Burna Boy propose Twice As Tall, un nouvel album majestueux et fédérateur

Burna Boy propose Twice As Tall, un nouvel album majestueux et fédérateur

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Par Aurélien Chapuis

Publié le

Produit par Diddy, ce nouvel opus croise aussi la légende Youssou N'Dour, les intemporels Naughty By Nature et le Français Skread.

Burna Boy est en mission. L’artiste nigérian, devenu African Giant en 2019, a traversé le temps pour être le champion musical de l’Afrique. L’afrofusion de Burna Boy est devenue en quelques années une sonorité mondialement reconnue et réadaptée dans la musique pop de nombreuses stars comme Beyoncé, Kendrick Lamar ou Future. Il se retrouve d’ailleurs sur la bande-son du nouveau Roi Lion, dirigée par Beyoncé, avec l’entêtant  “JA ARA E”.

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Burna Boy précise au New York Times : “Cet album est en fait dans la continuité de ce que j’ai commencé : construire un pont pour unir toutes les personnes noires de ce monde et faire comprendre que sans ta base, sans ta communauté, tu ne seras jamais aussi fort.” 

Burna Boy est passé d’un des artistes les plus suivis et actuels du Nigeria à l’ambassadeur de la communauté noire à travers le monde. Loin de fuir cette responsabilité, il l’embrasse pour donner un sens à son combat, comme Bob Marley, James Brown, Fela Kuti (lui aussi nigérian et précurseur de l’afrobeat) mais aussi le Sénégalais Youssou N’Dour qu’on retrouve sur le premier morceau “Level Up (Twice As Tall)” qui donne le ton. Cette collaboration est chargée en symbolique pour l’unification des peuples africains et plus largement de la culture noire mondiale.

Puff Daddy, producteur exécutif de l’album, l’explique parfaitement dans l’interlude qui suit sur “Alarm Clock” avec l’importance du regard des autres et du soutien entre les membres de la communauté. “Ce que j’ai appris avec Burna Boy, c’est l’importance de ce qu’il fait pour sa nation et ce qu’il représente pour ce peuple qui n’est pas vraiment entendu mondialement…”, dit-il toujours pour le New York Times.

“À travers cet album, je pense que c’est important que l’Afrique soit écoutée. Et c’est beaucoup plus grand que juste un album. Il n’est pas seulement dans une recherche artistique. Il est révolutionnaire. Sa conviction est réelle.”

Musicalement, Twice As Tall continue son mélange pop entre tous les styles actuels avec des sonorités afros, autant dans les harmonies que les instruments. Burna Boy y est toujours impressionnant de maîtrise et de versatilité. Au milieu de l’album, il s’offre une collaboration aussi surprenante que parfaite avec le groupe mythique du rap des années 1990, Naugthy By Nature.

Les auteurs des hymnes “O.P.P”, “Hip Hop Hooray” ou encore “Feel Me Flow” se fondent totalement dans cette nouvelle formule de hip-hop que leur propose Burna Boy. Treach et Vin assurent de bons couplets pendant que KayGee aide le bad boy Mario Winans et l’habituel Tez à créer le mélange musical qui correspond.

Totalement inclassable, ce titre est très emblématique de l’univers de Burna Boy, aussi emprunt du hip-hop que du R’n’B (dont Naughty By Nature était très proche) que de la pop et l’afrobeat. 

Dans son unification africaine, il invite aussi le groupe kenyan Sauti Sol sur “Time Flies” pour une autre touche qui augmente l’ambition de l’album. Car si le propos est le plus souvent engagé, l’album reste extrêmement dansant, positif et parfois léger. La meilleure façon de faire passer un message.

Résidant entre Lagos et Londres, Burna Boy convie aussi Stormzy. Les grands noms se croisent, de Timbaland et Anderson .Paak à la production en passant par Chris Martin pour un morceau qui réinterprète les racines du reggae avec un texte fort pour déconstruire la vision de l’Afrique dans le monde, sa colonisation et sa diaspora. 

“Nous ne sommes pas que ce qu’ils enseignent dans les écoles…”, précise Burna Boy. “Ils n’enseignent pas l’histoire de la force et du pouvoir que nous avions. Il faut qu’ils se concentrent là-dessus. Ils ne propagent pas la vérité, comment nous en sommes arrivés là. Au final, ils n’inculquent pas la vérité sur ce qui se passe maintenant et comment passer outre.”

Et parmi ce casting de mastodontes se place aussi un Français, le producteur Skread sur le titre “23”. L’architecte du son d’Orelsan propose ici une ambiance dont il a le secret entre boîtes à rythmes électroniques et accords de piano planants offrant une ampleur différente, chargée de multiples influences comme sur La Fête est finie, le dernier album en date de son confrère de Caen. Cette collaboration fructueuse devrait en annoncer d’autres qui attisent déjà notre impatience.

Au final, Twice As Tall est un album ouvert, fédérateur et nécessaire. Et Burna Boy l’explique très bien : “Je ne m’identifie à aucune tribu. Je ne m’identifie à aucun pays. Je ne m’identifie à rien, en vrai. Je suis juste dans ce monde, dans cet univers. Je pense que je suis juste un citoyen du monde et que j’ai une responsabilité en ce sens.”