Les pierres d’infinité réunies, il est temps de classer les cinq albums de Damso

Les pierres d’infinité réunies, il est temps de classer les cinq albums de Damso

Image :

© Benjamin Marius Petit pour Konbini

photo de profil

Par Joséphine de Rubercy

Publié le

Après la sortie de QALF Infinity, c’est donc le moment de classer tous les albums de Dems (et spoiler, il y a une égalité).

C’est sûrement l’artiste qui fait le plus de bruit en ce moment : Damso a frappé très fort avec QALF Infinity, son dernier album explosif sorti le 28 avril. Après sa mixtape Salle d’attente, la discographie du rappeur bruxellois s’est imposée comme un modèle de cohérence et de qualité, chaque projet ayant marqué durablement le rap français.
L’univers à la fois sombre et doux de Dems est porté par de très nombreux singles tels que “Autotune”, “Mosaïque solitaire” ou encore “911”, qui sont devenus autant de classiques. La rédaction musique de Konbini s’est donc lancé le défi de classer les albums de Damso, de la manière la plus objective possible. Et spoiler, il y a une égalité.

À voir aussi sur Konbini

5. Lithopédion

Lorsque Lithopédion est dévoilé, Dems s’est déjà imposé comme un ténor incontournable du rap français. L’attente est donc proportionnelle à l’enthousiasme du public, et ce dernier attend le rappeur au tournant. À sa sortie, le troisième album de l’interprète de “BruxellesVie” reçoit un accueil chaleureux, porté par des morceaux tels que “Silence” en collaboration avec Angèle et “Feu de bois”.

Cependant, avec du recul, le projet semble pâtir d’un manque d’impact, comparé aux autres disques du rappeur bruxellois. La patte si particulière de Damso apparaît plus diluée : à côté de ses autres albums qui brillent d’un charme brut, la faiblesse de Lithopédion se situe peut-être dans son aspect un brin trop sophistiqué. Ces défauts n’empêchent toutefois pas certains titres de tourner encore dans nos playlists.

4. QALF (ex æquo)

Quatrième album studio de Damso, QALF est sorti le 18 septembre 2020 sous le label indépendant du rappeur, Trente-quatre centimes. En préparation depuis 2015, soit cinq ans avant sa sortie, l’album fut d’abord une mixtape. L’acronyme QALF, pour “Qui aime like follow”, est mentionné par le rappeur dès ses débuts et suscite immédiatement de nombreuses spéculations, mathématiques et mythologiques, autour de l’univers si codé et complexe de Damso.
Le projet a généré une telle attente de la part du public qu’il est perçu comme une ombre pesante au-dessus de l’artiste. Il n’a pour autant pas déçu. Beaucoup plus personnel que Batterie faible, Ipséité et Lithopédion, QALF est aussi plus simple, plus direct. Les figures de styles et autres concepts alambiqués qu’on lui connaissait sont loin. L’album nous prend dès l’introduction “MEVTR”, une référence à son premier pseudonyme dans le rap.

S’enchaînent alors parfaitement le puissant “Life Life”, le poétique “Deux toiles de mer”, l’intime “Sentimental”, le belliqueux “BXL Zoo” avec Hamza, le sensible “Cœur en miettes” avec Lous and the Yakuza, l’inclassable “Pour l’argent”, les plus rap “BPM” et “D’ja roulé”, le funky “911”. Pour finir, “Fais ça bien”, “Rose Marthe’s Love” et “Intro” clôturent divinement ce chemin artistique unique. Unique, car Dems s’ouvre à de nouvelles sonorités pour produire un album imprégné de musicalité, plus éloigné du rap (et du nwaar). Une ambiance plus émotive et plus apaisée se dégage, et révèle un Damso intimiste et honnête, qui parle de sa famille, sa vie et ses amours avec une douceur nouvelle.

3. Batterie faible (ex æquo)

Lorsque Dems se présente au public en 2016, juste après avoir signé chez le 92i, personne n’est prêt. Le rappeur bruxellois impose sa patte si particulière, marquée par une franchise à toute épreuve qui met en relief une sincérité à fleur de peau. Batterie faible ne comporte pas de moments creux, et les morceaux s’enchaînent avec toujours autant d’impact. La fermeté sans concession de “Débrouillard”, l’intransigeance de “BruxellesVie” ou l’émotivité cotonneuse d'”Autotune”, l’auditeur est plongé dans une véritable effervescence.

