Comics, romans graphiques, mangas : voilà nos 15 BD préférées de février !

Comics, romans graphiques, mangas : voilà nos 15 BD préférées de février !

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Par Arthur Cios

Publié le

Du comics au thriller en passant par de la poésie ou du post-apocalyptique, il y en a pour tous les goûts.

Plus de 5 000 BD sortent et sont commercialisées chaque année, soit en moyenne 14 par jour (!). S’il y a de quoi se perdre dans ce flux permanent de sorties, ce n’est pas une raison pour passer à côté de certaines pépites.

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Tous les mois, Konbini vous propose une sélection de coups de cœur divers et variés, pour qu’en fonction de vos goûts, vous soyez sûrs de trouver la perle rare. Roman graphique, BD à l’ancienne, comics, manga : il y en a pour tous les goûts !

Ce mois-ci : des super-héros zombies, un thriller onirique, un peu de poésie, du post-apocalyptique ou encore la recherche d’un chanteur qui a enchanté toute une vie.

Anthology
d’Inio Asano

Si vous aimez : les nouvelles de Murakami, le charme insolite de la vie humaine, ressentir la matière par des traits de crayon marqués.

Des petites tranches de vies, teintées d’une poésie candide pour certaines, placées sous le signe (cynique) de la dystopie pour d’autres. Un rendez-vous amoureux relaté sous plusieurs points de vue, ou une critique d’une société qui délaisse ses anciens : tous ces récits forment une anthologie qui explore les états d’âme humains, avec un recul sans complaisance qui nous fait prendre la réalité en pleine figure.

Le mangaka culte Asano signe un recueil marquant, avec une grande variété de thèmes abordés. Le ton délicieusement premier degré pousse le lecteur à se remettre en question, et le dessin, aux traits profonds qui font ressentir la matière, sert à merveille le propos de l’auteur. Une légèreté qui pèse par sa pertinence. La vie de tous est racontée sans filtre.

À lire absolument. [HKK]

Bone Parish
de Cullen Bunn

Si vous aimez : les histoires de trafic de drogue, les comics glauques et crades.

Cullen Bunn est un monstre du comics moderne, que tous les fans de Deadpool et Spider-Man connaissent. Sa première série hors de chez Marvel s’éloigne du monde super-héroïque et tend vers le polar horrifico-fantastique. Pour faire simple, la famille Winters tient le monopole d’une nouvelle drogue, la cendre, fabriquée avec de la poudre d’ossements de cadavre, permettant de vivre ou ressentir les morts qu’on vient de sniffer. Forcément, ça fait des jaloux.

Plus qu’un récit crasseux et glauque, Bunn délivre un excellent début de fresque grandiose, usant avec beaucoup d’intelligence tous les aspects de sa drôle de substance, tout en forgeant un univers, des personnages plus ou moins complexes. Un très bon comics pour ceux qui en ont marre des héros en collants, et les autres. [AC]

Le Chanteur Perdu
de Didier Tronchet

© Aire Libre – Dupuis

Si vous aimez : le film Sugar Man, la BD Le Chanteur sans nom, les récits initiatiques et Georges Brassens.

Dans ce beau récit initiatique qui prend son temps, on suit Jean, un bibliothécaire en plein burn-out qui va retrouver goût à la vie en retrouvant une vieille cassette d’un chanteur qu’il adorait dans les années 1970 : Rémi Bé. En cherchant quelques informations sur l’artiste, il se rend compte que la musique de Rémi Bé est quasiment introuvable et que personne ne sait ce qu’est devenu le chanteur. Commence alors une véritable enquête en forme de road trip pour Jean qui va se servir des lieux cités dans les paroles ou qu’on voit en photo sur la pochette du disque pour retrouver la piste de son chanteur perdu.

Tronchet est vraiment un auteur surprenant qui s’engouffre de plus en plus dans le roman graphique au fil des années. Basé sur une histoire vraie, Le Chanteur perdu est un récit extrêmement enivrant qui permet de faire le point sur les vraies valeurs de la vie. Fuyant les clichés et les facilités, le parcours dessiné de Jean à la recherche de Rémi offre de nombreuses satisfactions, sans nostalgie mal placée. Une trajectoire poétique et touchante. [ACh]

Clinton Road
de Vincenzo Balzano

(© Ankama)

(© Ankama)

Si vous aimez : Insomnia de Christopher Nolan, les thrillers un peu perchés, un graphisme sombre et onirique à l’aquarelle.

