Expo : le musée du quai Branly part à la rencontre des esprits qui hantent le folklore asiatique

Expo : le musée du quai Branly part à la rencontre des esprits qui hantent le folklore asiatique

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Par Naomi Clément

Publié le

Inaugurée ce mardi 10 avril, l’exposition “Enfers et fantômes d’Asie” nous propulse dans l’au-delà en ressuscitant les histoires de fantômes issues des cultures chinoise, thaïlandaise et japonaise.

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S’il est surtout connu pour ses paysages romantiques et délicats, comme en témoignent ses célèbres Trente-six vues du mont Fuji, le peintre japonais Hokusai (1770-1849) a également donné vie, tout au long de sa prolifique carrière, à une série de créatures fantastiques, qui prennent tour à tour l’apparence de fantômes défigurés, de serpents démoniaques ou de yôkai (ces petits êtres surnaturels issus du folklore japonais) déchus.

Tirée de la série “Cent histoires de fantômes”, Spectre d’Oiwa-san fait partie de ces œuvres au caractère chimérique. Réalisée entre 1831 et 1832, cette estampe représente le fantôme d’Oiwa, cette jeune femme imaginée par Tsuruya Namboku IV dans sa pièce de kabuki, Yotsuya Kaidan (1825), qui est défigurée, empoisonnée et jetée dans une rivière par son propre mari. Cet homme infâme, hanté par le spectre hideux qu’il a engendré, finit par sombrer dans la folie et tuer sa nouvelle épouse.

Le mouvement artistique ukiyo-e est aujourd’hui au cœur d'”Enfers et fantômes d’Asie”, la nouvelle exposition du musée du quai Branly – Jacques Chirac, du 10 avril au 15 juillet 2018. Véritable plongée dans la pénombre, elle nous ouvre les portes d’un monde régi par les esprits qui hantent les légendes les plus populaires de Chine, de Thaïlande et du Japon. Trois pays où l’engouement pour l’épouvante est on ne peut plus répandu, imprégnant depuis de nombreuses années une grande diversité des productions culturelles.

Des arts religieux aux films de J-Horror

Le parcours de l’expo, qui prend vie grâce à une scénographie immersive constituée d’une multitude de créations contemporaines (apparitions fantomatiques en hologrammes, installations reproduisant les enfers des temples de Thaïlande…), propose d’explorer la façon dont ces créatures d’outre-tombe ont été représentées dans les arts religieux, le théâtre, la peinture, et, de façon plus récente, le cinéma ou la bande dessinée. Car, “si le bouddhisme a contribué à la construction de cet imaginaire, c’est bien en marge de la religion, dans l’art populaire et profane, que la représentation des spectres s’est surtout développée”, nous indique le musée.

Divisée en trois sections (“Visions des enfers”, “Fantômes errants et vengeurs”, “La chasse aux fantômes”), l’exposition nous fait donc traverser les époques et les frontières pour retracer la manière dont les démons, esprits et autres spectres, déjà très présents dans les peintures bouddhistes du XVIIe siècle, ont fini par envahir la culture populaire actuelle, portés notamment par des films issus du mouvement J-Horror (la nouvelle vague de l’horreur japonaise apparue dans les années 1990 et 2000), tels que Ring ou Ju-on.

Grâce à un large regroupement d’œuvres aussi diverses que variées (peintures, masques, affiches de films, sculptures géantes, projections de films…), “Enfers et fantômes d’Asie” parvient ainsi avec brio à faire ressusciter les légendes les plus effrayantes de Chine, de Thaïlande et du Japon, tout en soulignant l’impérissable importance des esprits vagabonds pour ces trois pays. Là-bas, en effet, les fantômes et autres revenants, dont les manifestations sont changeantes et imprévisibles, ne semblent jamais mourir.

L’exposition “Enfers et fantômes d’Asie” est à voir au musée du quai Branly – Jacques Chirac du 10 avril au 15 juillet 2018. Plus d’informations sur le site de l’établissement.