Avec Atlas, Twinsmatic offre l’album parfait pour oublier le confinement

Avec Atlas, Twinsmatic offre l’album parfait pour oublier le confinement

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©Cover Atlas / twinsmatic

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Par Guillaume Narduzzi

Publié le

Cinq ans après l'EP Nowhere, le duo parisien est devenu un solo mais s'impose parmi la crème de la production française.

“C’est avec fierté et honneur que je vous présente ce voyage : Atlas”. C’est par ces quelques mots que le producteur Twinsmatic a introduit sur les réseaux sociaux son tout nouveau projet, paru vendredi 3 avril. Les promesses sont grandes, surtout quand on nous prédit une évasion en ces temps difficiles. Dans la lignée des projets de producteurs, comme ont pu le faire Myth Syzer, Almeria ou encore Ikaz Boi ces derniers mois (pour ne citer qu’eux), Twinsmatic réussit son pari haut la main.

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Pourtant, le contexte est compliqué. Outre cet interminable confinement qui brûle à petit feu l’industrie musicale, c’est aussi l’histoire de Twinsmatic qui est difficilement saisissable. Binôme composé des Parisiens Julian et Nadeem pendant des années et devenu une référence de la production française, aussi bien pour des collaborations avec Booba, Damso ou S.Pri Noir que pour des projets remarqués de son côté (Sounds From Last Night en 2014 et Nowhere en 2015 – sur lequel on pouvait retrouver B2O et Christine and The Queens), le duo a finalement muté en un projet solo. Julian porte désormais seul sur ses épaules cet alias éminent de l’histoire récente du rap français, comme l’illustre cette somptueuse cover réalisée par l’artiste Nekro.

Avec Atlas, le producteur confirme son statut, et le renforce même. Le travail de près d’un an, comme il le confie lui-même sur Twitter. Car sans réelle promotion de ce disque, c’est bien sur les réseaux sociaux que l’on part à la pêche aux informations. Cela tombe bien, l’artiste a joué le jeu et répondu à ses fans sans langue de bois. On y apprend pêle-mêle que des morceaux enregistrés avec Damso n’ont pas pu figurer sur le projet faute d’un commun accord, que Booba a été invité mais que cela ne s’est finalement pas fait ou encore qu’un titre en compagnie de Take A Mic n’a finalement pas passé le cut. Enfin, pas sur ce projet du moins.

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Il faut bien reconnaître que vu l’importance accordée à la cohérence sonore de ces treize pistes, on imagine aisément que la sélection des morceaux à garder a dû être très rigoureuse. Grâce à des titres “juxtaposés”, les transitions sont d’une exceptionnelle fluidité (celle entre “Sevenoclock” et “X2” en atteste) et renforce cette sensation d’un voyage continu et d’une immersion complète dans l’univers de Twinsmatic. Une dimension artistique indispensable pour signer un véritable album – au sens noble du terme – porté par des ambiances variant entre gros beat trap et productions aériennes, mises en valeur par un mix impeccable.

Les différents intervenants se greffent presque naturellement à chacun des morceaux. On y retrouve à deux reprises MarJ, jeune artiste manifestement prometteuse signée sur le label de Twinsmatic, avec une introduction lancinante dans la langue de Shakespeare (“Ibtu”) et un titre mélodieux dans celle de Molière (“Raison”) quelques minutes plus tard. Entre-temps, on ne boude pas notre plaisir d’entendre à deux reprises le talentueux Ash Kidd (“Ice” et “Zombies”), bien trop absent ces derniers mois, mais surtout un Dinos qui signe un son entêtant au possible avec “Sevenoclock” et un SCH à son meilleur niveau sur “X2” avec une prod’ qui lui sied comme un gant. Peut-être le temps fort de l’album, s’il fallait en retenir un.

S’ensuit les énervés “Groslot”, seul single du projet au casting cinq étoiles avec les Sevranais de 13Block et la star Koba LaD, et “Encaisser” en compagnie du jeune rappeur originaire de Martinique Box, qui laisse entrevoir un beau potentiel. Un “Nighterlude” bienvenu plus tard, c’est au tour de Slimka de montrer l’étendue de sa palette technique sur “Yuno”. Sur “Pourquoi”, Mister V offre une prestation très honnête et travaillée, mais toutefois inférieure à celles des autres invités, peut-être dû à sa prévisibilité ou à un léger manque d’expérience. Car derrière, Dosseh nous prouve qu’il est toujours en forme avec “Trap”, tandis que la sublime outro “Mystro” vient parfaitement conclure ce périple sonore.

On pourra regretter le fait qu’aucun titre ne sera clippé, mais vu la situation cela semble fort logique. Cet album, composé entièrement par l’artiste mais sur lequel il n’a pas souhaité poser sa voix, s’inscrit parmi l’excellence de la production tricolore. Avec Atlas, Twinsmatic nous propose tout simplement l’un des meilleurs projets de ce début d’année, à bien des égards. Si l’on jette à nouveau un œil à la pochette, on peut aisément imaginer que cette Terre sculptée n’est autre que cet album, fait d’un seul bloc et taillé au fil des mois par le producteur. De plus, comme Twinsmatic l’a expliqué lui-même sur Twitter, le projet est bourré de références, notamment à des pointures du genre outre-Atlantique comme Lil Wayne ou Kanye West. À vous désormais de vous amuser à repérer lesquelles.