Marian Hill : “Notre musique, c’est la rencontre de Drake et Ella Fitzgerald”

Marian Hill : “Notre musique, c’est la rencontre de Drake et Ella Fitzgerald”

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Par Naomi Clément

Publié le

Samantha Gongol et Jeremy Lloyd sont deux amis d’enfance qui ont fini par s’unir sous le nom de Marian Hill. Originaires de Philadelphie, ils ont créé un univers envoûtant, où s’entremêlent jazz, R’n’B et productions électroniques. Aussi complices que prometteurs, nous les avons rencontrés à l’occasion de leur premier concert parisien, histoire d’en savoir plus sur leurs projets à venir.

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Physiquement, Samantha Gongol et Jeremy Lloyd sont diamétralement opposés. La première est un petit bout de femme à la longue chevelure blonde plutôt discrète, à la voix sensuelle ; le second un très grand brun assez bavard, accro aux beats.

Pourtant, ces deux amis du collège évoluent ensemble depuis 2013 sous le nom de Marian Hill, et distillent un R’n’B électronique envoûtant, parfois même mystique. “Au lycée, on a joué dans une pièce appelée « The Music Man », explique le jeune homme. Samantha jouait le rôle de Marian Poo, et j’incarnais celui de Harold Paroo. On a assemblé ces noms, et Marian Hill est né.

Depuis, les deux Américains originaires de Philadelphie ont parcouru du chemin. Révélés en 2013 grâce à leur titre “Whisky”, ils ont récemment réuni leur R’n’B électronique sur Sway. Un EP de sept titres, parmi lesquels “One Time” et “Lovit”, qui leur ont entre autres permis d’être programmés au Made In America, qui se déroulera les 5 et 6 septembre prochain dans leur ville natale, aux côtés de Beyoncé, The Weeknd ou encore Banks.

Konbini | Qu’est-ce que vous écoutiez quand vous étiez gosses ?

Jeremy Lloyd | Le premier album que j’ai acheté était Country Grammar de Nelly… Vous en avez entendu parler en France ? Tu sais “Drive With Me”, “Hot In Herre…”

K | Oui bien sûr, l’album Nellyville surtout. 

Jeremy Lloyd | Yeaaah ! C’était son second album oui, je l’ai eu aussi, mais Country Grammar a vraiment été un gros moment pour moi.

Samantha Gongol | Moi j’étais une vraie fanatique de pop, donc j’écoutais énormément de Britney Spears, Christina Aguilera, des boys bands….

K | La musique, c’était quelque chose d’essentiel dans vos vies à ce moment-là ?

J.L. | J’ai grandi dans une maison où mon père était tout le temps en train de chanter et de jouer du piano, et j’ai commencé cet instrument à quatre ans. Quand les gens me demandent : “Comment t’es entré dans la musique ?“, je ne peux même pas m’en souvenir. Quand j’avais quatre ans, je demandais à mes parents : “Est-ce que je peux jouer du violon ?“.

S.G. | De mon côté j’ai grandi en chantant, je chante depuis toujours… J’ai été dans des chorales, des comédies musicales… donc oui, la musique est entrée très tôt dans ma vie.


K | Comment vous vous êtes rencontrés ?

J.L. | Je crois qu’on s’est rencontrés en 6ème ou en 5ème. […] On est restés amis tout le long du lycée, à la fin duquel on a commencé à écrire des chansons, mais chacun de notre côté. J’étais un genre de chanteur-compositeur au piano, et Samantha une chanteuse-compositeur à la guitare. 

Une fois à l’université, on est revenus chez nous [à Philadelphie, ndlr] pour les vacances, on s’est montré ce qu’on avait écrit et on a commencé à composer et à écrire ensemble. On a fini par pondre un beat, qui est devenu “Whisky”. On a écrit ce morceau durant les grandes vacances.

K | “Whisky” est le titre qui vous a mis en lumière. Comment vous êtes-vous fait repérer ?

J.L. | J’ai envoyé, un peu au hasard, des mails à une soixantaine de sites. […] Certains d’entre eux nous ont répondu, et on a fini par apparaître sur le Hype Machine.

Après ça les gens nous demandaient : “Quels sont vos futurs projets ? Vous bossez sur quoi ? Vous pouvez faire des live shows ?” Mais à ce moment-là, “Whisky” était la seule chose qu’on avait (rires) ! Nous n’avions aucun autre morceau, juste celui-ci, un art cover et notre nom.

Mais je crois que c’est ça qui est excitant aujourd’hui, dans le monde de la musique actuel. Avant, il fallait que tu façonnes un immense répertoire musical et préparer des concerts dans l’espoir d’entrer en contact avec des gens. Nous on a plutôt été chanceux : on a réussi à écrire ce seul morceau, qu’on adore, et à connecter avec des gens qui ont été très réceptifs.