Très vite, certains esprits sont dérangés par cette authenticité sans filtre. “Amnésie”, morceau dans lequel Damso raconte une histoire d’amour tragique qui aboutit au suicide de sa partenaire, est censuré, et vaudra même la suppression provisoire de tout l’album en 2017. Ce titre “maudit” est pourtant un de ceux qui reflètent le mieux l’univers de Dems, et dans lequel l’obscurité, parfois lugubre, ne laisse que rarement place à la lumière.

2. QALF Infinity

Ce deuxième volet de QALF, sorti le mercredi 28 avril, vient d’être sacré double disque de platine (en un peu plus d’une semaine donc). Si QALF Infinity se situe chronologiquement après QALF, il est en fait la suite logique d’Ipséité si l’on s’en tient à l’alphabet grec initié par Damso dans ce second album. Sans lui, le passage d’Ipséité à QALF pouvait être brutal, désarçonnant. QALF Infinity se révèle donc être une parfaite transition. Plus que ça, le projet est aussi un chef-d’œuvre unique, innovant et très riche, qui élève le rappeur belge au rang de maestro.

Effectivement, on a droit à des instrus magiques signées par des producteurs tels qu’Ikaz Boi, Prinzly ou Jules Fradet. Encore plus musical que QALF, l’album est porté par des sons acoustiques soignés (“Passion”) et de grosses performances instrumentales (“Morose”). À côté de quoi on retrouve des kicks 100 % rap (“Zwaar”).
Sur des prods et des textes forts mais bien différents les uns des autres, on vacille entre les émotions, constamment tiraillé entre la douceur et l’explosion, la sensibilité et l’effervescence. Tout ça rendant chaque sentiment encore plus intense, plus brut. Mais on n’est pas perdu dans le tourbillon pour autant : pendant les 37 minutes du projet, le mieux est de se laisser porter par le courant “damsoïque”. Car, une chose est sûre, il sait y faire.

1. Ipséité

Deuxième album studio du rappeur belge, Ipséité est sorti le 28 avril 2017. Si son premier projet Batterie faible a permis à Damso de se faire une place sur la scène rap francophone, c’est bel et bien ce deuxième album qui le sacre comme l’un des rappeurs les plus appréciés et les plus prometteurs de sa génération. Ipséité, qui réalise un très bon démarrage, semble faire l’unanimité auprès du public. Le disque s’est vendu en plus de 600 000 exemplaires en France et est certifié diamant. On ne compte qu’une seule collaboration, avec Youri Botterman, sur le titre “Peur d’être père”.

Ipséité, qui signifie “identité propre”, est ce qui rend une personne unique et réellement distincte d’une autre. Avec ce titre, Damso donne directement la direction et l’identité des 14 morceaux de l’album, tous plus singuliers les uns que les autres. De “Signaler” à “Nwaar Is the New Black” en passant par “Mosaïque solitaire”, “N. J Respect R” et “Macarena”, chacun incarne à sa façon le talent d’écriture de William Kalubi (de son vrai nom) grâce à des punchlines bien acérées ou des figures de style parfaitement maîtrisées.
Sa vision du monde, sa fuite de Kinshasa dans les années 1990 à cause de la guerre civile, son passage par la rue, la douleur, la solitude, l’absence de sentiments… Dems évoque son histoire avec sincérité. Les instrus puissantes et son flow nonchalant donnent le ton d’un projet très nwaar. Et c’est ce qui fait définitivement sa force.
Voici les classements des membres de la rédac musique de Konbini :
Joséphine de Rubercy :

  • Ipséité
  • QALF Infinity
  • QALF
  • Batterie faible
  • Lithopédion

Hong-Kyung Kang :

  • Ipséité
  • Batterie faible
  • QALF Infinity
  • QALF
  • Lithopédion

Aurélien Chapuis :

  • QALF
  • Ipséité
  • QALF Infinity
  • Batterie faible
  • Lithopédion

Rachid Majdoub :

  • Ipséité
  • QALF Infinity
  • Batterie faible
  • Lithopédion
  • QALF