DMX : 9 choses à savoir sur la légende du rap rugueux et spirituel

DMX : 9 choses à savoir sur la légende du rap rugueux et spirituel

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Par Aurélien Chapuis

Publié le

La légende DMX nous a quittés le 9 avril 2021. Retour sur une personnalité et une carrière hors-norme qui a commencé très tôt.

#1. Ses amis étaient des chiens errants quand il était petit

Earl Simmons, alias DMX, est né le 18 décembre 1970 à Mount Vernon, dans l’État de New York. Il grandit ensuite à Yonkers, petite ville au nord du Bronx. Sa jeunesse est extrêmement dure, pleine de souffrances. Sa mère s’occupe peu de lui et Earl est souvent livré à lui-même. Violent et chaotique, il passe en centre de détention dès l’âge de 10 ans. 

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Quand il en ressort, il vit presque dans la rue et se prend de compassion pour les chiens errants. Il commence à passer beaucoup de temps avec eux. Earl se rend compte que ses chiens lui offrent de l’amour inconditionnel, de la loyauté et de la protection dans ces rues impitoyables. Il va commencer à parler comme eux. Dès son enfance, DMX aboie.

#2. Il a commencé par le beatbox et son nom vient de là

À 14 ans, Earl retourne en prison pour mineurs pour un vol de chien dans une casse. C’est véridique. On est en 1984 et c’est lors de ce séjour qu’il va vraiment embrasser la culture hip-hop. Avec les autres ados du centre, il commence à freestyler, à écrire et même à composer quelques beats avec des instruments-jouets mis à disposition. Lors d’une sortie, il retourne à Yonkers et rencontre Ready Ron, un rappeur de 27 ans venu de Brooklyn. 

Les deux sympathisent et Ready Ron est impressionné par les performances en beatbox d’Earl : il sait faire un rythme à la bouche comme personne. Ils décident alors de monter un duo, Ready Ron rappe et Earl fait le beatbox. Ensemble, ils vont parcourir New York pour défier d’autres rappeurs en battle. Mais il faut un nom de scène à Earl. Vu qu’il est fort en rythmique, Earl repense aux instruments-jouets utilisés au centre. Et surtout à une boîte à rythme fabriquée par Oberheim et nommée DMX. Bah voilà, un nom ! La carrière de DMX The Beat Box Enforcer commence.

#3. Il a inventé un style de rap devenu populaire en 1990

En 1988, DMX retourne en prison pour braquage. Earl est devenu un voleur réputé à Yonkers, il braque tout ce qui bouge. Et ce qui ne bouge pas aussi d’ailleurs. En prison, il reprend sérieusement le rap et défie tout le monde dans la cour pendant la promenade. C’est là qu’il défie K-Solo, futur rappeur du Hit Squad, proche du groupe EPMD. Leur battle est sanglant. 

Quelques mois après sa sortie de prison, K-Solo sort “Spellbound” un morceau hardcore qui va le rendre célèbre pour son style novateur. Sur “Spellbound”, K-Solo fait des couplets entiers en épelant les mots, emportant l’auditeur dans un tourbillon de lettres qui va faire sa marque de fabrique. Et bien, d’après DMX, c’est lui qui a inventé ce style. 

En effet, malgré son enfance tumultueuse, DMX était bon à l’école. Passionné de lettres, il avait gagné plusieurs concours d’épellation. Dans ses débuts hip-hop, il l’avait adapté à son rap, justement pendant cette battle avec K-Solo d’après lui. En 1995, DMX sort son propre “Spellbound” mais comme il est peu connu, K-Solo n’y apportera aucune attention. Il dira quand même que DMX lui a tout piqué. La guerre pour l’épellation continue de faire rage pour DMX et explose sur son tout premier hit, “Get at Me Dog” en 1998 avec un pic hardcore : “And yo, for real, that nigga K can suck my dick”.

Faut pas déconner avec DMX quand on épelle des insultes. T.A.S.B.I.E.N.C.A.P.T.É ?

#4. Il a passé sa vie à se battre contre ses addictions 

Avec son enfance tortueuse, Earl est tombé rapidement dans les excès. Il grandit pendant les années crack à New York et va malheureusement tomber dedans dès l’âge de 14 ans. Dans tous ses albums, DMX va parler de cette lutte contre ses démons, opposant ses addictions à sa forte spiritualité. 

Il lit la Bible tous les jours et accompagne chaque disque d’un morceau nommé “Prayer”, comme pour exorciser ses pires failles. Avant DMX, le rappeur typique n’acceptait pas ce rôle sensible, il se plaçait toujours plus du côté du dealer que du toxico. DMX a ramené la fragilité dans le rap hardcore américain qui deviendra une norme dans les années suivantes avec les rappeurs emo comme Kid Cudi, Juice WRLD ou XXXTentacion. Tiens, un autre X.

