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En 2016, l’industrie musicale enregistre la plus grosse croissance de son histoire

En 2016, l’industrie musicale enregistre la plus grosse croissance de son histoire

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Par Thibault Prévost

Publié le

Le bond de 5,9 % de chiffre d’affaires effectué par l’industrie musicale en 2016 est le plus important depuis 1997, date des premières publications.

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Et si la crise de l’industrie musicale était en train de se résorber ? Mardi 25 avril, la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) a publié ses résultats, annonçant que les ventes mondiales de musique ont crû de 5,9 %. Il s’agit de la croissance la plus importante enregistrée depuis 1997, date à laquelle l’organisme a commencé à publier des résultats annuels. Après une croissance redevenue positive en 2015, avec 3,2 % d’augmentation du chiffre d’affaires, le monde de la musique enregistre donc une seconde année de résultats positifs, se permettant même de réaliser un bond historique. En 2017, le marché pèse 15,7 milliards de dollars (14,41 milliards d’euros).

Selon le Global Music Report, cette embellie s’explique majoritairement par la mise sur orbite des revenus du streaming payant, qui ont progressé de plus de 60 % sur l’année – notamment grâce à des pays comme l’Inde ou la Chine – et représentent désormais la moitié du chiffre d’affaires de la musique mondiale. En 2014, le streaming pesait 3,2 % des ventes.

Un changement de paradigme économique enfin parvenu à maturité, tandis que les ventes physiques continuent leur lente agonie, en perdant encore 7,6 %. En 15 ans, précise Le Monde, les ventes de disques ont reculé de 77 % et le chiffre d’affaires global de l’industrie musicale a chuté de 40%.

YouTube, la nemesis

Si les professionnels de la musique ont donc globalement le sourire à la publication de ces résultats, tous s’accordent à vilipender leur nouvel ennemi mortel : YouTube, accusé de ne pas payer la musique hébergée sur la plateforme, ou trop peu. Pour éviter d’avoir à négocier des licences avec les producteurs, la filiale de Google se recroqueville derrière son statut d’hébergeur de contenus, qui l’exonère de toute responsabilité quant à la musique diffusée sur sa plateforme. Alors que 900 millions de gens utilisent YouTube pour consommer de la musique, l’entreprise n’a reversé que 553 millions de dollars l’année dernière aux divers ayants droit. De leur côté, Spotify, Deezer et les autres, avec leurs 212 millions d’utilisateurs, ont reversé 3,9 milliards de dollars aux ayants droit.

Selon Frances Moore, directrice générale de l’IFPI, le fonctionnement de Youtube est “la plus grande menace à la viabilité future de l’industrie musicale” : un système de “concurrence déloyale”, que les pouvoirs publics et les régulateurs se doivent de combattre. Aux États-Unis, de nombreux artistes et professionnels du secteur se sont ainsi élevés pour réclamer l’abrogation du Digital Millenium Copyright Act, qui permet à YouTube de payer moins que les autres services de streaming payant – là où ils reversent environ 20 dollars par utilisateur, le site de Google ne débourse lui qu’un maigre dollar.

Sur le Vieux Continent, l’Union européenne prend aussi le problème très au sérieux, au point d’être en avance sur les États-Unis. Constatant la “distorsion de marché” induite par le modèle de l’hébergeur, les instances européennes planchent sur une réforme de la directive sur les droits d’auteur, qui obligera Google (et SoundCloud) à mettre en place un système automatisé de détection de contenu sous copyright. En discussion depuis 2015, le texte est aujourd’hui entre les mains du Parlement européen et du Conseil de l’UE. Inutile de dire que les tractations sont suivies avec intérêt par l’industrie.