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Docu : dans le quotidien des danseurs du métro new-yorkais

Docu : dans le quotidien des danseurs du métro new-yorkais

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Par Naomi Clément

Publié le

Un documentaire pour dénoncer la loi

Déjà, en 1982, le gouvernement américain adoptait la Broken Window Theory (“l’hypothèse de la vitre brisée”, en français). Une théorie selon laquelle les petits délits tels que le vandalisme, le deal de drogues, le graffiti ou la danse de rue (et à fortiori de métro) entraîneraient nécessairement des crimes beaucoup plus graves et sérieux. Une théorie qui considère donc ces danseurs comme des délinquants, et qui a rendu leur pratique délicate depuis les années 90.
Mais depuis le mois de mars 2014, la répression s’est aggravée. Le délégué de la NYPD Bill Bratton a accentué la prohibition, et en l’espace d’un seul mois, les arrestations de danseurs ont été trois fois plus importantes que celles recensées sur l’intégralité de l’année 2013.
Pour lutter contre cette loi, qui ne prend pas en considération l’héritage et la richesse culturels de cette pratique, le réalisateur londonien Scott Carthy est monté au créneau en dévoilant Litefeet. Un superbe documentaire de dix-huit minutes, supporté par les musiques des producteurs Yung Gutted, Czarquan, JJ DOOM ou encore Badbadnotgood, qui tend à souligner la beauté et l’énergie positive que tendent à transmettre, depuis des années, ces danseurs.

Désireux d’en savoir plus sur le véritable impact de cette décision policière, nous nous sommes entretenus avec Andrew dit “Goofy”, le protagoniste du documentaire Litefeet et leader du W.A.F.F.L.E crew (pour We Are Family For Life Entertainment) qu’il a créé en 2011. Le W.A.F.F.L.E. crew est un des groupes les plus prolifiques en matière de litefeet à New York, mais il est aujourd’hui contraint à déserter les wagons souterrains. Avec passion, Andrew nous parle de l’état de sa danse chérie au sein de la Grosse Pomme.

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K | Comment as-tu réagi à décision de Bill Bratton en 2014, qui a annoncé des mesures répressives à l’égard des danseurs de métro à New York ?
Pour être honnête, j’ai vraiment commencé à flipper. Mais dans le même temps j’ai réalisé qu’il était temps de faire quelque chose de différent avec notre talent. Le W.A.F.F.L.E. crew a eu pas mal de succès, notamment avec tous les shows télévisuels que l’on a faits ; il était temps pour moi de prendre une décision et d’agir autrement. Personne ne veut être en prison pour avoir dansé, aux côté de vrais criminels.
K | Dans son documentaire, Scott Carthy immortalise votre dernière danse dans les wagons du métro… Cela signifie-t-il que vous rendez les armes ?
Non, je ne m’arrêterai jamais de me battre pour les artistes qui continuent d’évoluer dans le métro, les danseurs mais aussi tous les autres. Je fais d’ailleurs partie d’une organisation, Buskny, qui aide les personnes qui ont été arrêtés à tort. Je me bats également pour que la police accepte de respecter les régulations en vigueur.
K | Du coup, ce documentaire est un moyen pour toi et ton crew de combattre la loi ?
Tout à fait, et surtout montrer à New York et au monde entier qu’il s’agit d’un groupe de gamins positifs, avec de la connaissance, qui se font simplement arrêter pour exposer leur talent.
Plus de litefeet sur les pages Facebook et Youtube du W.A.F.F.L.E. crew, ainsi que sur le site de Scott Carthy.