis toujours indé.

T’as capté un truc au niveau des réseaux sociaux.

Tu veux dire que je m’en sers mieux ?

En tous cas, il y a une évolution à travers cette série-là, Je suis passé chez So. T’as réussi à t’ouvrir à un public encore plus large, t’as plein de nouvelles personnes qui t’ont découvert, épisode après épisode, via les réseaux sociaux. 

Je suis très réseaux sociaux, plus que les autres rappeurs qui négligent beaucoup Twitter. L’inspi’ des mecs sur Twitter, je suis gavé. Tous les montages que tu vois, tous les trucs marrants que tu trouves sur les autres réseaux, ça vient de Twitter.

Je kiffe l’interaction avec Twitter et puis, bizarrement, c’est le réseau le plus intelligent, ou le moins con… en tout cas le moins accessible aux imbéciles. Je trouve. Pour moi, Instagram, même si ça fait jeune, ça commence à… Voilà. Et Facebook, c’est monsieur et madame tout le monde. Twitter j’ai l’impression que c’est un réseau intelligent.

“Le freestyle c’est une arène du rap français. Nous, on vient armés”

Parlons freestyle. Tu fais partie des kickeurs du rap français. Une espèce en voie de disparition, de plus en plus rare.

T’as beaucoup de rappeurs, de nouvelles générations, qui lâchent les formes. Qui subissent… Tu te rends compte que les mecs qui ne kiffent pas forcément le freestyle, ont très peur de la scène. Pour le coup, je suis très live. Pour moi, quand tu parles de kick, de freestyle… pour moi le freestyle c’est une arène du rap français. Nous, on vient armés.

Et c’est important, pour faire vivre le rap, des projets comme Je suis passé chez So, ou celui de Demi Portion, par exemple, 2 Chez Moi, sur lequel il a fait une série de freestyles pour ensuite en faire un projet.

Demi Portion, pour moi, c’est un très bon exemple d’autonomie et de contre-pied par rapport à tout ce qui se passe dans le rap. Parce que le mec dure, perdure, vend des disques, remplit des salles. Je le vois sur aucun gros média, et pourtant il arrive à se glisser dans les tops. Je me souviens de son projet d’avant aussi, Dragon Rash. Ce genre de personnes qui créent leur propre économie, je trouve ça super lourd, super beau et j’encourage ça, vraiment.

Et comment tu perçois le grand changement, perpétuel, et fort aujourd’hui, dans le rap ? Vu que t’es dans le game depuis un certain temps mais qu’en l’espace de sept, huit ans, le rap a grave évolué.

Après il y a évolution dans le bon sens, et une évolution dans le mauvais sens. Mais ce qui est bien aujourd’hui et ce qu’on peut noter c’est qu’il y a du rap pour tout le monde. Du rap pour Jocelyne, esthéticienne, du rap pour Hervé, postier à La Baule et du rap pour Samir, vendeur de drogue à Saint-Denis. Du rap pour tout, tout le monde et pour toutes les heures de la journée. Je trouve que ça tue.

“Persévérance et confiance en soi”

Tu disais aussi, en 2012-2013, dans ton morceau “Lettre à un jeune rappeur”…

J’écrivais une lettre à un rappeur dans sa chambre.

“Lettre à un jeune rappeur”, aujourd’hui, ça confirme et ça appuie tout ce que j’ai dit dedans, pour les jeunes rappeurs qui ont écouté ce titre et qui se sont sentis touchés. Parce qu’il y en a beaucoup. Connus ou pas connus. Par exemple, là, les petits jeunes que tu peux retrouver dans mes freestyles, ils me disent : ce morceau, il m’a tué.

Donc aujourd’hui, qu’il se passe tout ça, c’est une grande leçon de persévérance et de confiance en soi. C’est une grande leçon de vie, même pour moi.

Si tu avais trois conseils de vie à donner à un jeune rappeur qui se lance dans le rap, tu lui dirais quoi ?

Ne te mens pas. Ne te mens pas. Et ne te mens pas !

  • Le premier : ne te mens pas sur ton talent. Si tu sais que tu es fort, tu le sais. Fais pas le mec qui croit ou qui essaye de se convaincre. Ou alors travaille dur pour le devenir.
  • Le deuxième : ne te mens pas sur ton plan B, sur tes objectifs, ce que tu attends. Si tu fais ça pour devenir millionnaire, ne te mens pas. Si tu fais ça pour devenir un des rappeurs les plus respectés du rap français et être respecté par tes pairs, ne te mens pas. Si tu fais ça pour changer la vie des gens, ne te mens pas.
  • Le troisième, c’est : ne te mens pas sur le fait que ce soit difficile. Plus tu arriveras vite, plus tu disparaitras vite. Plus tu mettras de temps à y arriver, plus tu resteras longtemps. Et tout ça, ça se construit.

Nessbeal et Alpha 5.20, on attend votre retour

Y en a plein qui pourraient facilement lâcher l’affaire, c’est ce que je me dis.

Tu vois Nessbeal, c’est un mec qui revient que j’ai eu en FaceTime récemment. Il y en a pas mal, comme ça, qui me dise : “tu vois frère, il y a une justice. Bravo, et on t’a vu”. Tout le monde m’a vu me battre. Aujourd’hui ça se concrétise avec un avancement aussi rapide et fort. C’est beau à voir, même pour moi dans le miroir.

Si pour certains tu es une découverte, est-ce qu’on peut dire que tu fais aussi partie des piliers du rap ?

