Quinze artistes de rap québécois à suivre de toute urgence

Quinze artistes de rap québécois à suivre de toute urgence

Image :

Loud à gauche (© Benjamin Marius Petit pour Konbini) – Nate Husser à droite (© clip Nate Husser).

photo de profil

Par Brice Miclet

Publié le

Le rap québécois, ça n’a rien de nouveau. Mais étant donné l’année 2017 de dingue qu’il a vécue, et le début 2018 en fanfare qu’il nous offre, il serait dommage de ne pas s’y pencher plus attentivement. Petit état des lieux du rap québécois à travers quelques pistes, francophones ou anglophones, street ou loufoques, audacieuses ou plus classiques, qui devraient vous rendre addict.

À voir aussi sur Konbini

Disons-le tout de suite : faire un article qui résumerait à lui seul l’ébullition et le talent du rap queb actuel relève de l’impossible. Mais comme on a le goût du risque et qu’il faut bien que la France prenne conscience de l’importance grandissante de cette scène, on se lance !

Certes, le rap québécois, ça ne date pas d’hier. Depuis que des gens se sont mis à rapper au nord du Vermont et du Maine, les choses n’ont eu de cesse de bouger, notamment à Montréal. Il y a une petite dizaine d’années, les Rap Contenders français invitaient régulièrement les rappeurs québécois, leur offrant une belle visibilité. Mais depuis 2016, le rap québécois est entré dans une nouvelle phase et le premier nom qui vient à l’esprit lorsqu’on l’évoque, c’est celui de Loud.

Loud, le fer de lance du moment

Loud est incontestablement le rappeur québécois qui perce en France actuellement. Sorti en janvier, son premier album, Une année record, dont on vous parle longuement ici à travers un portrait du bonhomme, lui a permis de remplir deux fois de suite la salle parisienne de la Boule Noire dans la foulée. Sans s’attarder sur le phénomène, puisqu’on vous l’a déjà bien présenté, disons qu’entre son titre “56K” (issu de son premier EP solo sorti il y a un an, New Phone) et ses projets sortis avec son ancien groupe Loud Lary Adjust, on peut se faire une bonne idée de ce talentueux personnage.

Côté anglophone, il faut signaler Nate Husser. Sa musique est assez sombre, à l’image de “Catherine”. Mais quelle musique… Les titres forts sont nombreux : l’intense “Name Another N!99@”, le vénère “Can’t Blame Em”, ou le plus chill “Pantins For The Blind (Millions)”. Gros, gros coup de cœur ! Petite notoriété mais énorme talent. D’ailleurs, la jeune chanteuse pop Charlotte Cardin l’avait déjà repéré en l’invitant en 2016 à claquer le feat sur son morceau “Like It Doesn’t Hurt”, qui cumule aujourd’hui 5,7 millions de vues.

Anglais, français, franglais…

Toujours chez les anglophones, mais en plus drone et trap, voici Mike Shabb. Francophone au quotidien, il rappe en anglais. Véritable star montante du rap queb, il cache derrière une musique assez dark une personnalité plutôt attachante, soulignée par sa jeunesse (19 bougies). Son “Mama’s Boy” sorti l’année dernière a fait un carton et il s’essaie parfois au boom-bap sur “Boom Shakalak”, mais on préfère tout de même ses titres “No Diggity” et le génial “Lizard”.

Mike Shabb a été découvert par le beatmaker VNCE, qui officie dans le groupe Dead Obies et qui est originaire de Longueuil, ville voisine de Montréal. Depuis 2012, ils se démarquent par l’utilisation exacerbée du franglais et sont des références dans les battles rap grâce à leurs participations aux événements WordUP! Leur dernier EP, Air Max, très électronique, a même été défendu sur les scènes françaises cet été. Pour vous convaincre, balancez leur son “Monnaie” en soirée et laissez opérer la magie. Plongez-vous ensuite dans leur discographie qui vaut largement le détour.

La street et l’audace

Il serait inconcevable d’aborder la nouvelle garde québécoise sans parler de FouKi. Alors oui, le titre qui l’a fait exploser outre-Atlantique est “Gayé”, mais pour être honnête, on lui préfère de loin l’estival “Wake_Up”, l’introspectif “Mabad” ou le duo avec un autre gars bien prometteur de la province, Nick Na$h : “#Actifs”. Là aussi, foncez, il y a trois projets récents à écouter (Sour Face Musique, Extendo et Pre_Zay).

De même, impossible de passer à côté d’un des albums rap queb de ces derniers mois : La Joie, d’Eman & Vlooper. C’est simple, Eman est le rappeur, Vlooper est le producteur. À eux deux, ils ont déjà sorti un album hyper audacieux en 2014, le très poétique XXL, contenant des perles comme “Nat King Cole”, “Les Pauvres” ou “Back To Me”. Celui-ci est au moins aussi réussi.

On trouve aussi encore quelques personnages, présents depuis un bail, qui tirent les plus jeunes vers le haut. Koriass, d’abord, grand nom local, dont le son a largement évolué depuis son premier album en 2008. Passé d’un boom-bap classique à des sons plus électroniques, il n’a cependant que peu modifié son flow, très lyrique. “Blacklights”, par exemple, illustre bien ce qu’il fait aujourd’hui, notamment sur son très bon dernier album Love Suprême.

Dès 2010, d’autres lascars sont venus poser leur empreinte sur le rap queb : Alaclair Ensemble. Il s’agit en fait d’un collectif réunissant les rappeurs Maybe Watson, Eman, Vlooper, Ogden, Claude Bégin et KenLo. Il y a du loufoque, mais aussi du lourd, notamment sur leur dernier projet Les Frères cueilleurs, avec de très bons titres comme “Coucou les Coucous”, “La Chicane”, mais surtout “Mes gars shootent” et son fabuleux clip. Entre kickers et auto-dérision, ils ont vécu une année chargée, mais pas autant que celle de White-B, qui collectionne les millions de vues.

Millions de vues et peloton de talents

C’est notamment grâce à l’un des hits rap québécois de 2017, “Bando”, qu’il a su se faire un nom bien qu’un paquet de médias canadiens le boude. Peut-être à cause des thèmes peu consensuels qu’il aborde : la rue, la violence, la drogue, etc. C’est même sûr… Pourtant, on vous conseille grandement “PRMF” ou “Au début”, bien street, bien frais.

Et pour finir, il y a aussi le plus confidentiel mais non moins talentueux Shash’U, l’excellent titre “Contrôle” de Lary Kidd, l’album Paranoïa d’Obia Le Chef, les clips barrés du mélodique Jay Scott, le groove du morceau “Domina” de Planet Giza (avec Kaytranada, s’il vous plaît) ou encore les millions de vues d’Enima, notamment sur le titre “For The Low”. Mais on ne va pas vous mâcher tout le boulot, c’est comme toutes les scènes en pleine effervescence, il faut s’y plonger.