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Vidéo : une femme manque de se faire écraser par la police iranienne parce qu’elle n’a pas de voile

Vidéo : une femme manque de se faire écraser par la police iranienne parce qu’elle n’a pas de voile

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Par Mélissa Perraudeau

Publié le

Le 6 mai, la page Facebook iranienne My Stealthy Freedom a publié une vidéo choquante. On y voit une femme tenter de récupérer les papiers que venait de lui confisquer la police – parce qu’elle ne portait pas de voile au volant – et les policiers essayer de l’écraser.

Il y a un an, un post de blog sur Mediapart faisait un point glaçant sur la condition des femmes en Iran. Faisant état de “lois ‘anti-femmes’“, l’article listait les différentes formes d’oppression qui affectent les Iraniennes : l’énumération est longue. Dans ce pays autorisant le mariage des filles dès leurs 13 ans, les femmes passent par exemple de l’autorité de leur père à celle de leur mari en conservant un statut inférieur à celui des hommes :

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“En Iran, une femme vaut la moitié d’un homme dans le droit à l’héritage, mais aussi dans un code pénal reposant sur la loi du Talion qui prône un châtiment équivalent au crime commis. Les représailles prévues par la loi ne sont d’ailleurs pas égalitaires selon le sexe de l’accusé. Ainsi, le châtiment du crime commis à l’égard d’une musulmane sera apprécié à l’aune du statut inférieur de la femme, et le dédommagement qu’elle obtiendra ne pourra excéder la moitié de celui qui serait accordé à un homme dans les mêmes circonstances.”

Tous les comportements des femmes sont encadrés. Ainsi, elles ne peuvent ni chanter, ni danser en public, ni pratiquer un sport librement — et encore moins participer à une grande partie des compétitions sportives mixtes. La sexualité féminine est aussi étroitement contrôlée, comme le souligne le port imposé du voile. Quand les femmes voyagent seules, elles sont contrôlées par des représentants de la “lutte contre la corruption des mœurs”, pour vérifier qu’elles portent bien un hijab. Les femmes iraniennes cherchent donc des parades à l’obligation de porter le voile et luttent pour la liberté d’habiller leurs corps librement.

Des faits récurrents

En guise de protestation, la journaliste Masih Alinejad a créé en 2014 la page Facebook My Stealthy Freedom (“Ma liberté cachée”, pourrait-on traduire). Elle y encourage notamment les Iraniennes à partager des photos d’elles sans hijab, afin de militer pour la liberté de choisir si elles veulent le porter ou non.

Son but est de pousser les femmes à s’émanciper malgré les menaces du gouvernement, tout en dénonçant les pratiques de la police des mœurs et en montrant les persécutions dont sont victimes certaines femmes. Le 6 mai, My Stealthy Freedom a donc publié une vidéo choquante, repérée depuis par le New York Times. On y voit une femme cherchant à récupérer ses papiers confisqués par la police… qui commence à lui rouler dessus.
Les images sont accompagnées d’explications en anglais et en français, pour leur donner le plus de visibilité possible. La scène s’est produite dans les rues de Téhéran :

“La femme de cette vidéo a été arrêtée par la police des mœurs alors qu’elle tentait de récupérer ses papiers qui lui avaient été confisqués sans doute parce qu’elle n’était pas voilée en conduisant. Elle a résisté en risquant sa vie. Combien d’autres Iraniennes ont vécu des épreuves similaires, quand leurs voitures ont été mises en fourrière parce qu’elles n’étaient pas voilées en conduisant ? Ou verbalisées ? Est-ce que quelqu’un a des informations là-dessus ?”

Une étudiante a ajouté en commentaire son témoignage, racontant comment on l’a privée de sa voiture parce qu’elle ne portait pas le voile :

“Ils m’ont confisqué ma carte d’étudiante et m’ont dit qu’ils ne me la rendraient pas. Ils m’ont menacée en me disant d’aller dans leur fourgon sinon je devrais me rendre au commissariat pour récupérer ma carte. Je leur ai répondu que “la carte que vous m’avez prise n’est qu’une photocopie, gardez-la autant que vous voulez ! Je n’en ai pas besoin et de fait je me fiche que vous me la confisquiez ou non !’. Je suis partie après le leur avoir dit, ils peuvent bien aller en enfer.”

Ce genre d’exactions n’est donc pas rare — Amnesty International dénonçait par exemple l’été dernier comment les lois sur le port obligatoire du voile “permettent à la police et aux forces paramilitaires de harceler les femmes, de leur infliger des violences et de les emprisonner, ce qu’elles font régulièrement“.

À lire -> Des Iraniens portent le voile pour soutenir les femmes de leur pays