Comment Sean Paul a réussi à emmener le dancehall sur la scène mondiale

Comment Sean Paul a réussi à emmener le dancehall sur la scène mondiale

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Par Maëva Carayon

Publié le

Le roi du dancehall et du reggaeton fête aujourd'hui ses 47 ans.

Sean Paul, le chanteur à la voix reggae unique et aux multiples casquettes (rappeur, auteur-compositeur, musicien, producteur) célèbre ses 47 ans ce jeudi 9 janvier. En une vingtaine d’années de carrière, il a réussi à s’imposer sur un marché peu ouvert à l’époque. Retour sur un artiste qui a marqué les années 2000 en amenant le dancehall sur la scène mondiale.

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Bien évidemment, on pourrait également citer d’autres grands noms associés à ce courant musical : Vybz Kartel, Yellowmen, Elephant Man, ou encore Mister “Boombastic”, Shaggy. Mais Sean Paul est de loin le plus iconique de sa génération et a brillé durant cette décennie en sortant une flopée de hits entre 2001 et 2010 qui ont retourné la planète.

Mais comment Sean Paul a-t-il accédé au titre officieux de “roi du dancehall” ? Avant les années 2000, le marché américain était peu ouvert aux vibes de la Jamaïque – île pourtant proche du pays. Cette musique populaire vibrante apparue à la fin des années 1970, avec notamment l’un des précurseurs de ce mouvement le DJ Super Cat, a mis du temps pour trouver sa place à l’internationale. 

L’artiste, qui a vendu plus de 10 millions de disques à travers le monde, était d’abord destiné à une carrière sportive dans le water-polo. Il s’est ensuite vite tourné vers la musique, pour un total de six albums studio tout au long de sa carrière. 

Un premier album pour lancer la machine 

Sean Paul commence sa carrière en 1996 lorsqu’il fait connaissance avec son futur producteur Jeremy Harding, alors boss du label 2 Hard Records. Une rencontre qui va propulser l’artiste. Il enregistre alors son premier titre intitulé “Baby Girl” qui rencontre un franc succès en Jamaïque. Mais le morceau n’est pas encore assez puissant pour éclater aux oreilles du grand public et séduire la scène internationale. 

Un premier essai encourageant donc, qui pose les fondations de sa future œuvre. En 1998, Sean Paul écrit la bande originale du film américain Belly, intitulée “Top Shotter” en featuring avec son confrère jamaïcain Mr. Vegas. Morceau avec lequel il va faire un premier pas vers les États-Unis. Deux ans plus tard, il sort son premier projet nommé Stage One le 28 mars 2000 sous le label VP record.

L’alliance de la pop et du dancehall

Alliage de pop et de dancehall, Dutty Rock est l’album qui lui permet de faire un bond et de séduire hors de son pays. Fruit d’une collaboration entre Sean Paul et des producteurs de Toronto, le projet connaît un énorme succès, grâce aux titres “Gimme The Light” et “Get Busy”. Il se vend à plus de 6 millions d’exemplaires dans le monde. Une énergie innovante et enivrante envahit alors les clubs. La légende est en marche.

Toujours à la même période, une collaboration de prestige avec Beyoncé, intitulée “Baby Boy”, débarque. Carton plein pour le Jamaïcain.

Il en va de même avec le morceau “Breath” en featuring avec la chanteuse de R’n’B Blu Cantrell.

Peu à peu, Sean Paul s’installe. Ces deux tubes, qui se classent tous les deux numéro un des charts, permettent au chanteur d’acquérir une immense popularité aux États-Unis. 

Encore plus fort avec The Trinity 

L’artiste ultra-productif multiplie les efforts et va frapper encore plus fort en lâchant son album The Trinity le 21 septembre 2005. Un condensé de sonorités fidèles à son pays d’origine dans lequel on retrouve entre autres les titres “Give It Up To Me” et “Temperature”. Le premier, en featuring avec la chanteuse Keyshia Cole, sera utilisé pour le film Sexy Dance. Tandis que le second, judicieusement nommé, continue de faire grimper le thermomètre des années plus tard.

