Les ventes d’albums n’ont jamais été aussi basses depuis… 1960

Les ventes d’albums n’ont jamais été aussi basses depuis… 1960

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Par Hong-Kyung Kang

Publié le

Une baisse historique.

Alors que l’épidémie du coronavirus sévit lourdement dans le monde entier, les répercussions se font ressentir dans l’industrie musicale. En effet, Consequence of Sound annonce que cette dernière vient de connaître, aux États-Unis, la pire semaine de vente d’albums… depuis 60 ans. Un impact négatif qui se ressent à tous les niveaux de la production musicale d’aujourd’hui.

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La crise annoncée par les chiffres est grave : près de 1,52 million d’albums physiques ont été vendus aux États-Unis, la semaine du 19 mars, un nombre qui n’avait jamais été aussi bas depuis le milieu des années 1960. En ce qui concerne la France, Les Échos tirent également la sonnette d’alarme : c’est une perte à hauteur d’environ 50 millions d’euros pour le marché du disque qui est à prévoir entre mi-mars et fin mai, par rapport à la même période en 2019. 

Et le streaming n’est pas épargné. En effet, les chiffres d’écoute ont baissé de 7,6 % outre-Atlantique, durant la semaine du 13 mars. Une chute qui démarre aussi en Europe : Ouest-France affirme qu’en Italie, premier pays du vieux continent à avoir été placé sous les mesures de confinement, les streams ont diminué de pas moins de 23,1 % entre le 3 et le 17 mars. La France, quant à elle, amorce une baisse d’écoute sur les plateformes de 2,4 %. 

Une situation due à plusieurs facteurs 

En ce qui concerne les ventes physiques, les baisses sont plutôt simples à expliquer. Premièrement, des raisons techniques entrent en jeu : comme le relaie le magazine Rolling StoneAmazon suspend en ce moment ses ventes de nouveaux albums et vinyles, afin de prioriser les biens très demandés comme des fournitures médicales par exemple. Commander un disque sur Internet est donc moins facile aujourd’hui. 

Deuxièmement, nombre de points de vente de CD ont aujourd’hui fermé depuis le début des mesures de confinement. Si certaines grandes surfaces restent ouvertes, les gens ne se tournent plus vers les rayons de disques, l’achat de denrées alimentaires étant en ce moment une priorité absolue. 

Il est plus compliqué d’expliquer la baisse des streams. Alors qu’on pourrait croire que le confinement est un moment propice à l’écoute de la musique sur les plateformes telles que Deezer ou Spotify, ce n’est en réalité pas le cas, comme l’explique 20 minutes. En effet, l’écoute de musique se fait généralement à des moments précis de la journée, notamment dans les transports en commun. Alors que la routine quotidienne se retrouve aujourd’hui bouleversée, les gens se détournent de la musique en ligne.

En effet, pour nombre de personnes, le travail professionnel et le quotidien personnel se sont totalement confondus. Entre le télétravail, la garde des enfants, et les obligations ménagères, beaucoup ont paradoxalement moins le temps d’écouter de la musique en ligne, ou n’y pensent tout simplement plus. 

Des séquelles à prévoir sur le long terme 

Toujours selon Les Échos, le manque total à prévoir du marché du disque serait de 16 % sur toute l’année 2020. Et les doutes substituent quant au long terme : il n’est pas certain que les ventes repartiront comme avant à la fin de l’épidémie. 

La crise qui s’annonce pour les points de vente physique aura également une répercussion sur les plateformes de streaming. Par exemple, la plateforme Deezer réalise près de 20 % de ses ventes d’abonnements via des partenaires tels que Orange ou La Fnac. Alors que ces boutiques sont aujourd’hui fermées, les conséquences ne pourront que s’en faire ressentir pour la plateforme de streaming. 

Cependant, tout n’est pas noir en ce qui concerne le streaming. En effet, le business des plateformes étant basé sur l’abonnement, ce n’est pas tant le nombre d’écoutes que le nombre d’abonnés qui a une réelle influence sur l’économie de Deezer, Spotify et d’autres. 

De plus, Louis-Alexis de Gemini, directeur général de Deezer, affirme que les streams recommencent à augmenter en Italie. L’écoute est désormais plus homogénéisée tout au long de la journée, et ne se fait plus seulement à des périodes clés telles que les heures de trajet. 

Si les nouvelles sorties rencontrent en ce moment un succès moindre, on note néanmoins un regain d’intérêt pour les morceaux plus vieux (qui ont généralement plus de deux ans).  Pour le moment, on ne peut qu’espérer que les répercussions de cette crise ne soient pas trop sévères sur l’industrie musicale, et le monde culturel en général. On vous invite, dans la mesure de votre possible, à soutenir les artistes en écoutant leurs sorties du moment. La musique n’a-t-elle pas toujours été une échappatoire dans les moments difficiles ?