DJ Rashad : Double Cup, le disque de l’ouverture

DJ Rashad : Double Cup, le disque de l’ouverture

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DJ Rashad – Double Cup

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Par Tomas Statius

Publié le

Footwork : From Chicago to the World

Dj Rashad & Dj Spinn – We Trippy Mane 

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Plus particulièrement à Londres, Rashad Harden de son vrai nom, offre de la lumière à la chapelle dont il se fait le prêtre. Lui le “passeur”, le plus habile et fin d’un courant dont les échos commençaient à enfler un peu partout. De Paris à Saint Petersbourg.
Et même “l’opacité” de la musique du producteur ne suffisait pas à entamer l’ardeur des fidèles. Car Teklife Vol 1 est un album exigeant, sacrément bien foutu, mais à ne pas mettre entre toutes les mains. Il représente la somme de ce qui faisait le footwork pendant près de 20 ans : un rythme effréné, un minimalisme délibéré dans la construction des compositions, des boucles redondantes à l’excès quitte à être absurde. Mais aussi la volonté de créer le malaise par l’agression voulue des auditeurs.

Dj Rashad : le disque de l’ouverture

Et si cette rage perceptible dans tous les titres de Rashad attirait l’attention du public parce qu’elle était simple, honnête et désintéressée, sa crudité restait un frein à sa propagation ? Personne (ou presque) n’était prêt à aller au terme d’un album déroutant dont l’utilité première était de rythmer des battles de danse.
Le footwork version Rashad époque Teklife ne pouvait prétendre à l’appellation “musique grand public”, ou musique “mélangée”. Là où l’opus représentait la pureté du mouvement, la quintessence de deux décennies de création, Double Cup lui est le disque de l’ouverture.
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Et si la chose est perceptible dès la première écoute, on ne peut pas en dire autant des premiers extraits délivrés par le producteur de Chicago. Avant Double Cup, il y a eu les EPs Rollinet I Don’t Give A Fuck, prémisses de l’album tant attendu. Et là Rashad n’a pas vraiment joué la détente. Comme pour rappeler qu’avant tout, c’était la frénésie qui l’animait.
On sentait néanmoins le vent tourner avec Everyday of My Life, titre dans lequel une ligne de synthé sirupeux répondait à la vigueur des basses. Sans nul doute un des moments forts du disque.

Reste une question qu’on évoquait de manière liminaire : comment aborder pareil disque ?

Double Cup : un opus déroutant et mélangé

Titre par titre ? Trop aisé, et probablement pas à la hauteur de la narration et des rythmes extrêmement singuliers de Double Cup. Faire simple donc : dans Double Cup, Rashad a mis tout ce qui faisait la singularité du courant qu’il a porté, enrichi par l’esprit du temps. Ce n’est pas un disque de footwork, ou du moins pas de footwork uniquement.
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Dj Rashad – She A Go (feat Spinn & Taco)

Ainsi si un titre comme “Reggie” reprend les standards du genre (synthé vieilli, grosse basse), “I Don’t Give A Fuck” les exacerbe. D’autres proposent un métissage inédit  : “Acid Beat” featuring Addison Groove fait se rencontrer techno acid et acapella de R’N’B. Sur “Drank, Kush, Barz (feat Spinn)” et “She Go” on sent le producteur pencher vers la trap. Puis verser dans le CLOUD sur “Pass That Shit”.
Et sur tous les titres le souci de construire une oeuvre singulière. Comme créer un lexique. Dj Rashad ne parle plus que “footwork” et c’est en faisant ainsi qu’il parvient à faire accéder le mouvement à la reconnaissance qui lui est dû. Et au respect.
Double Cup est disponible en version digitale sur iTunes ainsi que sur le site du label Hyperdub