La crise des migrants vue par le street art

La crise des migrants vue par le street art

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Par Margo Gothelf

Publié le

Les drames vécus par des milliers de migrants chaque année émeuvent particulièrement le monde de l’art.

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Quelle que soit sa forme, le street art est partout, et les artistes ont conscience du pouvoir que peuvent avoir leurs créations. Que ce soit à propos du changement climatique, de la guerre, ou de la politique, leur travail influence les discussions sur les grandes problématiques internationales et la crise des réfugiés en fait partie. Au lendemain de la journée internationale de la paix, qui a eu lieu le 21 septembre, nous avons fait le tour de certaines des œuvres les plus marquantes sur la crise des migrants.

1. Ai Weiwei, Reframe, Florence, Italie

Le Chinois Ai Weiwei, plutôt habitué aux grandes galeries d’art contemporain, s’est essayé au street art en transformant un monument historique de Florence, pour rappeler aux habitants de la ville la problématique des boat people des temps modernes.

Connu pour son engagement politique et sa défiance envers la censure, il a superposé 22 canots de sauvetage sur les fenêtres du palais Strozzi, le 21 septembre. Intitulée “Reframe”, l’installation a pour but d’attirer l’attention sur les milliers de personnes qui meurent chaque année en se noyant, pour échapper à la guerre et la misère.

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Ce n’est pas la première fois que l’artiste aborde le sujet de la crise des réfugiés :

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2. Massimo Mion, European programme for migration, Italie

Le street artist italien Massimo Mion a exprimé son point de vue sur la crise des réfugiés via l’un de ses graffiti, European programme for migration (“Le Programme européen pour l’immigration”), qui représente un enfant jouant à la bataille navale. Il espère ainsi éveiller la conscience collective sur le problème des immigrés, en ayant un ton “innocent mais ironique” :

“Le problème des réfugiés et des immigrés est trop complexe pour être résolu par un dessin ou par des politiciens qui traitent les gens comme des statistiques. L’art est là pour nous rappeler que le problème existe ici et maintenant, et qu’il faut s’en occuper.”

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3. Blu, Melilla, Maroc

L’artiste italien Blu, qui refuse de révéler son identité, s’est approprié une partie du mur séparant l’enclave espagnole de Melilla du reste du Maroc.  On peut y voir représenté un drapeau européen où les étoiles sont des barbelés. Blu explique :

“Vous vous êtes déjà demandé à quoi l’Europe ressemble de l’extérieur ? Elle ressemble à trois rangs de clôture de fils barbelés. C’est à ça qu’elle ressemble à Melilla, une colonie espagnole en Afrique.”

4. Banksy

Banksy est particulièrement connu pour utiliser ses œuvres pour faire passer des messages forts. Son travail, visible dans les métropoles du monde entier, peut surgir n’importe où et à tout moment. Il a déjà peint plusieurs représentations de ce que lui inspire la crise des réfugiés et le traitement de ces derniers aux frontières. C’est notamment le cas de son œuvre réalisée le 5 janvier, s’inspirant de l’affiche de la comédie musicale Les Misérables, dans laquelle on peut voir une petite fille pleurant devant un nuage de gaz lacrymogène, en référence aux événements de la jungle de Calais.

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En décembre 2015, Banksy avait aussi tenu à rappeler au monde que Steve Jobs était le fils d’un réfugié syrien, via une œuvre qu’il a commenté, ce qui est plutôt exceptionnel :

“Souvent on nous pousse à croire que l’immigration est un gouffre pour les ressources [d’un] pays, mais Steve Jobs était le fils d’un émigré syrien, et Apple est la compagnie la plus profitable au monde. Elle paye environ 7 milliards de dollars [soit 6,2 milliards d’euros] d’impôts par an. Et elle n’existe que parce que les États-Unis ont laissé entrer ce jeune homme originaire de Homs.”

5. Icy and Sot

Les frères iraniens Icy et Sot ont toujours dénoncé la censure et revendiqué leur liberté d’expression. Exilés d’Iran où le street art est illégal, ils présentent maintenant leurs œuvres dans les rues de Brooklyn, où ils se sont installés. La guerre, la violence mais aussi la paix, l’espoir et les droits de l’homme sont au cœur de leur travail.

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6. JR

JR n’aurait jamais imaginé que l’une de ses œuvres allait sauver des réfugiés  de la noyade. En 2014, l’artiste a affiché un cliché de sa série Women Are Heroes sur 150 conteneurs transportés par le Magellan, un cargo de 350 mètres de long. La mosaïque reconstitue une photo géante en noir et blanc des yeux d’une femme kényane. De façon tout à fait inattendue, l’équipage du Magellan s’est retrouvé a sauver 213 réfugiés en pleine mer, au large de la Libye.

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Inspiré par la thématique de l’immigration, JR a également beaucoup travaillé à Ellis Island, une île au large de New York qui fut un très grand centre d’accueil pour les personnes immigrant aux États-Unis.

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7. Mention spéciale : les artistes inconnus

Plusieurs artistes préfèrent l’anonymat quand ils veulent représenter la crise des réfugiés. Cela ne diminue pas pour autant à la force du message qu’ils envoient.

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Traduction du tweet : “Les médias commencent à parler de la “Forteresse Europe” #lampedusa”

Traduction du tag : “Je viens pour une bonne vague / La jeunesse vient pour une vie meilleure.”

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet