Interview : Ulrika Spacek, à la croisée de la techno berlinoise et de la tradition rock anglaise

Interview : Ulrika Spacek, à la croisée de la techno berlinoise et de la tradition rock anglaise

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Par Chayma Mehenna

Publié le

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Vous étiez à Berlin, pourquoi ne pas y être restés ?
Rhys Edwards | Beaucoup d’Anglais se relocalisent à Berlin. C’est assez complexe d’y trouver du travail pourtant. Peut-être aussi que nous ne sommes pas assez sociables pour rencontrer beaucoup de gens. Ce n’est que quand tu pars que tu te rends compte de ce que tu avais à la maison. Nous n’avons commencé à écrire pour notre groupe qu’une fois revenus de Berlin, nous nous sommes mis en colocation et on s’est retrouvés à jouer ensemble.
Les groupes se font et se défont tous les jours à Londres. Comment vous faites pour vous démarquer ?
Rhys Williams | Peut-être qu’on ne se démarque pas. [rires]
Rhys Edwards | Londres est l’endroit parfait pour créer un groupe à guitares. Le nombre croissant de groupes est une bonne chose, tout le monde s’entraide, on va aux concerts des uns et des autres. Ça n’a rien d’une compétition.
Ça n’arrive pas souvent qu’un groupe de musique de rock psychédélique comme le vôtre s’inspire de musique techno. Comment ça se fait ? 
Rhys Edwards | On n’en écoute pas non plus souvent chez nous lorsque l’on est assis sur notre canapé mais c’est qu’à Berlin, il n’y avait pas vraiment de scène rock. Il y a une certaine monotonie, une répétition issue de la techno qui s’est infiltrée dans notre musique de manière évidente. On aimerait faire des tournées avec des DJ, ça marcherait bien. Mais nous n’avons encore rencontré personne avec qui l’on pourrait mener à bien ce projet.
Vous vivez dans une maison particulière. Vous pouvez m’en parler ? 
Rhys Edwards | On habite dans une ancienne galerie d’art à Homerton qu’on appelle KEN. On n’a pas à se soucier des voisins ou de colocataires. On fait nos albums à la maison, quand on le veut. Les gens n’ont plus besoin de studios pour faire de la musique et c’est vraiment un progrès. Souvent les gens ne réalisent pas que nos morceaux sont faits avec des ressources limitées. Sans cette maison, nous n’aurions probablement pas sorti nos albums. Une de nos nouvelles chansons a été écrite au lit. On s’est réveillés et on avait juste à prendre notre ordinateur portable, même pas besoin de se lever.

Vous vous sentez plus confiants à propos de ce que vous faites maintenant que vous avez de l’expérience ?
Rhys Williams | Assez. Le deuxième album a été plus simple, on se sentait plus confiants, on savait un peu plus ce que l’on faisait.
Rhys Edwards | On a commencé à écrire pour le second album directement après avoir fini le premier, nous n’avons pas trop eu le temps de penser à ça. C’était dans la continuité du premier. Nous avons écrit pendant ces six derniers mois pour savoir ce que nous allions faire après. Il y a une sensation étrange qui vient du fait de ne pas vouloir refaire ce que nous avons déjà fait. On devient plus exigeants. Mais c’est sûrement ce qui nous pousse à aller vers de nouveaux horizons. On n’est pas pressés de sortir l’album suivant. Les deux premiers vont de pair, le troisième sera seul.
À vos débuts, vous n’aviez pas l’air très à l’aise sur scène. Ça se passe comment à présent ?
Rhys Edwards | Je ne pense pas qu’on devienne meilleur sur scène.
Rhys Williams | Jouer dans le noir avec des projections derrière nous a beaucoup aidé car nous n’étions pas le centre de l’attention.
Rhys Edwards | En festival, nous sommes exposés à la lumière du jour, on se sent vraiment vulnérables, comme si on était mis à nus.

Vos paroles évoquent souvent des pensées intrusives, comment vous gérez les mauvaises pensées lorsqu’elles viennent ?
Rhys Edwards | On les couche sur le papier. Le second album est vraiment une sorte de conversation avec nous-mêmes. On a toujours un monologue qui a lieu en nous. Parfois je me dis que je dois avoir l’air bien égocentrique à ne pouvoir écrire que sur ce qu’il se passe dans ma tête mais je me dis qu’il y a certainement des gens qui peuvent se retrouver dans nos paroles, qui peuvent s’identifier. Les gens ont tendance à dire qu’il faut écrire sur ce que l’on connaît mais j’aimerais beaucoup être capable d’écrire sur ce que je vois du monde et peindre un tableau de la société actuelle.
Vous avez l’air assez introvertis, comment vous vous en sortez dans l’industrie musicale ?
Rhys Williams | Ça peut-être assez fatiguant parfois. On s’y acclimate encore.
Rhys Edwards | On a rencontré de nombreux autres groupes en se faisant connaître et on s’est rendu compte que certains se montrent beaucoup. On ne voudrait pas devenir comme ça. On ne se verrait pas jouer le jeu sans scrupule. On a beaucoup de chance, notre manager comprend bien ce que l’on aime et ce que l’on déteste. Il n’est pas trop dans le business, il est très humain. On préfère que les gens viennent vers nous plutôt que de les démarcher.