Talkin’ Bout a Revolution : comment la chanson culte de Tracy Chapman a traversé les âges

Talkin’ Bout a Revolution : comment la chanson culte de Tracy Chapman a traversé les âges

photo de profil

Par Pénélope Meyzenc

Publié le

Sorti il y a 32 ans, le premier album de la chanteuse contenait un hymne engagé qui reste toujours d'actualité.

Il y a 32 ans, le 6 avril 1988, le premier album de Tracy Chapman, qui porte son nom, voyait le jour. Marquant le début de sa longue carrière, il dévoilait aussi l’un de ses plus célèbres morceaux : “Talkin’ Bout a Revolution”.

À voir aussi sur Konbini

Du haut de ses 24 ans, l’artiste a poussé l’Amérique blanche dans ses retranchements. Un morceau fort aux paroles contestataires pour rappeler la situation des plus démunis, au bord de l’explosion. Finalement, c’est le monde entier que sa voix profonde a fait vibrer et ce pour plusieurs décennies. À l’international, ce single a rencontré un immense succès, atteignant le top 40 dans plusieurs pays, dont la France.

C’est au cours du concert organisé pour la libération de Nelson Mandela que cette chanson, tout comme “Fast Car” et “Behind the Wall”, a réellement été écoutée pour la première fois. Le 11 juin 1988, à l’occasion des 70 ans du leader emprisonné, l’évènement a été organisé pendant 11 heures et rediffusé dans 67 pays depuis le stade de Wembley de Londres.

Alors qu’elle n’était encore qu’une jeune artiste obstinée, Tracy Chapman s’est produite aux côtés de 83 grands noms de la musique pop rock de l’époque, comme Stevie Wonder ou même Whitney Houston. Elle chante contre la pauvreté, le racisme et pour l’amélioration de la condition féminine face à soixante-quinze mille personnes.

Ce premier concert ouvrait la fois à une série d’autres à des fins caritatives, évènements à l’image de l’engagement incommensurable de Tracy Chapman. Elle a d’ailleurs été qualifiée par de nombreux critiques comme l’“héritière féminine de Dylan” ou de “Dylan noire”.

Vingt ans plus tard, la chanson “Talkin’ Bout a Revolution” à haute portée symbolique trouve toujours sa place dans l’actualité. En Tunisie, elle a par exemple été diffusée à la radio pendant la révolution de 2011. Aux États-Unis, le titre a servi de thème non officiel pour la campagne présidentielle de 2016 du sénateur démocrate du Vermont, Bernie Sanders.

La révélation d’une génération

Il y a quelques jours, Tracy Chapman fêtait ses 56 ans. Le 30 mars 1964, elle naissait dans un quartier populaire de Cleveland, où elle a grandi par la suite. Passionnée par la musique dès son plus jeune âge, elle partageait son amour pour cet art avec sa mère, qui chantait à l’église chaque dimanche. C’est elle qui lui a offert sa première guitare à l’âge de 8 ans : un instrument qu’elle n’a plus quitté ensuite.

Cette mère qui l’encourageait refusait pourtant qu’elle se lance dans la musique avant d’avoir terminé ses études. Ce n’est donc qu’après avoir obtenu un diplôme que son immense carrière a pu commencer. “Je dois dire que je n’aurais jamais pensé obtenir un contrat avec une grande maison de disques”, a déclaré Chapman à Rolling Stone. Et pourtant.

Convaincue de ne pas être suffisamment intéressante pour séduire un public, Tracy se contentait de chanter dans les bars de Boston avec sa guitare. Elle parvint finalement à enregistrer une maquette qui fait le tour des radios locales, pour terminer entre les mains d’Elliot Roberts (manager, entre autres, de Bob Dylan) qui lui propose d’enregistrer son premier album.

Auteure aujourd’hui de huit albums studio jusqu’à Our Bright Future (2008), elle a vendu plus de quarante millions d’albums dans le monde et reçu quatre Grammy Awards. Son premier opus, Tracy Chapman, restera le plus connu de sa carrière. Au moment de sa sortie, il s’est vendu à cinq millions d’exemplaires en un an seulement, et lui a valu trois de ses Grammys, dont celui de la Révélation de l’année. Plus que cette récompense, Tracy Chapman a été la révélation et le souffle d’espoir de toute une génération.