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Discovery a 20 ans : voici les cinq piliers de l’œuvre d’art de Daft Punk

Discovery a 20 ans : voici les cinq piliers de l’œuvre d’art de Daft Punk

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Par Joséphine de Rubercy

Publié le

Le deuxième album de Daft Punk fête (déjà) ses 20 ans, retour sur ces personnalités qui ont fait de Discovery un chef-d'œuvre.

Alors que Daft Punk vient d’annoncer la triste nouvelle de sa séparation après 28 ans de carrière, l’héritage laissé par le duo le plus mythique de la scène électro française est colossal. Et parmi les plus grosses œuvres de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, leur deuxième album Discovery, sorti le 12 mars 2001, a plus que jamais marqué leur carrière et le monde de la musique.
Non seulement l’album amorce leur mutation artistique en véritables robots casqués et anonymes, mais il s’éloigne des longs formats souvent ressemblants pour proposer mille et une étoiles. Discovery emprunte à d’autres des samples et des voix, ensuite auto-tunés puis remixés avec des prototypes fabriqués de toutes pièces par nos deux DJ, pour produire une machinerie musicale intemporelle.

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Discovery est un album définitivement populaire. Il s’en dégage une ambiance 100 % disco, bercée aux rythmes des synthétiseurs auxquels se mêlent beats house et techno (“Too Long”, “One More Time”, “Superheroes”, “High Life”), passages de basses funk (“Voyager”) et de guitares électriques (“Aerodynamic”, “Digital Love”), sonorités bounce (“Harder, Better, Faster, Stronger”) et acid (“Short Circuit”), moments mielleux downtempo (“Something About Us”), instrus nébuleuses (“Nightvision”) et claviers planants (“Veridis Quo”). 
Aussi éclectique soit-elle, la recette musicale de Discovery fonctionne. Vingt après la sortie de l’album, le succès est indéniable. Si on peut évidemment féliciter Daft Punk pour la qualité de l’œuvre, la richesse et l’originalité de Discovery sont également dues à la participation, directe ou indirecte, d’autres personnalités artistiques. Retour sur cinq d’entre elles.

Cerrone, le père de “Veridis Quo”

À la fin des années 1990, le tandem de cyborgs planche sur son deuxième album, Discovery. Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo décident de contacter Marc Cerrone, pionnier du disco français et père fondateur de la French Touch. Les DJ ont une idée bien précise : sampler son titre “Supernature”, sorti en 1977, véritable monument de la scène disco internationale.

Récemment, Cerrone a déclaré au Nouvel Obs :

Romanthony, la voix méconnue derrière le hit “One More Time”

Romanthony : ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, pourtant vous l’avez entendu plus d’une fois… sur le tube planétaire “One More Time” de Daft Punk. Cette collaboration commence en 1998, quand la paire de robots casqués enregistre un titre très house disco et cherche une voix pour chanter dessus. Les Daft contactent alors Romanthony, chanteur, DJ et producteur américain qui a notamment sorti un album tendance garage en 1997 puis un maxi mythique en 1999 chez Roulé, le label de Thomas Bangalter.

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L’artiste compose et interprète une mélodie infaillible, portée par sa voix soul, et écrit un texte d’amour langoureux : de là naît “One More Time”, une démo qu’il propose au duo. Les célèbres DJ font alors ce qu’ils savent faire de mieux : ils sélectionnent des passages des voix de Romanthony, les posent sur leur enregistrement de départ et remixent le tout à la sauce auto-tune extrême, pour en faire un titre beaucoup plus robotique ou, en d’autres termes, un titre à la Daft Punk.

“One More Time” sort le 13 novembre 2000 et sera le premier single de Discovery. Le morceau devient rapidement une bombe et enflamme les pistes de danse de la planète pendant toute l’année 2001. Aujourd’hui, le hit affiche toujours un compteur de plus de 300 millions de vues sur YouTube.
Romanthony a également chanté sur “Too Long”, tiré lui aussi de Discovery. L’artiste est mort le 7 mai 2013, quelques jours avant la sortie du dernier album de Daft Punk, Random Access Memories.

