Avec “Orpheus”, Zer0 ouvre les portes d’un monde singulier qui renouvelle le jazz

Avec “Orpheus”, Zer0 ouvre les portes d’un monde singulier qui renouvelle le jazz

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Par Naomi Clément

Publié le

Composé de Sacha Rudy, pianiste et auteur-compositeur français, et d’Uzzee, rappeur et guitariste londonien, ce duo hybride entend bien casser les barrières entre jazz, hip-hop et musique électronique.

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“La musique est quelque chose de très spirituel, elle a le pouvoir de rassembler les gens”, a un jour déclaré le musicien Edgar Winter. Cette affirmation poétique, qu’aucun ne s’accordera à contredire, prend tout son sens quand on écoute la musique de Zer0, un duo formé du Français Sacha Rudy et de l’Anglais Uzzee – deux artistes dans l’âme que tout semble a priori opposer.

Le premier, qui a grandi à Paris au cœur d’une famille de musiciens, commence à jouer du piano dès son plus jeune âge et écrit ses premières chansons à 10 ans. Inspiré par le rock de Radiohead, le jazz de Keith Jarrett et la musique électronique de James Blake, cet auteur-compositeur de 18 ans nourrit sa vision artistique en s’immisçant très jeune dans les domaines de la musique de film, en s’associant à Nicolas Becker, mais aussi dans celui de l’art contemporain, en s’associant avec Philippe Parreno.

Le second, originaire de Londres, commence à écrire ses premiers textes au Nigeria, où il vit quelques années durant son adolescence. Très marqué par la diversité culturelle qui a construit son identité, il décide, à son retour en Angleterre, de se consacrer à la musique à travers la guitare et le rap. Influencés par des noms aussi variés que Nirvana, 2Pac et Massive Attack, ses premiers morceaux, dont le style dénote, explorent des thèmes romantiques tels que la vie, la mort et le temps qui passe.

L’héritage du jazz modernisé

Pourtant, lorsqu’on écoute “Orpheus”, leur second single sous l’étendard de Zer0, leur union sonne comme une évidence. Inspiré par le mythe d’Orphée, ce morceau onirique, qui succède au titre “Slow“, parvient à entremêler avec une aisance fascinante les refrains aériens de Sacha Rudy aux couplets rappés d’Uzzee, permettant aux deux garçons de donner vie à une couleur musicale singulière.

Coincé quelque part entre la douceur jazz, la gravité du hip-hop et l’aspect vaporeux de la musique électronique, “Orpheus” permet aux membres de Zer0 de s’installer comme les représentants d’une sonorité nouvelle, tout en les installant dans la lignée d’artistes dont l’ambition contribue à renouveler l’héritage du jazz.

On pense à BadBadNotGood, à Thundercat ou encore à Kamasi Washington, multi-instrumentiste de génie connu pour affilier son jazz créatif et moderne à la scène hip-hop américaine (il a participé à la production de l’album To Pimp a Butterfly de Kendrick Lamar).

De quoi nous allécher en attendant la sortie du premier EP de Zer0, sobrement baptisé 0, à paraître le 21 septembre prochain.

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