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Comment Shia LaBeouf est devenu l’un des meilleurs rappeurs en impro de la planète

Comment Shia LaBeouf est devenu l’un des meilleurs rappeurs en impro de la planète

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Par Aurélien Chapuis

Publié le

En vrai, c'est pas nous qui le disons mais Chance The Rapper. Donc on peut le croire sur parole.

Entre deux piments immangeables dans le dernier épisode de l’émission “Hot Ones”, Chance The Rapper annonce l’air de rien que Shia LaBeouf est, pour lui, un des meilleurs rappeurs en freestyle du monde. Cette réflexion vient après une théorie intéressante du présentateur Sean Evans qui compare rap et comédie.

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En effet, le rythme d’un comédien, qu’il soit acteur ou comique de stand-up, est très proche de celui d’un rappeur. Il suit son instinct pour que chaque rime ou blague tombe juste. Et en fait, cette théorie ne vient pas du présentateur mais de… Shia LaBeouf qui était invité dans l’émission quelques semaines plus tôt.

Il est vrai que Shia LaBeouf a marqué les esprits pendant les années 2010 pour ses improvisations aléatoires mais toujours hyper énergiques. La plus célèbre reste son passage chez Sway où Shia s’est mesuré au défi “Five Fingers of Death” avec des rimes extrêmes sur cinq instrumentaux classiques de Missy Elliott, 2Pac, Notorious B.I.G., Dr. Dre & Snoop et son pote Cage pour finir. Les choix étaient parfaits car en grand fan de rap, Shia a trois tatouages de ses rappeurs préférés : Pac, Biggie et Missy.

“Listen, written / I’m not a rapper”

En 2016, il a ensuite enchaîné avec des clashs en tout genre, à l’attention de Drake, Lil Yachty et même du présentateur Pete Rosenberg de HOT 97 (qui lui a répondu). Il condense toutes ses envies et folies dans un freestyle équivoque nommé “Zapruder” diffusé dans l’émission The Breakfast Club.

Autour de ces deux événements importants, plusieurs autres vidéos émergent et deviennent virales. Entre discours de motivation et freestyle de l’étrange, elles vont toutes marquer les années 2015 et 2016 de l’acteur. En restant totalement réel et unique, Shia LaBeouf devient un mème vivant, un esprit libre mais caricaturé à l’extrême.

Mais Shia LaBeouf est-il vraiment un bon rappeur ? En jouant sur ses aptitudes d’acteur et son sens de la dérision, Shia développe un style à part, à la fois technique et émotionnel. Il est impossible de savoir s’il peut construire un morceau ou chanter avec musicalité comme c’est la norme à présent. Mais sa capacité à multiplier les punchlines et bons mots en fait un rappeur très efficace en improvisation.

D’ailleurs, l’acteur est aussi une source d’inspiration pour la nouvelle génération du rap. Dans un entretien pour NME à l’été 2019, le groupe Brockhampton déclarait avoir été très inspiré par ses discussions avec Shia et son attitude créative.

En plus du freestyle, Shia LaBeouf a toujours été proche de deux artistes rap aussi torturés que talentueux : Kid Cudi et Cage. Il réalisera d’ailleurs plusieurs vidéos pour eux dont le dérangeant “Maniac”. En dépression et noirceur efficace, ses deux profils résument bien ce que pense Shia LaBeouf de la musique et du rap. Une autre piste à explorer.

Mais l’intérêt de Shia pour le rap et son style d’improvisation ne datent pas de ces dernières années. Déjà en 2003, pour la promotion du film The Battle of Shaker Heights, le jeune Shia se lançait dans un freestyle dans le “Late Late Show” de Craig Kilborn. Et comme pour confirmer la théorie comparant rap et comédie au début de cet article, Shia Labeouf a commencé à 10 ans comme comédien de stand-up dans les clubs de Los Angeles, avant d’être repéré par Disney. Il était alors réputé pour avoir des blagues outrageantes avec un langage d’homme de 50 ans. 

Comme confirmé par Chance et Sean, depuis ses débuts, le rap est influencé par la comédie, surtout par le stand-up. Les premières personnes à être considérées comme des rappeurs peuvent être des comiques comme Redd Foxx, Richard Pryor et surtout Rudy Ray Moore. 

La montée du comique peut être observée dans le film qu’Eddie Murphy et Craig Brewer lui ont consacré sur Netflix récemment. Dans son phrasé et son écriture, Rudy Ray Moore se rapproche au plus près de ce qui sera les prémisses du rap dans les années 1970.

Surtout avec son personnage truculent de Dolemite, Rudy se lance dans des tirades entre slam salace et rythmique brute, une absurdité à l’époque qui va devenir une norme pop. D’autres personnalités hautes en couleur vont suivre ensuite dans le même genre comme l’artiste Blowfly, entre comédie et musique

Shia LaBeouf s’inscrit finalement dans cette lignée, celle d’un comédien capable de rimer en rythme avec des blagues et des provocations. En mélangeant humour et violence, les freestyles éparpillés de Shia LaBeouf montrent son talent multiforme, celui des grands noms touche-à-tout. Le rap est juste une passion indestructible et une corde en plus à son arc. Un arc de triomphe d’après Chance The Rapper.