Leiji Matsumoto, l’atout visuel majeur de Discovery

Pour compléter l’expérience artistique et sonore qu’est Discovery, Daft Punk souhaite une illustration visuelle originale. Le duo souhaite refléter les souvenirs de leur enfance. Ainsi, en 1999, alors qu’ils sont en pleine production du nouvel album, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo ont l’idée extravagante de contacter le Japonais Leiji Matsumoto, père de l’anime et du manga Albator.

Ils lui demandent d’imaginer le scénario d’un film animé dont Discovery serait la bande-son. Matsumoto crée tout un univers manga basé sur un groupe de pop extraterrestre à la peau bleue dont la chanteuse attire les émois d’un jeune aventurier, mis en péril par un producteur machiavélique et avide de pouvoir.

Le dessinateur illustre chaque morceau du disque de ses dessins mythiques, créant quatorze clips qui, mis bout à bout, composent un long-métrage animé de 1 h 30. L’œuvre franco-japonaise Interstella 5555 sort en 2003 sur les écrans et dépeint un univers d’ailleurs très similaire à celui de la série culte Albator ayant marqué toute une génération à la fin des années 1970.

Todd Edwards, la botte secrète de “Face to Face”

Lui non plus n’est pas très populaire auprès du grand public. Todd Edwards est un chanteur et un DJ américain du New Jersey, qui a construit sa carrière loin des projecteurs et de la notoriété. Cet artiste clairement sous-côté a pourtant eu droit à quelques coups d’éclat plutôt extraordinaires. Et ce sont notamment deux collaborations avec Daft Punk qui lui ont permis de briller en tant que magnat des musiques électroniques. Ce père de la UK Garage, surnommé “The God” par ses fans, a attiré l’attention du tandem frenchy grâce à sa capacité à poser des harmonies vocales et à mixer des sons sur scène comme en studio, mais surtout par son style futuriste combinant house, disco, R’n’B.

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Sa dernière contribution à un titre des Daft, “Fragments of Time”, présent sur l’album Random Access Memories, lui a valu de remporter un Grammy Award. Mais sa collaboration la plus mythique est celle sur le titre “Face to Face”, l’avant-dernier morceau de Discovery. Todd Edwards l’a lui-même écrit, composé, coproduit et interprété, sur un sample de “Evil Woman” du groupe Electric Light Orchestra.

Giorgio Moroder, l’inspiration Eurodisco

Giorgio Moroder est l’un des plus grands compositeurs et producteurs des cinquante dernières années. On lui doit notamment “Hot Stuff” et “Love to Love You” de Donna Summer, ainsi que “Call Me” de Blondie et la BO de Flashdance. En 2013, alors qu’il a 73 ans, le célèbre producteur et DJ italien Giorgio Moroder devient un emblème de l’album Random Access Memories de Daft Punk avec le morceau “Giorgio by Moroder”.

Mais en réalité, il influence depuis longtemps le travail du duo casqué. En tant que figure de la musique au synthétiseur et roi de l’Eurodisco, genre européen fusionnant disco et électro, il est une incontestable inspiration pour leur album Discovery. C’est à Giorgio Moroder que l’on doit cette nouvelle direction artistique disco-électro et ces morceaux fabriqués à 100 % au synthétiseur.

Discovery, comme tout ce qui est bon, les fans finissent toujours par y revenir. La mécanique musicale puissante et riche, les productions solides et la diversité des genres donne à l’époque un second souffle à la French Touch. Et 20 ans plus tard, l’album ne s’est pas abimé avec le temps. Pour ça, il faut donc remercier Cerrone, Romanthony, Matsumoto, Eddwards, Moroder… entre autres et, bien entendu, nos deux robots préférés.  

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