“Du R’n’B électronique”

K | Quand on écoute votre musique, on entend plusieurs choses : des productions électroniques bien sûr mais aussi une dose de jazz et de R’n’B… Comment vous la décririez, vous ?

J.L. | C’est du R’n’B électronique. On explique aussi parfois que notre musique, c’est la rencontre de Drake et Ella Fitzgerald, quand les gens veulent une description un peu plus vivante.

K | Vous m’avez parlé de Nelly, de Britney Spears… Quelles sont vos autres influences ?

J.L. | Nelly s’est transformé en Drake, qui je pense… est sa réelle évolution, à bien des égards. J’adore Drake et son producteur 40 [de son vrai nom Noah Shebib, qui a aussi travaillé avec Beyoncé, Lil Wayne ou Alicia Keys, ndlr] ; 40 laisse une grande place à la batterie et à d’autres trucs plus calmes mais tout aussi intéressants, comme les grondements en fond sonore qui laissent la voix s’imposer.

S.G. | De mon côté j’adore le jazz, étant donné que j’étais une chanteuse de jazz. Tu sais, Washington, Ella Fitzgerald, Etta James, Nina Simone…

K | Comment vous travaillez ensemble ?

J.L. | De façon très collaborative. Généralement, au début, je créé des petits bouts de beats. Ensuite on les écoute ensemble et on décide sur lequel on se sent le plus apte à bosser, puis on écrit la musique et les paroles. À la fin, je m’isole et peaufine tout ça.

Marian Hill © Gaïa Anastasio photo GIF-MARIAN-HILL_zps16q9fnwu.gif

“On a créé la lune les gars !”

K | Vous avez récemment illustré votre titre “One Time” d’un clip. Vous pouvez me raconter un peu ?

J.L. | C’était très important car c’est la première vidéo qui établit un lien clair entre qui nous sommes en tant que duo, et qui nous sommes de façon individuelle. […]

On a mis en valeur des éléments basés sur une imagerie qui nous plaît, beaucoup d’entre eux était “noirs” : des réverbères, des éclairs noirs et blancs, ce genre d’atmosphère… On a travaillé avec le réalisateur Chris Grieder pour cela.

Aussi, Samantha et moi avons grandi dans des banlieues, un peu comme celle qu’on montre dans la vidéo. J’ai toujours trouvé qu’il y avait quelque chose d’hypnotique dans une banlieue au beau milieu de la nuit. Il y a énormément de personnes, mais elles sont toutes endormies. Et la lumière est tellement étrange, avec des lampadaires qui brillent dans la nuit…

S.G. | Le clip a été shooté en deux ou trois plans séquences, au steady cam.

J.L. | C’était vraiment amusant. T’es là en train de marcher, à la cool, pendant que l’équipe de caméra te crie dessus en mode : “GO, GO! Alright, alright!(rires) Il y avait aussi une lune géante, artificielle. Je n’avais jamais vu ça de ma vie ! […] Je ne savais même pas qu’on pouvait faire ça, j’étais genre : “On a créé la lune les gars !(rires)

Collaborer avec The Weeknd

K | Et les concerts ? Vous avez fait beaucoup de scènes depuis la sortie de votre EP ?

J.L. | Ouais, la tournée de ces trois derniers mois est la plus longue qu’on n’ait jamais faite ! On est principalement restés aux États-Unis, et au Canada aussi. On est descendus le long de la Côte Est et on a vu tellement de trucs… On ne s’y attendait pas, c’était génial.

On repart pour une grande tournée en septembre et en octobre, toujours aux États-Unis. On vient juste de finir le festival Firefly et on s’apprête à participer au Made in America avec Beyoncé. C’est super excitant.

S.G. | Surtout qu’on a grandi à Philadelphie [où le Made in America se déroule, ndlr], donc on n’en est que plus excités !

K | Quels sont les artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ?

S.G. | The Weekend !

K | Dont vous avez fait un remix…

J.L. | Et il l’a bien aimé, donc… on est dans son champ de mire ! (rires) Je pense que Drake devrait vraiment poser sur “Lovit”. Il devrait clairement y avoir un remix de “Love It” avec Drake…

K | À part collaborer avec Drake et The Weeknd, sur quoi vous travaillez en ce moment ?

Ensemble : L’album !

J.L. | On y travaille dur, et avec un peu de chance il sera accompagné d’un single.

S.G. | Et d’une tournée ! Mais pour l’instant, l’album reste notre plus gros projet.
En attendant l’album, l’EP Sway de Marian Hill est disponible sur iTunes. Crédit gifs : Gaïa Anastasio