#5. Il avait un groupe avec Jay-Z et Ja Rule avant son succès

DMX sort quelques maxis au début des années 1990 via son ami DJ Irv Gotti qui le prend sous son aile, impressionné par son talent. En 1995, Irv lui propose d’enregistrer un morceau avec son jeune poulain Mic Geronimo. DMX accepte et se retrouve alors sur “Time to Build”, un classique qui invite aussi deux rappeurs proches de Irv Gotti : Ja Rule et Jay-Z. Et oui, en 1995. 

Le morceau fait du bruit dans les rues de New York et Irv Gotti décide de tester un super-groupe avec ses trois talents au rap brut et crapuleux, sous le nom de Murder Inc. (qui sera plus tard celui de son label). DMX, Ja Rule et Jay-Z vont ainsi enchaîner quelques morceaux en trio pendant trois ans, laissant planer l’idée d’un album commun.

Mais DMX ne s’entend pas très bien avec Jay-Z, qu’il trouve trop froid. Ça tombe bien, Jay le trouve un peu trop énervé. Puis DMX se détachera du groupe après sa signature chez Def Jam et accusera même Ja Rule de lui piquer son style. Murder Inc. a été un groupe mythique à la durée de vie très courte, juste avant l’explosion des trois carrières des rappeurs. Ils ont juste eu le temps de faire une couverture pour le magazine XXL. Rien que pour ça, merci Irv.

#6. Il a ramené la culture de la moto dans le rap avec Ruff Ryders

DMX est devenu célèbre grâce à son énorme tube “Ruff Ryders’ Anthem” qui amène la culture des sports mécaniques, et surtout de la moto en bande, dans le rap. À l’époque, cet environnement de motards était plutôt réservé aux ambiances rock’n’roll. Dans l’inconscient collectif, quand on pense huile de moteur et grosse cylindrée, on est plutôt sur Johnny que sur Rakim.

Et bien, DMX va complètement transformer cet esprit, accompagné du collectif Ruff Ryders, un vrai gang de motards originaire de Yonkers dans la banlieue de New York, transformé en label pour l’occasion. Avec ses rythmiques saccadées signées Swizz Beatz et son flow rocailleux, “Ruff Ryders’ Anthem” de DMX va devenir un classique des mordus de vestes en cuir et de moteurs puissants qui va se poursuivre avec les autres membres de son crew comme Eve, Drag-On ou The Lox mais aussi Meek Mill et les motocross de Philadelphie quelques années plus tard.

#7. Il a sorti deux albums multi-platine en moins d’un an

En 1998, cela fait déjà plus de 15 ans que DMX rappe. Il a 28 ans. Et c’est véritablement cette année-là que sa carrière explose. En effet, il sortira deux albums la même année, It’s Dark and Hell is Hot et Flesh of My Flesh, Blood of My Blood, à moins de 8 mois d’intervalle. Et ils seront tous les deux multi-platines. Ça sera le premier rappeur à sortir deux albums sur une année. 

Mais plus encore, DMX va réussir à mettre ses cinq premiers albums en première place du Billboard à leur sortie. Là encore, c’est le premier rappeur à réussir cet exploit. Avec un univers sombre et violent, DMX devient la première rockstar du rap hardcore et influencera de nombreux jeunes rappeurs derrière lui avec plus de 78 millions d’albums vendus dans le monde. 

DMX devient tellement une rockstar que lors du premier clip du jeune groupe pop punk Sum 41 en 2000, qui est-ce qu’on voit arriver par surprise dans un salon avec un quad à l’arrache ? Bah voilà, rockstar.

#8. Son concert à Woodstock en 1999 est devenu mythique

#9. Son titre le plus populaire n’est pas sur un de ses albums 

“X Gon’ Give It to Ya” est le morceau le plus iconique de DMX, connu partout dans le monde. Pourtant, ce titre n’est officiellement sur aucun album. Juste en bonus et sur un best-of, c’est tout. Très rapidement quand sa carrière décolle, DMX est sollicité pour devenir acteur au vu de son charisme débordant. Il commence par le film Belly aux côtés de Nas, réalisé par Hype Williams, qui faisait déjà ses clips. 

Hollywood s’arrache alors DMX pour le placer dans des films d’action efficaces avec Steven Seagal, Aaliyah et Jet Li. En 2003, pour le film Cradle 2 the Grave avec Jet Li, justement, DMX réalise aussi la bande-son avec ce morceau, “X Gon’ Give It to Ya” fait pour dynamiser une scène d’action. 

Et ce sera justement ce mélange de musique énergique et de scènes d’action très rythmées qui va créer le morceau le plus connu de DMX. Il sera réutilisé de nombreuses fois jusqu’à devenir un hymne pour Deadpool en 2016 et ainsi faire revivre la légende de DMX, entre rap hardcore et cinéma survitaminé. DMX était tout ça à la fois. Et bien plus encore.