Au vu de ces énormes succès, l’artiste parvient à s’imposer sur un marché international peu ouvert à ce courant musical. Grâce à ce troisième album écoulé à 3,5 millions d’exemplaires, il devient plus que populaire aux États-Unis. Le chanteur sera même nommé quatre fois aux Billboard Music Awards et multiplie les apparitions sur la scène américaine. 

Trois années après l’énorme succès de The Trinity, le chanteur sort son quatrième opus intitulé Imperial Blaze le 18 août 2009. Un album cette fois-ci aux tonalités un peu plus électro’ pop. Malheureusement, Flamme impériale de son nom en français, ne fait pas l’unanimité. Et pourtant, il bat des records dans certains pays, dont la France, où il y décrochera un disque d’or. Un album où l’on peut retrouver “Lace it”, “She Want It”, et le morceau “So fine” qui a lancé le projet.

Début du déclin

Après une décennie riche pour l’artiste, la carrière de ce dernier commence à stagner au début des années 2010. Il sort quand même deux projets. Le premier, Tomahawk Technique, est publié le 27 janvier 2012 sous le label Atlantic Record, et est porté par le titre “Got 2 luv U” en featuring avec Alexis Jordan.

Le second, son sixième et dernier album studio nommé Full Frequency, paraît le 14 février 2014. Celui-ci ne jouit pas de la même popularité que les précédents. En 2015, l’artiste décide de quitter son label pour devenir indépendant pour la première fois depuis l’année 2000. 

Une énorme influence sur la musique et ses artistes

Malgré cela, les années 2000 ont pris un autre tournant lorsque Sean Paul a ramené les rythmes vibrants du dancehall sur la scène mondiale. Un artiste éclectique, à qui de nombreux artistes doivent beaucoup. Ses riddims deviennent une nouvelle source d’inspiration pour une nouvelle génération. Le dancehall est depuis adapté sur des styles plus contemporains, avec par exemple Diplo. Celui-ci a poussé les rythmes du dancehall vers un public plus large grâce à son groupe Major Lazer, formé en 2008. La Queen en personne, Beyoncé, reprend même l’instrumentale de “Pon De Floor” pour le tube “Run the World”. Major Lazer, un groupe avec lequel Sean Paul partagera d’ailleurs le titre “Come On To Me”. 

Le talent renversant de Sean Paul a bousculé toute une génération d’artistes, qu’ils soient américains ou jamaïcains. Le dancehall s’invite même dans le rap, avec par exemple Kanye West et son morceau “Mercy”, où il ajoute un extrait de “Dust A Sound Boy” de Super Beagle à son single.

Véritable maître dans son art, Sean Paul a su se diversifier et explorer diverses facettes de sa personnalité. Il le prouve bien en poussant l’étendue de son savoir-faire lorsqu’il combine sa voix avec différents rythmes : hip-hop, pop, électronique ou même R’n’B. Pour le constater, on peut se pencher sur quelques-unes de ses collaborations : Beenie Man, Estelle, Jay-Z, la Française Zaho, Kelly Rowland, Rihanna, Akon, Dua Lipa, Migos ou encore Sia avec “Cheap Thrills” sorti en 2016.

Plus récemment, notre roi du dancehall s’est fait remarquer grâce à des collaborations avec des artistes tels que le chanteur de reggaeton colombien J. Balvin, ou encore DJ Snake avec le morceau “Fuego” sorti en octobre dernier.

Si le reggae dancehall se faisait rare sur le plan international, Sean Paul, lui, a mis tout le monde d’accord, exposant son talent aux quatre coins du globe. Ces tubes, dix ans après, n’ont pas pris une ride et font toujours l’unanimité. Une attitude bien à lui, une voix reggaeton sans équivalent et des tresses, entrées depuis dans la légende. Sean Paul a bel et bien marqué de son empreinte le deuxième millénaire.