Grâce aux maths, un chercheur quantifie la mélancolie des chansons de Radiohead

Grâce aux maths, un chercheur quantifie la mélancolie des chansons de Radiohead

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Par Thibault Prévost

Publié le

Le mathématicien Charlie Thompson a conçu une équation qui permet d’estimer le degré de tristesse d’une chanson. Et quel meilleur sujet d’étude que Radiohead ?

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Radiohead est un groupe fabuleux, mais pas franchement conçu pour instiller une ambiance primesautière dans une soirée entre amis. En 25 ans de carrière et neuf albums studios, Thom Yorke et sa clique lunaire ont défriché les plaines de la mélancolie avec une abnégation de conquistadors, s’efforçant titre après titre d’inventer de nouvelles manières de mettre en musique les infinies nuances des idées noires. Pour Charlie Thompson, analyste de données et mathématicien, le groupe britannique représentait un sujet d’étude idéal.

Car l’étude de Thompson, publiée sur le site d’informatique Revolution et rapportée en France par Numerama, a pour ambition de quantifier la mélancolie en musique à l’aide d’une équation, d’un paquet de variables et du langage informatique R. L’idée : déterminer “la chanson la plus dépressive de Radiohead”, scientifiquement parlant. L’article, passionnant, nous dévoile non seulement la méthode mais aussi les résultats obtenus par le chercheur.

Trois variables et un “score de morosité”

Première étape, essentielle : collecter un maximum de données sur la discographie du groupe. Après recherche, Thompson isole trois sources fiables, qui sont devenues les variables de l’équation finale. La première est l’indice de “valence” de chaque titre établi par l’API de Spotify, qui quantifie la “positivité” transmise par chaque titre selon un indice allant de 0.0 à 1.0. Une première indication solide, mais Spotify place plusieurs titres à égalité. Thompson se tourne alors vers la base de données de paroles de chansons du site Genius, afin de déterminer le pourcentage de mots “tristes” de chaque titre – le champ lexical de la tristesse étant défini par une étude statistique canadienne d’ampleur, sortie en 2013 et basée sur le crowdsourcing, qui cherchait à associer précisément mots et émotions. Et avec 36 % de mots “tristes” dans son texte, “High and Dry” remporte la palme.

Pas encore rassasié de data, Thompson s’est enfin tourné vers une troisième variable, la “densité lyricale” – ou l’importance du texte dans la chanson, via une méthode calculant le nombre de mots par seconde. Armé de ces trois ensembles de données, le mathématicien s’est ensuite attelé à la conception d’une équation pour les relier toutes. Une sorte de formule magique, qui détermine avec précision le degré de tristesse de chaque titre sur une échelle de 1 à 100, la valeur 1 exprimant le paroxysme de l’affliction – pour ceux que les détails mathématiques intéressent, ils sont sur le blog de Thompson. Et selon cette méthode, le titre le plus déprimant jamais conçu par Radiohead est, roulement de tambour, True Love Waits, présent sur le dernier opus du groupe, A Moon Shaped Pool. La prochaine fois que vous cherchez un titre pour coller à votre désespoir, vous saurez vers quoi vous diriger. Jugez plutôt.