Vu que la première génération de rappeurs français n’a pas fini… Akhenaton sort encore des albums. Kool Shen aussi. Je ne me souviens pas de quelqu’un dans le rap français qui a arrêté, à part celui qui a la plus grande classe : Salif.

Salif et Fabe, c’est les deux seuls je pense.

Fabe, et encore, il a fait des allers-retours.

Alpha 5.20 aussi ?

Non, car Alpha vient de me rappeler pour un truc, là. Ça le démange un peu.

Maintenant, il y a un peu tout le monde qui peut rapper, du 16e au 93, qui reste le centre névralgique du rap français. Il y a eu NTM, puis Tandem, entre autres, comme porte-flambeau du quatre-vingt-treize… Là, peut-être que tu es en train de prendre le relais.

Je suis flatté, qu’on ait cette vision-là. Pour Mac Tyer et même les deux membres du groupe Tandem, pour Joey Starr et Kool Shen… oui, clairement, et ça me flatte au plus haut point.

“On arrive… et c’est Cuba devant le Che”

En témoigne le récent clip de “Ma cité a craqué”, que t’as tourné aux Mureaux (93), en y invitant plusieurs quartiers. Comme Tandem ou la Mafia K’1 Fry l’avaient fait avant, avec “93 hardcore” et “Pour ceux”… c’est super rare, comme événement. 

Imagine, aujourd’hui tu sors des clips comme “93 Empire” et “Ma cité a craqué”, et on te compare à “Pour ceux” de Mafia K’1 Fry ou à “93 hardcore” de Tandem. C’est juste la victoire de l’année. Je suis flatté et reconnaissant.

Comment s’est déroulé le tournage de “Ma cité a craqué” ?

Ça s’est déroulé en deux étapes. La première ça a été de rencontrer des frérots comme nous, je parle pas d’arabes, de noirs, de machins… je parle de gens comme nous, des gens de dehors. Toutes les communautés dans nos cités, la zone pavillonnaire d’à-côté, dans le village un peu plus loin… on leur a simplement dit : “est-ce que vous êtes chauds ?” Et la réaction a été immédiate. Il n’y a eu qu’un seul appel sur les médias, via Facebook, Twitter, Instagram : “on sera là à telle heure, à telle adresse”.

On arrive… et c’est Cuba devant le Che. Tu me vois dans les images, je souris avec les dents cassées. À ce moment-là, j’ai 15 ans et je crie comme un gosse.

Outro

Dans ta carrière, est-ce qu’il y a eu, pour toi, un autre moment aussi fort ? Genre un morceau, par exemple.

Le morceau le plus important de ma carrière ou du moins à mes yeux, ce n’est pas du tout celui qui a le plus fonctionné : c’est la dernière track de la mixtape Blacklist 1. Le morceau s’appelle “Outro”.

Parce que c’est le plus intimiste, le plus personnel. C’est le plus… Sofiane, et pas Fianso. Je parle à mes bébés, à l’époque j’avais eu un garçon. En fait, c’est une lettre que j’avais écrite pour mon premier fils, et elle me brise en huit, même aujourd’hui en en parlant. Ce titre-là est un grand virage en moi.

Derrière le rappeur dur et agressif, se cache un rappeur à textes. Avec des morceaux rétrospectifs, où tu racontes des histoires. Dans l’ombre, tu fais partie des plumes les plus aiguisées du rap français. 

J’ai été sollicité par pas mal de grandes plumes pour etre leur plume : je parle des deux qui l’ont dit en interviews, ouvertement : Tunisiano de Sniper, et Kery James.

C’est ouf d’avoir écrit pour eux.  

C’est fantastique oui. Je kiffe écrire pour les gens, c’est vraiment la suite de Fianso.

Tes plans dans un futur proche ?

Peut être un ou deux disques en plus. Mais beaucoup de scène, de terrain, de dates. Une vraie tournée des salles, des clubs.

Et j’ai aussi une tournée depuis fin février qui vise les plus grosses cités de France, les plus gros quartiers de France, des concerts gratuits en plein milieu de la cité. Un exemple tout con, à Marseille, je fais la scène de L’affranchi l’après-midi, puis le quartier de Félix Pyat pour partager une journée avec les gens au parc, rapper avec eux et manger des merguez.

T’es le porte-parole des cités.

Le porte-parole, c’est responsabilisant, c’est pesant. Je dirais plutôt : le haut-parleur. Il peut dire des conneries aussi. Si on me l’offre, je prends ce rôle avec plaisir.

Rendez-vous ce soir pour le cinquième épisode des FRENCHMEN.

Une série dédiée à Polo, force et courage. <3

Crédits :

  • Auteur du projet et journaliste : Rachid Majdoub
  • Direction artistique : Arthur King, Benjamin Marius Petit, Terence Mili
  • Photos : Benjamin Marius Petit
  • Vidéo (cadrage, montage) : Paul ‘Polo’ Bled, Mathias Holst, Simon Meheust, Redouane Boujdi, Adrian Platon, Maxime Touitou, Fanny
  • Son : Manuel Lormel
  • Remerciements : à tous les rappeurs ayant accepté de participer et à leurs équipes, à la team Konbini ayant aidé de près ou de loin, Lucille, Florent Muset, les attachés de presse cools, Julien Choquet pour la disponibilité de son enregistreur audio, Thomazi pour sa petite enceinte Supreme, XXL Magazine…