En images : l’univers fantastique de Julien Langendorff

En images : l’univers fantastique de Julien Langendorff

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Par Naomi Clément

Publié le

Depuis une petite décennie, Julien Langendorff réalise des collages où se croisent magie, cosmos et corps féminins. Alors qu’il s’apprête à présenter sa nouvelle série “Gutter Magik” à la galerie Red Bull Space Paris, l’artiste nous ouvre les portes de son monde onirique.

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Julien Langendorff est né à Paris en 1982, mais il aurait pu vivre dans les années 1970 aux États-Unis. Car c’est là-bas, au pays de l’Oncle Sam et du rock’n’roll, que son travail semble faire écho avec le plus de force. “Généralement, j’ai toujours plus de retours aux États-Unis, ils comprennent mieux, nous confie-t-il. Ici, j’ai l’impression que ça a été un peu difficile, dans une sorte de milieu de l’art à la française où le conceptuel (ou pseudo-conceptuel) prédomine largement sur le sensible et la qualité purement plastique de l’œuvre.

S’il tient à nous préciser qu’il écoute d’autres musiques que le rock (“du free jazz, du hip-hop, beaucoup de soul music et de girl bands en particulier, de la folk music, toutes sortes de musiques plus expérimentales“), Julien Langendorff semble être nourri par ce genre et son esthétisme :

“Je suis tombé sur une photo de Keith Richards quand j’avais 7 ou 8 ans, et j’ai tout de suite su que c’était pour moi. Je suppose qu’une forme de romantisme maudit, d’électricité sale et une certaine mythologie m’ont attiré.”

“Explorer les figures du mal”

Lorsqu’on se trouve face à l’une de ses compositions, c’est une énergie à la fois mystique et enchantée qui se heurte à nous, une atmosphère surréaliste, peuplé de rêves (voire parfois de cauchemars) et de personnages chimériques. “Il y a des récurrences dans les thèmes que j’essaie d’explorer, analyse l’artiste, les figures du mal, la magie, le corps et le cosmos, des choses comme la jeune fille et la mort, des mondes imaginaires…

Sa dernière série “Gutter Magik”, plus noire que ses précédentes, nous immerge un peu plus dans les abysses de l’univers artistique qu’il a bâti à la force de son imagination. “J’ai commencé à penser à ‘Gutter Magik’ lors d’une série précédente, ‘Neon Ash Path’, pour laquelle j’avais produit un collage noir et blanc qui me plaisait particulièrement […], raconte-t-il. La série est née comme ça et est devenue une sorte de drogue, je faisais entre deux et quatre tableaux par jour, car j’avais toujours hâte de voir à quoi ressemblerait l’œuvre suivante.” Et d’ajouter :

“Le noir et blanc ajoute tout de suite un côté beaucoup plus ‘sombre’ évidemment, ce que je voulais d’une certaine manière. Déjà, je déteste l’été (période à laquelle j’ai travaillé sur cette série). Bizarrement, cette saison me rend tout le temps très dépressif sans que je sache vraiment pourquoi. Avec cette série, je voulais mélanger un truc gothique, parfois sacré, avec une démarche un peu plus sauvage, comme un zine punk, mais en essayant de garder une certaine élégance tout du long.”

Une “période de désert” ?

Ces tableaux oniriques, il les façonne en puisant sa matière première dans une époque révolue : celle des vieux journaux et magazines des années 1970 et 1980, dont il préfère “la trame, le texture et la technique d’impressions“.

Julien Langendorff serait-il nostalgique ? “S’il est question de l’état du monde actuel sous beaucoup de ses aspects, alors je serais tenté de répondre oui, explique-t-il. Il y a toujours des choses que j’apprécie évidemment en termes de musique et d’art, mais je crois qu’on est quand même en ‘période de désert’, pour citer Deleuze. […]”. Et de s’interroger tout haut :

“Je me demande parfois si c’est vraiment une si mauvaise chose que ça que d’être en réaction par rapport à son époque, si celle-ci ne nous convient pas. J’aime beaucoup la peinture préraphaélite par exemple, qui avait justement comme intention de revenir à des modèles du passé pour réinsuffler une forme de dignité et de beauté à une époque obsédée par la révolution industrielle. En tous cas, moi, je sais ce que j’aime et vers où aller pour trouver des repères personnels.”

 Les collages de Julien Langendorff seront exposés à la galerie Red Bull Space Paris (Paris 2e) du 4 au 26 février. Plus d’infos sur le site de l’artiste.