L’équipe de TPMP minimise le harcèlement sexuel commis par Maxime Hamou

L’équipe de TPMP minimise le harcèlement sexuel commis par Maxime Hamou

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Par Mélissa Perraudeau

Publié le

Après le harcèlement sexuel commis en direct par le tennisman Maxime Hamou sur la journaliste Maly Thomas le 29 mai, l’équipe de Touche pas à mon poste s’est distinguée en minimisant la culpabilité du joueur.
Ce mardi 30 mai, le compte Twitter Prise Marteau publiait une vidéo choquante, tirée d’un direct d’Eurosport diffusé la veille, dans l’émission Avantage Leconte. On y voyait la journaliste sportive Maly Thomas tenter d’interviewer le tennisman français Maxime Hamou, après sa rencontre perdue contre l’Uruguayen Pablo Cuevas. Sous l’hilarité de ses collègues, Maly Thomas a été harcelée sexuellement par le joueur, qui l’a embrassée de force plusieurs fois, la serrant contre lui malgré ses tentatives pour se dégager.

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En réaction, la direction de Roland-Garros a pris une décision sans appel en retirant à Maxime Hamou son accréditation pour le tournoi. Cette décision a été discutée par l’équipe de Touche pas à mon poste, qui est revenue sur la scène dans son émission du 30 mai. Cyril Hanouna a recontextualisé les faits, puis a lu ce que Maly Thomas a déclaré au Huffington Post, pour finalement s’arrêter sur une dernière citation de la journaliste :

“Mon intention n’est pas de banaliser cette scène. Mais je ne souhaite pas en faire une polémique.”

Un “garçon charmant”

Cyril Hanouna ne réagit alors qu’à cette phrase pour vite remarquer que la journaliste a eu là une “bonne réaction, quand même”, comme si l’histoire était de sa faute mais qu’elle se comportait bien en assumant une certaine responsabilité, en cherchant à protéger son harceleur. Les chroniqueurs s’exclament directement que “c’est trop tard”, et Cyril Hanouna calme le jeu en invoquant le fait que Maly Thomas “a le droit de dire ce qu’elle pense”. Il évoque ainsi un droit à la liberté d’expression, comme si ce qui était arrivé pouvait donner lieu à un débat, et qu’en tant que victime elle n’avait pas à trop critiquer son agresseur.
Toute la séquence, dans un exemple frappant de perpétuation de la culture du viol, se concentre ainsi sur le tennisman pour lui trouver des circonstances atténuantes, minimiser ce qu’il a fait, voire l’excuser. Quand Valérie Bénaïm souligne le caractère forcé de la scène, le présentateur demande tout de suite si le tennisman n’avait pas bu. La chroniqueuse Géraldine Maillet, qui dit connaître Maxime Hamou, saute sur l’occasion :

“Non, mais il était saoul. Il avait passé la journée au Players’ Lounge et il était ivre mort. Donc il a l’alcool agressif, stupide, débile, mais effectivement il était sous emprise de l’alcool. Mais c’est un chouette garçon, bien sûr, ivre mort.”

Et le présentateur de dire qu’il va “s’excuser bientôt”, et que lui-même connaît “un peu ce garçon, qui est vraiment un garçon charmant”“adorable” surenchérit Géraldine Maillet.

Culture du viol et responsabilité de la victime

Tout serait donc dû à l’alcool, qui changerait complètement son comportement et suffirait pour l’équipe à lui ôter la responsabilité de ses actes. Isabelle Morini-Bosc critique ensuite la dernière citation de Maly Thomas, comme si la vraie coupable du scandale, c’était elle, la victime – avant de demander s’il ne faudrait pas “interdire de boire dans les minibars”, niant là aussi complètement la responsabilité et la culpabilité du joueur. Le présentateur s’indigne ensuite que Jean-Michel Maire pense que la carrière de Maxime Hamou puisse être compromise à cause de ce harcèlement, et précise bien “on ne veut pas accabler ce garçon”. Puis Julien Courbet déclare :

“Juste, si vraiment il a bu, faut pas qu’on tombe dans un débat encore une fois sur le sexisme et tout… C’est pas bien de le faire, il ne faut pas faire ça évidemment, mais s’il a bu un coup, faut pas que ça prenne de l’ampleur. Faut juste dire qu’il était plein et qu’il s’est pas rendu compte de ce qu’il faisait.”

Et le présentateur et ses chroniqueurs de saluer une nouvelle fois le “bon comportement” de la victime qui aurait donc eu le bon goût de ne pas trop s’indigner. Comme BuzzFeed le rappelle, si une bonne partie de l’équipe de Touche pas à mon poste invoque l’alcool comme excuse, il s’agit bien d’une circonstance aggravante. Il n’y a pas de “débat sur le sexisme”, aucune excuse ou autre version possible pour le harcèlement sexuel que Maxime Hamou a clairement commis en direct. Espérons que la rencontre de Cyril Hanouna avec Marlène Schiappa, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, ce mercredi, lui permette d’en prendre un peu conscience.