Des policiers américains utilisent le copyright de chansons pour éviter d’être filmés

Des policiers américains utilisent le copyright de chansons pour éviter d’être filmés

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Par Joséphine de Rubercy

Publié le

En Californie, des policiers diffusent sur leur portable des musiques aux droits protégés lorsqu’ils sont filmés par des citoyens.

En Californie, des policiers de la ville de Beverly Hills ont trouvé une astuce des plus surprenantes pour ne pas être filmés par des citoyens : ils dégainent leur téléphone portable et se mettent à diffuser de la musique protégée par un droit d’auteur. Ainsi, lorsque les vidéos atterrissent sur Instagram ou tout autre réseau social, elles doivent être immédiatement supprimées, même si la chanson n’y est entendue qu’en fond sonore. N’ayant évidemment pas les droits sur les morceaux en question, les personnes voient donc leurs vidéos “sauter”.

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Une technique efficace quand on sait que de plus en plus de musiques sont soumises à des règles très strictes quant à leur utilisation sur l’ensemble des réseaux sociaux. Pourtant, aux États-Unis comme en France, filmer les forces de l’ordre reste un droit. Voilà pourquoi cette pratique a été dénoncée par un activiste américain nommé Sennett Devermont, qui a lui-même rencontré ce cas de figure.

Selon Courrier international, alors qu’il se trouvait au commissariat pour contester un PV le 6 février dernier, Sennett Devermont réclame les images de l’intervention du policier qui, selon lui, auraient justifié l’invalidité de cette contravention. Pendant sa demande auprès d’un des agents du commissariat, Sennett Devermont filme et diffuse en direct la scène sur Instagram. Identifié comme étant le sergent Bill Fair, selon Vice, le policier demande combien de gens sont en train de visionner le live, ce à quoi Sennett Devermont répond “assez”. Après avoir sorti de sa poche son téléphone portable, le sergent se met à jouer le titre “Santeria” du groupe californien Sublime. Il “augmente le volume” et “reste silencieux pendant près d’une minute” tandis que la musique continue de résonner, explique Vice. Avant d’ajouter, avec un brin d’ironie :

“Si l’on part du principe que Fair [le sergent, ndlr] n’essayait pas simplement de partager avec les résidents de Beverly Hills son amour pour la musique de fumeurs de joints des années 1990, il semble qu’il s’agisse d’une tactique délibérée (bien que malavisée) pour éviter de se faire filmer en s’appuyant sur la protection des droits d’auteur en vigueur sur les réseaux sociaux.”

Les musiques des Beatles, de Marvin Gaye et de 2Pac aussi

Sennett Devermont, qui se trouve être un militant connu de la région de Los Angeles, filme souvent des manifestations et des interactions avec la police en direct sur son compte Instagram, où le suivent 304 000 abonnés. Comme à son habitude, il a donc posté la vidéo de cet agent de police, qui a suscité de nombreuses réactions et a déjà été vue près de 73 000 fois. Interviewé par la chaîne CBS News, Devermont a dénoncé “une atteinte à la liberté d’expression”.

Et ce n’était pas une première. L’activiste a déjà pu constater l’utilisation de cette méthode par les forces de l’ordre, peut-on lire dans son entretien à CBS. Un autre policier de Berverly Hills aurait lui aussi dégainé son téléphone après avoir vu qu’il était filmé par Devermont. Dans une autre ambiance, c’est le titre “Yesterday” des Beatles qu’il a lui choisi de lancer. “Apparemment, la police de Beverly Hills ne craque pas que pour Sublime – elle aime aussi les Beatles”, s’amuse Vice. Sennett Devermont a là encore posté la vidéo sur son compte Instagram, qui comptabilise plus de 125 000 vues.

Selon Vice, ces deux vidéos sous-entendent que “cette tactique est employée par plusieurs policiers et n’était donc pas un cas isolé”. Courrier international explique effectivement que le centre de recherche Berkman Klein de l’université d’Harvard fait état d’autres situations de ce genre, notamment lors des manifestations contre le racisme et les violences policières au moment du Black Lives Matter, en juin et juillet 2020. Une vidéo du média alternatif Unicorn Riot avait par exemple été censurée par YouTube et Facebook car on pouvait entendre en arrière-plan les titres “Let’s Get It On” de Marvin Gaye et “Keep Ya Head Up” de 2Pac. Elle a depuis été remise en ligne, le média ayant obtenu gain de cause.