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En images : l’angoisse d’Alzheimer racontée en cinq ans d’autoportraits

En images : l’angoisse d’Alzheimer racontée en cinq ans d’autoportraits

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Par Théo Chapuis

Publié le

Le peintre William Utermohlen, frappé d’Alzheimer en 1995, a raconté sa maladie en autoportraits, réalisés successivement sur cinq années.
Lorsque le peintre William Utermohlen est diagnostiqué Alzheimer en 1995, sa réaction ne manque pas de philosophie. Dès lors, il entreprend une série d’autoportraits qu’il peindra jusqu’en 2000. Dans un article du NYT datant d’octobre 2006, sa femme Patricia déclare : “À partir de ce moment-là, il a essayé de comprendre sa maladie en se peignant lui-même”.
Entre 1995 et 2000, William Utermohlen représente progressivement la perte de contrôle, la détresse, la démence qu’Alzheimer lui impose. Au fur et à mesure que la maladie neurodégénérative dont il souffre s’infiltre dans son cerveau, son art évolue peu à peu. Les perspectives s’effacent, les courbes se font plus abstraites et les détails se fondent les uns avec les autres.
Le docteur Bruce Miller, neurologue à l’Université de Californie, étudie l’exercice de la créativité sur les patients atteints de maladies neurodégénératives. Selon lui, la démarche d’Utermohlen est hautement significative :

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Alzheimer affecte la partie droite du cerveau, celle-là même qui est décisive pour visualiser les choses de manière interne avant de les reproduire sur une toile. Les œuvres deviennent plus abstraites, les images plus floues, plus surréalistes. Parfois, les patients utilisent des couleurs subtiles…

Chronique de la solitude

Aussi terribles soient-ils, ces autoportraits dépeignent le mal d’Alzheimer comme ceux qui en réchappent ne le verront jamais. C’est une véritable plongée dans l’inextricable labyrinthe dans lequel cette affliction plonge ses victimes. Sa veuve en a la certitude : “Dans ses portraits, on est témoin de l’intensité bouleversante des efforts produits par William afin de chroniquer son lui altéré, ses peurs et sa tristesse”.
William Utermohlen décède en 2007. À ce sujet, Patricia, qu’il a laissée derrière lui, aura ces quelques mots pour un journaliste de NewStatesman.com :

Pour moi, il est mort en 2000. Parce qu’il est mort lorsqu’il ne pouvait plus dessiner. En vérité, il est mort en 2007, mais ce n’était plus lui à ce moment-là.