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Quand le street art se fait politique : les égouts-maisons de Milan

Quand le street art se fait politique : les égouts-maisons de Milan

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Par Olivia Cassano

Publié le

Le dernier projet de l’artiste milanais Biancoshock consiste à transformer des bouches d’égouts en des pièces de maison miniatures. Ses “interventions” nous interpellent sur le sort des SDF. 
Biancoshock, l’artiste et activiste basé à Milan, est connu pour se servir de la jungle urbaine comme support. Il imagine des “interventions” amusantes, temporaires, qui invitent à la réflexion, et qui ont pour but de perturber la monotonie du quotidien.
Si son travail semble joyeux, Biancoshock aborde des thématiques sérieuses comme  la pauvreté, le stress de la vie moderne, le capitalisme, la décadence urbaine… En effet, pourquoi le street art serait-il vide de sens ?
Son travail s’inscrit dans le courant de l'”éphéméralisme”, un mouvement artistique qui “a pour but de produire des œuvres d’art qui doivent exister brièvement dans l’espace mais de manière illimitée dans le temps”.
L’artiste utilise des objets abandonnés dans l’environnement urbain – un pneu, une plaque de rue, des palettes en bois mises au rebut – et en donne une nouvelle interprétation, suggestive et toujours déstabilisante. Jusqu’à aujourd’hui, il a créé 650 “interventions” dans le rues de Milan et ses alentours.
Dans le cadre de son dernier projet, intitulé “Borderlife“, Biancoshock a décoré des bouches d’égouts abandonnées pour les transformer en minuscules pièces secrètes, dans le quartier de Lodi à Milan.

(© Biancoshock)

Ces interventions servent à attirer le regard sur les conditions de vie des SDF. Elles font tout particulièrement allusion au sort des 600 personnes devenues SDF après la chute du régime communiste, qui ont du établir leurs quartiers dans les égouts de Bucarest en Roumanie.
Biancoshock a transformé ces entrées d’égouts oubliées en douche exiguë, en petit hall avec un porte manteau et un tableau de Raphael, et en mini kitchenette équipée, avec une horloge, une cuillère en bois, une poile, du sel et du poivre, et une petite plante.
Le descriptif du projet indique : “Si certains problèmes ne peuvent être évités, il faut en faire quelque chose de confortable. C’est une intervention qui, de manière parodique, parle des gens forcés à vivre dans des conditions extrêmes, jusqu’à vivre dans des bouches d’égouts.”
(© Biancoshock)

Les égouts satiriques de Biancoshock font réfléchir sur le sujet des personnes mises au ban par la société et nous rappelle que la pauvreté et le chômage sont des problèmes globaux.
Ce n’est pas la première fois que l’artiste s’empare de la rue pour parler de la problématique du logement. En 2013, déjà, il avait installé un paillasson à l’entrée d’une bouche d’égout dans le cadre d’un autre projet intitulé “Not Funny, Here I Live” (“Ce n’est pas marrant, je vis ici”). Un autre de ses projets, intitulé “All You Can Eat” (“Tout ce que vous pouvez manger”), en 2012, mettait en scène deux hommes en train de déjeuner en tête à tête dans une benne à ordures.
Voici d’autres exemples d’interventions de Biancoshock :
Memorie Urbane, 2015. (© Biancoshock)

Wedding Cake, 2014. (© Biancoshock)

Antistress for Free, 2012. (© Biancoshock)

Urban Waterpark, 2012. (© Biancoshock)

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Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois