Konbini Computer Club : Ryan Hemsworth (Ep. 2)

Konbini Computer Club : Ryan Hemsworth (Ep. 2)

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Par Sylvain Di Cristo

Publié le

Un adolescent comme les autres

Son histoire est celui d’un garçon qui conclue dès qu’être dans un groupe de rock est préférable à aller en cours :

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La guitare était une façon d’oublier un peu mes études. Et ce qui m’excitait, c’était d’enregistrer ce que je faisais et de le faire partager.

J’ai utilisé GarageBand pendant deux ans pour produire deux albums merdiques, puis je suis passé sur Logic Pro. C’était un peu comme passer de Paint à Photoshop.

Chanceux d’avoir enfin trouvé un “logiciel qui comprend son cerveau“, il ne le lâche plus et continue à l’utiliser “tous les jours jusqu’à aujourd’hui.”

“Ouvrir un nouveau projet”

La force de Ryan Hemsworth est de savoir mélanger hip-hop et musique électronique. Si bien qu’Hemsworth lui-même ne parvient à définir son style :

Le plus facile serait de répondre “musique électronique”. Mais les gens utilisent surtout des mots-clefs comme “dreamy” [chimérique], “cloudy” [nuageux], “émotionnel”, “heureux”.

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Ryan Hemsworth – “Perfectly”, extraite de son EP Still Awake

Il reste humble. Car Hemsworth, ce n’est pas seulement ça, c’est aussi de la house, de la dance, de la musique progressive… Alors comment, concrètement, fait-il pour créer une track, un EP ou un album ?
Première étape : définir ses envies, ses intentions et s’orienter vers un style musical. Ensuite, il habille cette orientation d’un sentiment “heureux ou triste, avec toujours plus d’émotions qu’une simple track qui fait danser“.
Il prend l’exemple de son dernier EP Still Awake :

Je me suis dit : “Ok, je vais commencer par me mettre à 120 bpm au lieu de mes 70 habituels parce qu’il y a tellement de choses à faire avec, puis je vais me mettre en 4/4 [la mesure] comme pour une musique club mais je vais trouver un moyen de rendre ça plus intéressant et émotionnel”.

La recherche de l’émotion

Quand je fais une track, je commence souvent par trouver son rythme et son sample. Pour moi ce sont deux éléments essentiels.

Pour trouver cela, le discovore fouille dans sa playlist “ajouts récents” à la recherche de ce petit moment – parfois d’une ou deux secondes – qui saura émotionnellement sublimer sa chanson. Le modifier sera, ou non, nécessaire pour l’y introduire ; Hemsworth s’amusant à voir ce procédé comme des pièces d’un puzzle qu’il faut savoir accorder au reste (rythme, instruments, tonalité, mélodies…).

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Ryan Hemsworth – “Colour & Movement” (clip vidéo)

Techniquement parlant

Dans le milieu de la musique, il y a une question qui divise : doit-on travailler avec de l’analogique ou du numérique ? Pour simplifier ces termes, remplaçons “analogique” par “machine physique” (MPC, synthétiseurs, enregistreurs à bande…) et “numérique” par “ordinateur”.
En 2013, la technologie numérique permet de composer une chanson de A à Z uniquement avec un seul et même logiciel informatique. Bien sur, le software ne fait que virtualiser, copier le fonctionnement d’une machine physique et ne recrée jamais à 100% la pureté du son, ni le plaisir du toucher. Néanmoins, il apporte une facilité d’utilisation ainsi qu’un gain de temps et d’argent. Ryan Hemsworth, lui, a choisi son camp (pour le moment) : le logiciel Logic Pro.
Bien qu’en live le DJ utilise le programme Ableton, piloté par un controleur MIDI “APC20” d’AKAI, en studio comme dans les chambres d’hôtel, Hemsworth produit tout sur Logic Pro. Voici un de ses secrets :

Rythmiquement, plutôt que d’utiliser une drum machine qui fonctionne par patterns, je préfère utiliser plusieurs couches d’instruments pour pouvoir agir sur chacun d’entre eux séparément.

Une track peut être aussi longue qu’on le veut, mais elle se termine lorsque tu te dis “là, il ne devrait rien y avoir de plus.” Et ça peut paraitre évident, mais j’atteins ce stade lorsque je termine la fin de ma chanson.

Par “fin de chanson” il faut comprendre “dernière partie”. Car le producteur crée ses compositions “section par section”. Il commence par le début et ne passe à la suite qu’une fois satisfait de cette section. “C’est ce qui me permet de ne pas m’ennuyer, de ne pas rester bloquer dans la structure et de faire quelque chose de toujours surprenant.” Ainsi, il n’est pas rare de retrouver dans une seule chanson plusieurs directions artistiques différentes.