Le pitch paraît simple à première vue (un flic obsédé par une forêt part à la recherche de son fils disparu), mais l’histoire prend de telles directions qu’il est impossible de ne pas être dérouté par ce court one-shot. On peut être décontenancé, ou complètement enchanté.

Le graphisme sublime, absolument incroyable et sombre de Balzano, ancien de chez Marvel, aide sans nul doute à être scotché à son bouquin, et ne pas le lâcher. [AC]

DCeased
de Tom Taylor

Si vous aimez : The Walking Dead, l’univers DC Comics, et les récits épico-macabres.

Quelques années après Marvel Zombies, DC se prête à l’exercice d’enrichir son catalogue de morts-vivants avec DCeased, et non seulement c’est mieux que chez Marvel, mais c’est aussi un sacré coup dans la tronche, que l’on soit fan de l’écurie de Superman ou non.

Car c’est une franche réussite. Le plan foireux de Darkseid ayant créé une équation anti-vie aux conséquences catastrophiques va nous permettre de retrouver certains de nos héros sous la forme d’espèce de malades zombifiques, mais derrière le folklore sympa se cache une véritable fable assez dingue. Il faut dire qu’avec Tom Taylor aux manettes (aka Mr. Injustice), l’inverse aurait été surprenant.

Et ce n’est pas l’inégalité du dessin qui va changer quoi que ce soit à l’aspect jouissif de ce volet macabre, sombre, et étrangement rafraîchissant. [AC]

L’été à Kingdom Fields
de Jon McNaught

(© Dargaud)

Si vous aimez : Somewhere de Sofia Coppola, le calme et la lenteur d’un quotidien poétique, des dessins simples mais sublimes.

L’histoire n’est pas toujours primordiale. Chez McNaught, elle paraît toujours être au second plan. C’est là que réside le génie de ce jeune auteur. Car dans l’ennui du quotidien d’une famille monoparentale en vacances dans un village britannique on-ne-peut-plus-basique, avec un récit assez banal, il réussit à tirer une narration minimaliste mais poignante de moments que l’on a tous vécus.

Une poésie dans le récit qui puise sa force dans un graphisme épuré, et sublime de bout en bout. [AC]

Flipette et Vénère
de Lucrèce Andreae

(© Delcourt)

Si vous aimez : les chamailles entre sœurs et, globalement, les récits engagés qui font cogiter.

Clara est une artiste en questionnement total, soucieuse de l’impact de son œuvre qu’elle aurait tendance à juger trop prudente. Son exact opposé, Axelle, est une militante aguerrie qui, du haut de ses 20 piges, est excédée de cette société consumériste dans laquelle nous vivons. On les surnomme respectivement Flipette et Vénère, n’en déplaise aux principales concernées.

Sublimé par des couleurs chaudes et un dessin minimaliste mais ô combien efficace, Flipette et Vénère s’apparente à un portrait nuancé de deux sœurs aux antipodes l’une de l’autre. Mais plus que ça, c’est une représentation ambivalente du climat sociopolitique actuel que Lucrèce Andreae met sur papier, critiquant l’entre-soi et encourageant à un choc des cultures et des classes plus que jamais nécessaire. [FQ]

La nuit est mon royaume
de Claire Fauvel

(© Rue de Sèvres)

Si vous aimez : Divines de Houda Benyamina, le rock (passionnément) et les histoires d’amitié.

Dans la vingtaine, Nawel n’a qu’une chose (ou presque) qui l’obsède : la musique. Vouant un culte à Paul McCartney, cette jeune femme originaire de Créteil se donne corps et âme dans ses compositions, qu’elle interprète sur scène avec sa meilleure amie, Alice. Obstinée comme pas deux, Nawel emménage dans la capitale avec plein d’espoirs… qui seront vite remis en question suite à sa rencontre avec le talentueux Isak Olsen, chanteur en herbe venu de Suède.

