En exclu : l’EP Duwar Kilo, un soutien artistique aux réfugiés syriens

En exclu : l’EP Duwar Kilo, un soutien artistique aux réfugiés syriens

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Par Sophie Laroche

Publié le

Après le projet Amal, le collectif initié par Liqid, le rappeur nous présente en exclusivité sur Konbini un nouvel EP Duwar Kilo sorti pour promouvoir une noble cause.

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Il y a un an, on vous parlait du projet Amal, une initiative qui mêlait création musicale et action humanitaire en invitant à l’engagement et à la réflexion autour du conflit syrien dans le monde du hip-hop français. Signifiant “espoir” en arabe, l’initiative avait réuni 21 grands noms du beatmaking hexagonal – de 20syl à Nikkfurie (La Caution) – sur un album du même nom. Chaque producteur avait ainsi signé un morceau, l’ensemble étant cohérent et relié par des bruits captés en Syrie avant la guerre.
À l’origine de ce projet, on trouve Tarafa, rappeur franco-syrien connu sous le nom de Liqid. Son idée: “sensibiliser les médias français à la cause syrienne et à toute la problématique du conflit”. Pour cela, il s’est associés à A Syrian Dream, une organisation indépendante œuvrant pour l’éducation et l’apprentissage artistique des enfants dans les camps de réfugiés, à la frontière turque.
Les fonds récoltés grâce à cet album ont ainsi permis d’équiper les centres d’aide aux réfugiés avec du nouveau matériel, d’aider 5 000 enfants et d’apporter un soutien aux plus démunis par la pratique de l’art. Voulant pousser la démarche plus loin que l’aide financière ponctuelle, il a voulu mener une action qui s’établit dans la durée. C’est à ce moment qu’intervient le projet Wameed.

Wameed : soutenir les réfugiés grâce à des ateliers artistiques

Aujourd’hui plus mobilisé que jamais, le collectif sort un nouvel EP nommé Duwar Kilo – composé de trois titres – qui résulte d’une action (Wameed) sur le long terme sur place. En effet, en janvier dernier, le collectif était parti à Amman (capitale de la Jordanie) avec le soutien de l’association Bibliothèques Sans Frontières pour donner des ateliers de beatmaking, de rap et de vidéo à des réfugiés syriens et irakiens. Ils ont été dispensés par les coachs que sont Emsallam, Synaptik, Liqid, Bonetrips ainsi que MonsieurTok.
Nous avons voulu en savoir plus. Nous avons donc posé des questions à Tarafa :

Que signifie “Wameed” ?

Amal veut dire espoir… Wameed, c’est l’étincelle ! L’idée après le projet Amal, qu’on a orchestré de France mais qui était tourné vers la Syrie, était cette fois d’être réellement au plus proche du terrain et d’essayer de contribuer à développer la créativité de jeunes là-bas, habituellement laissés de côté, déscolarisés pour beaucoup, et souvent assez renfermés sur eux-mêmes… Alors qu’en réalité, ils débordent d’énergie, d’imagination, et bien entendu d’émotions et d’histoires !

Qu’est-ce qui a motivé cette décision de vous rendre sur place en Jordanie ?

On a rencontré Rémy Dahi, Franco-Syrien comme moi, il y a plus d’un an. Il avait cette envie d’aller plus loin qu’avec le projet Amal et on a commencé à travailler ensemble sur cette idée d’ateliers. Rapidement on s’est rapproché de Bibliothèques Sans Frontières, ONG basée à Paris, qui nous a aidés entre autres pour la logistique et le financement.
 
On a fait un premier voyage en Jordanie il y a quelques mois pour sentir un peu le terrain, rencontrer les jeunes dans le quartier où on comptait développer les ateliers, etc. À cette occasion, on a fait la rencontre de Synaptik, excellent rappeur jordanien (d’origine palestinienne). Il s’est greffé au projet et est devenu notre relais sur place. Rapidement il a apporté Emsallam, autre monstre du rap jordanien, hyper prolifique, créatif (et bien suivi) ainsi que Karam un jeune réalisateur palestinien installé à Amman. C’est devenu, avec Rémy, Bonetrips, MonsieurTok, l’équipe complète de coachs pour les ateliers, moitié français, moitié jordaniens donc.

Comment ont été perçus ces ateliers et quels ont été les retours des réfugiés qui ont participé à ce projet ?

On s’est ainsi retrouvé toute l’équipe en janvier pour presque trois semaines d’ateliers intensifs de rap, beatmaking et vidéo. On a eu plus d’une cinquantaine de participants hyper chauds. Les retours sont excellents, les jeunes continuent à rapper, des crews se sont formés. On a laissé du matériel sur place, pour enregistrer, répéter, composer et tourner des vidéos. On compte revenir dans quelques mois pour voir comment ça évolue. Mais on a des messages réguliers. C’est hyper touchant et motivant pour la suite.
 
Du coup, tous les soirs on se retrouvait entre coachs, on se détendait, on faisait le point sur la journée, les actions des prochains jours, etc. et puis évidemment, en tant que grosse bande de rappeurs, beatmakers, et vidéastes… on s’est mis à faire du son ! En sortent ces trois titres complètement psychés qu’on a à chaque fois réalisés en mode nuit blanche entre deux sessions d’ateliers… Super souvenir de création en Jordanie. On s’est fait plaisir à fond, sans rien calculer. Du coup, il y avait MonsieurTok dans les parages, on en a profité pour shooter un clip dans le vieux marché aux manteaux d’Amman, dans le même esprit ultra étrange que tous les morceaux, le clip sortira bientôt. On a donc appelé ce projet Duwar Kilo, c’est le nom du rond-point de Amman où on avait loué un appartement, installé le studio de fortune qui a permis l’enregistrement de ces tracks.
L’EP est d’ores et déjà disponible sur SoundCloud et un documentaire tourné au cours de ce séjour sortira également à la rentrée ainsi qu’un vinyle avec les titres enregistrés par les réfugiés pendant ces ateliers.
On vous remet le projet Amal ci-dessous :