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Écouter avec les yeux vol. 2 : Lomboy, Kid Francescoli et Metromony

Écouter avec les yeux vol. 2 : Lomboy, Kid Francescoli et Metromony

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Par Julie Bluteau

Publié le

En matière de culture et de musique en particulier, la forme est presque aussi importante que le fond. Chaque mois dans notre rubrique “Écouter avec les yeux”, on vous présente une sélection d’albums aux artworks décalés que l’on dévore d’abord du regard. Aujourd’hui : une actu, un album à venir et un flashback. 

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Pour ce deuxième numéro :

  • On parle actu avec une pépite de Lomboy ;
  • On voit plus loin avec une sortie à venir signée Kid Francescoli ;
  • On remonte le temps avec une pochette culte, celle de The English Riviera de Metronomy.

C’est d’actu : Lomboy – South Pacific (Cracki Records)

L’EP : Tanja, alias Lomboy, a rejoint l’écurie Cracki avec sa pop japonisante et énigmatique, dans laquelle sa voix grimpe dans les aigus tandis que ses mélodies planantes semblent vouloir nous offrir un voyage au-dessus des cerisiers en fleurs. South Pacific, son premier EP de cinq titres, a été conçu avec les tripes, car c’est ainsi que la jeune femme définit sa démarche : “En termes de musique comme de visuel, j’essaie toujours de juger mes créations par ce qu’elles m’évoquent émotionnellement, si elles ont une âme.”

La pochette : Comme chez les autres signatures du label, la pochette de Lomboy se différencie grâce à un aspect visuel soigné, où la nostalgie des 80’s côtoie les néons et les miroirs psychés. Alchimiste de la musique, Tanja aime autant s’amuser avec des samples qu’en transformant des photos.

Pour son premier EP, l’artiste a donc souhaité concevoir la pochette elle-même, en retouchant sur Photoshop la capture d’écran d’un clip hongkongais des années 1980, dans lequel une jeune femme danse au milieu de miroirs qui lui renvoient son reflet : Comme l’EP s’appelle South Pacific, je recherchais une image qui évoque la chaleur, la tendresse et la joie”, explique-t-elle.

“À cause de ces reflets, on dirait que cette jeune femme danse au milieu des gens, alors qu’elle est seule. C’est triste, mais c’est un peu comme ça que je me représente nos rapports humains aujourd’hui : ce sont ces reflets. Ils nous renvoient une simple illusion d’optique.”

Comme quoi, une pochette de disque peut aussi appeler à la réflexion…

Sur Instagram : @cracki.records

À venir : Kid Francescoli – Play me again (Yotanka / PIAS)

L’album : On a connu “le Kid” amoureux dans With Julia, son précédent album bercé par la voix de la jolie blonde américaine Julia Minkin. L’idylle a laissé place à une belle complicité entre les deux artistes, qui collaborent de nouveau sur Play me again, nouveau disque du Marseillais aux nombreux side projects (il fait partie d’autres groupes de la cité phocéenne, dont Nasser, Husbands et Oh ! Tiger Mountain).

Plus éclectique que ses précédents, l’album, dans les bacs le 3 mars prochain, est un savant mélange de dream pop langoureuse, d’électronique cadencée, le tout enrichi par ce que Mathieu Hocine (le passionné d’Ennio Morricone qui se cache derrière le pseudonyme de Kid Francescoli) écoute au quotidien. Du reggae au R’n’B en passant par la french wave, le chouchou de radio Nova insuffle par petites doses ses influences et n’en garde que le meilleur. En résulte un album mélancolique et délicieusement planant.

La pochette : Fidèle au travail comme en amitié, Mathieu a de nouveau fait appel à Hawaii & Smith, à qui il confie la dimension artistique de ses créations depuis ses débuts. Le duo de réalisateurs – l’un a fait ses classes en bossant pour Arte, l’autre en créant des storyboards pour Renault, Nike et Evian – a signé pour Kid Francescoli un artwork à la fois fanfaron et discret”, de l’avis de l’artiste.

Shooté dans un endroit tenu secret, face à la mer, le visuel met en scène Kid et Julia, qui se murmurent quelque chose à l’oreille. En fait, on a essayé d’imaginer ce que pourrait être une image de film de John Cassavetes des années 1980″, expliquent Hawaii & Smith. Ce visuel, une sorte de “Je t’aime moi, non plus” est aussi une déclaration d’amour à la Melody Nelson de Gainsbourg, à condition de “changer le prénom Melody par Julia… Et sans doute la Rolls par une Vespa”. Le voyage peut commencer.

Sur Instagram :@kidfrancescoli

Flashback : Metronomy – The English Riviera (Because Music)

L’album : Rappelez-vous, au printemps-été 2011, on a tous chanté It feels so go(oooo)od in the bay(yyyy)” en maillot de bain, les pieds dans le sable. Avec leur troisième album, The English Riviera, les Anglais de Metronomy nous servaient un grand bol d’air, une bande son estivale et lumineuse truffée de pépites pop new wave et de ritournelles entêtantes – on pense à The Bay et The Look.

Énorme succès à l’international, le disque, sorti chez Because Music, s’est imposé comme l’un des plus réussis de 2011 – à l’époque, il a même été élu deuxième meilleur album de l’année par la revue NME. Une consécration qui s’est d’ailleurs prolongée grâce aux nombreux remixes qui firent l’objet d’un disque à part entière.

La pochette : Outre ses tubes planants, The English Riviera a aussi marqué les esprits grâce à sa pochette, minimaliste et exotique à la fois. Ce visuel très contemporain d’un palmier surplombant la côte et partageant l’horizon en deux, Joseph Mount, le leader du groupe, avoue en avoir acquis les droits auprès de l’office du tourisme de la véritable English Riviera. Un choix qui est loin d’être anodin :

“En enregistrant l’album, je réfléchissais à l’idée d’être un adolescent là où j’ai grandi [dans le sud-ouest de l’Angleterre, ndlr]. J’ai essayé d’imaginer cet endroit en un peu plus glamour. Pour moi, comme pour tous les gens qui viennent de là-bas, la pochette de l’album fait immédiatement référence à ce lieu, puisque ce logo a été utilisé pendant de nombreuses années par l’office du tourisme local. Pour les autres, il s’apparentera à la publicité d’une région ensoleillée, avec la mer, du sable et des palmiers.”

Mais Joseph Mount n’oublie pas pour autant la réalité de son cher pays : “Si cette pochette venait à s’animer, à la fin, il finirait par pleuvoir !”, plaisante-t-il. Inspiré par les choix esthétiques des Talking Heads et de Roxy Music, mais aussi de Kraftwerk, pour ne citer qu’eux, Joseph Mount et sa bande ont, à leur tour, réussi à marquer l’histoire des plus beaux artworks d’outre-Manche.

Sur Instagram: @metronomy

À lire dans notre rubrique “Écouter avec les yeux” :

-> Écouter avec les yeux vol.1 : 3 albums aux artworks décalés à dévorer du regard