À travers ce récit d’une fille d’immigrés aux rêves ardents, Claire Fauvel dépeint les affres d’une passion corrosive, celle qui obsède jusqu’à nous faire tout questionner. Entre deux interludes musicaux brillamment couchés sur papier, l’autrice met en exergue le fossé qui peut exister entre la ville lumière et sa périphérie. Un roman graphique ado moderne, au message somme toute percutant. [FQ]

Pucelle
de Florence Dupré La Tour

(© Dargaud)

Si vous aimez : les BD engagées, un trait rappelant Sempé, l’aquarelle et la réflexion sur la sexualité.

Il est parfois difficile d’avoir du recul sur sa situation, son passé. Surtout quand l’on vient de la haute bourgeoisie blanche et catholique. C’est peut-être pour cette raison que le récit de Florence Dupré La Tour est aussi frappant, et nécessaire.

Elle raconte avec beaucoup d’intelligence et de violence comment son manque d’éducation sexuelle et de conscience de son corps, et de l’amour de manière générale s’est traduit dans sa vie d’adulte. Haine d’elle-même, de la féminité, tout en ne comprenant pas les hommes. Florence Dupré La Tour, qui n’en est vraiment pas à son coup d’essai, dénonce ici le comportement de sa famille, et s’offre une remise en cause assez incroyable de sa condition.

Une BD forte, et dans le contexte actuel, indispensable. [AC]

Sabordage
de Pluie Acide

© Même pas mal

Si vous aimez : La Planète au trésor, l’univers de Leiji Matsumoto, le style de Lewis Trondheim et Futurama.

Sabordage est la première BD éditée de Pluie Acide, un auteur qui a déjà beaucoup publié sur Internet. Avec un Space Opera complètement déjanté qui emprunte autant à Albator qu’aux Gardiens de la Galaxie, Pluie Acide nous balade dans un monde assez barbare et radical avec une chasse au trésor façon Goonies, un trait proche de celui de Lewis Trondheim sur Capharnaüm mais en plus saccadé, comme s’il avait bu trop de café.

Tout l’esprit de la BD underground transparaît sous la plume de ce dessinateur au pseudo si évocateur. Les personnages sont aussi profonds que cartoonesques, les situations sont aussi dramatiques que grotesques, tout est synonyme de jouissance et de divertissement. Un premier ouvrage accompli à ranger entre vos ouvrages de Robert Crumb et votre intégrale de Cobra : Space Adventure. [ACh]

Les Sauroctones
d’Erwann Surcouf

© Dargaud

Si vous aimez : les quatre Mad Max, le jeu Donjons & Dragons, les effets spéciaux de Ray Harryhausen et l’humour grinçant.

Dans un monde dystopique où la violence est reine, des mercenaires nommés les Sauroctones sillonnent des étendues vides pour chasser des monstres gigantesques. Les Sauroctones sont les derniers héros d’une civilisation au bord du gouffre. Zone, Jan et Ursti sont trois jeunes adolescents totalement livrés à eux-mêmes. À la suite de coïncidences absurdes et de choix discutables, ils vont devenir eux-mêmes Sauroctones, pour le meilleur et pour le pire.

Les Sauroctones est une aventure épique mélangeant les clins d’œil pop culture et les références geeks post-apocalyptiques. Erwann Surcouf signe ici une œuvre très fournie aux couleurs flashy et au rythme haletant. Le tout est lié par un humour désabusé assez nihiliste qui n’épargne aucun des personnages, écornant tous les mythes et légendes, crevant même la caricature boursouflée de l’antihéros par la même occasion. Et le rendu graphique très réussi nous donne envie de lire la suite au plus vite. [ACh]

Le taureau par les cornes
de Morvandiau

© L’Association

Si vous aimez : les combats quotidiens, l’architecture, la famille et l’introspection

Le Taureau par les cornes est un récit autobiographique de l’auteur Morvandiau qui revient sur les deux chamboulements de son année 2005 : sa mère est atteinte d’une forme rare et précoce de la maladie d’Alzheimer puis son fils naît prématurément avant d’être diagnostiqué trisomique 21. Morvandiau utilise alors le dessin pour exorciser ses peines, son courage, son combat quotidien, ses victoires et ses défaites.

En dissociant le texte de l’image, l’auteur rend encore plus fort son propos. Morvandiau dessine par exemple des bâtiments de Rennes, une scène d’un film culte ou une pelleteuse qui détruit un vieil immeuble pendant qu’il parle du traitement de son fils, de ses crises de colère ou de l’absence de sa mère. Il fait de nombreux retours en arrière pour croiser les deux profils de sa mère et son fils pour en tirer une mélancolie désarmante et une résignation inspirante. Avec son format carré et son trait fin, on se croirait invité dans un carnet de croquis très intime qui rappelle un peu le travail de David B. sur la maladie de son frère dans L’Ascension du haut mal. Au même titre, Le Taureau par les cornes est une profession de foi impressionnante. [ACh]

Violent Love
de Frank J. Barriere & Victor Santos

(© Glénat)

Si vous aimez : Bonnie & Clyde, les thrillers pulp et les comics non super-héroïques.

Deux gangsters obligés de bosser ensemble tombent amoureux, errant dans une spirale de vengeance, de bain de sang et de danse permanente. Non, ce n’est pas un Bonnie & Clyde 2.0, un Roméo et Juliette moderne, c’est bien plus malin que ça.

Violent Love est un excellent comics, une pépite pulp qui va chercher du côté de True Romance ou No Country for Old Men, qui raconte la chute de Daisy, à la recherche de l’homme qui a brûlé son père, et qui emportera tout le monde avec elle.

Un amour destructeur, ravageur, et qui saura ravir tous les fans du genre, de comics, ou d’histoire policière de manière générale.

Wolcano, une sorcière trop amoureuse
de Shyle Zalewski

(© Delcourt)

Si vous aimez : Adventure Time, les voyages initiatiques marrants, le langage cru et le cul.

À première vue, difficile de ne pas voir en cette Wolcano une Marceline bis d’Adventure Time — l’amertume en moins, et l’amour du sexe en plus. Sauf que Shyle Zalewski va sur des terrains où n’a jamais pu aller la série animée, à savoir avec du cul, du cul et du cul.

L’idée de suivre cette sorcière qui risque de perdre ses pouvoirs car elle n’est pas assez responsable (et trop accro au cul, tout simplement) peut paraître puérile, tout comme ce voyage initiatique. Mais non seulement on est charmés instantanément par ses personnages, son récit parfaitement construit et ce graphisme enfantin ; mais en plus, la morale achève parfaitement tout le propos féministe qui se construit au fil de l’histoire. 

Difficile de ne pas passer un très bon moment avec ce bouquin qui se dévore bien trop rapidement. [AC] 

Woman World
d’Aminder Dhaliwal

(© La Ville Brûle)

(© La Ville Brûle)

Si vous aimez : L’humour absurde de Fabcaro, l’univers dystopique de The Handmaid’s Tale, les personnages désinvoltes de Calvin et Hobbes (oui, c’est un sacré mélange !)

Et si les hommes mâles étaient une espèce en voie d’extinction ? C’est l’histoire de Woman World, sur fond de catastrophe climatique et de crise économique. Après deux générations où ne naissent que des filles, seules les grands-mères se souviennent de ce temps où les hommes existaient encore, avec son lot de blockbusters testostéronés et de blagues sexistes. Elles n’ont plus personne pour leur expliquer ce qu’elles savent déjà ! Une nouvelle vie s’organise : toutes les femmes deviennent bi, le nouveau drapeau représente les cuisses de Beyoncé, elles ne mettent plus de talons…

Une bd décalée, au coup de crayon noir et blanc efficace – et avec quelques pages en couleur éclatantes, dont les saynètes sont drôles et les dialogues entre ces dernières femmes de l’humanité savoureux. Des instants de vie bien loin du patriarcat décrits avec un humour acide ! [CA]

Bonus

  • La réédition de Batman, Année Un ; l’un des récits les plus cultes de Bruce Wayne, sur les origines d’un héros connu de tous, signé Frank Miller.
  • La réédition d’American Vampire, un “must-have” vampirique horrifique qu’on soit comicophile ou non !
  • La ressortie de Freaks’ Squeele de Florent Maudoux, l’aventure super-héroïque d’Ankama qui pour les plus jeunes, et les moins jeunes.
  • La ressortie en intégrale d’Un Monde formidable d’Inio Asano, peut-être la plus belle réussite du mangaka jusque-là !
  • La ressortie de Parasite (pas de lien avec le film de Bong Joon-ho, si vous vous posez la question), manga culte et sombre indispensable.

Article écrit en collaboration par Camille Abbey, Arthur Cios, Aurélien Chapuis, Honk-Kyung Kang, et Florian Ques.