Super Smash Bros. Ultimate : et si vous passiez au niveau supérieur ?

Super Smash Bros. Ultimate : et si vous passiez au niveau supérieur ?

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Par Jérémie Léger

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Depuis sa sortie le 7 décembre 2018, Super Smash Bros. Ultimate s'impose définitivement comme l'opus taillé pour l'e-sport.

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Rares sont les gens, gamers ou non, qui n’ont pas entendu parler de Super Smash Bros. Il faut dire qu’un jeu de combat dans lequel Mario ou Link peuvent casser la gueule à Pikachu et toute la clique Nintendo, il fallait y penser. Comme Mario Kart ou Mario Party, Super Smash est pensé comme un “party game”, un jeu pour s’éclater entre amis, qui fait la part belle à l’aléatoire dans les combats (avec les objets notamment).

Cependant, passée la hype du combat “fun” entre potes, bon nombre de joueurs se sont penchés sur une vision plus compétitive du combat Smash. Mais n’est pas champion qui veut : en effet, si le jeu se veut facile à prendre en main pour les néophytes qui feront quelques parties amusantes, il est beaucoup plus difficile à maîtriser à son plein potentiel.

Lorsque Super Smash Bros. Melee sort sur GameCube en 2001, c’est un véritable succès, si bien que de nombreux joueurs se mettent à maîtriser jusqu’au centième de seconde n’importe quelle technique. Encore aujourd’hui, la scène de Melee reste très active et considérée comme la plus “hard-core”, car la plus active et la plus virulente.

Pendant longtemps, Nintendo a très mal vu cette “e-sportisation” de la franchise Smash – “Big N” s’est attaqué aux différentes initiatives de fans. La firme japonaise voyait d’un mauvais œil que l’une de ses licences les plus lucratives devienne un jeu “élitiste”. Au point d’avoir carrément tenté de tuer la pratique de la compétition avec Brawl, le troisième épisode sorti sur Wii.

Dans ce volet, beaucoup plus lent, de nombreuses techniques avancées ont purement et simplement été supprimées. L’exemple le plus criant reste peut-être celui du “tripping”, une mécanique étrange qui fait trébucher aléatoirement le joueur en le laissant vulnérable. Perdre un tournoi par la faute à pas de chance, forcément, ça pique un peu.

Mais coupez une tête à l’hydre, et d’autres repousseront. Ce rejet de l’entreprise nippone n’a pas empêché la communauté compétitive de s’organiser d’elle-même, allant jusqu’à faire de Super Smash Bros. Melee l’un des jeux phares du tournoi de “versus fighting” le plus prestigieux au monde, l’EVO (Evolution Championship Series).

Conscient du développement de la pratique compétitive partout dans le monde, Nintendo a retourné sa veste et s’est timidement ouvert à l’e-sport avec Smash 4, version sortie sur 3DS et Wii U, en organisant des compétitions lors d’événements officiels. Une première dans l’histoire de la franchise.

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Pour le plus grand plaisir des Smasheurs, le dernier épisode en date, Super Smash Bros. Ultimate, en plus de proposer un catalogue gargantuesque de 74 personnages (80 avec la récente Plante Piranha et les futurs DLC à venir) relativement bien équilibrés. Le jeu semble plus que jamais avoir été taillé pour l’e-sport. C’est probablement pour ça qu’il a d’ailleurs remplacé le vieillissant Melee au tournoi EVO.

Explications.

Des mécaniques aux petits oignons

Qu’on se le dise, dans la branche e-sport de Smash Bros., l’aléatoire n’a pas sa place. Seuls vos talents avec votre personnage et votre gestion du terrain feront la différence. Longtemps frileux de cette vision de jeu, le directeur du jeu Masahiro Sakurai et son équipe ont, avec Super Smash Bros. Ultimate, enfin tendu la main aux joueurs compétitifs.

Le volet se veut plus proche d’un jeu de combat traditionnel. C’est surtout manette en main que la différence se fait sentir, grâce au nouveau moteur du jeu, beaucoup plus rapide et nerveux que sur le jeu précédent. La vitesse d’exécution est en effet de retour dans ce nouvel épisode. Greil, l’un des top players français de Smash 4, explique :

“Ultimate est bien plus agressif et mobile, car les mouvements défensifs comme le bouclier et les esquives aériennes ont été nerf [rendus moins efficaces, donc moins utilisés, ndlr]. Cela nous a conduits à littéralement changer notre manière d’aborder le jeu.”

Résultat, pour beaucoup de joueurs de Melee qui peinaient à retrouver leurs sensations sur les épisodes Wii et Wii U, Ultimate est une aubaine. C’est l’avis de Mahie, meilleur joueur français sur cet épisode :

“Le feeling global est plus proche de celui de Melee. C’est différent et il y a un temps d’adaptation, mais c’est motivant et je dois admettre avoir beaucoup joué au jeu depuis sa sortie. Je compte bien me remettre à la compét.”

Il semblerait d’ailleurs que le jeu n’ait pas été pensé seulement pour les joueurs. Sur le visionnage également, tout a été fait pour rendre les matchs agréables à regarder pour le public, grâce à l’ajout d’effets visuels plus spectaculaires lors des combats. Mais ce qui fait de cet opus un jeu également orienté e-sport, c’est l’ajout de tout un tas de nouvelles fonctionnalités inédites.

Il y a d’abord le mode entraînement, plus complet que jamais avec par exemple la possibilité d’afficher les distances d’éjection en fonction des pourcentages ou de s’entraîner sur des stages neutres avec ou sans plateformes. Ce mode a d’ailleurs été mis en avant même la sortie du jeu. “Ce n’est pas anodin”, souligne Kon, meilleur joueur de Lucario d’Europe :

“En faisant ça, Nintendo montre qu’il est dans la voie du compétitif et donne aux joueurs des outils pour s’améliorer et, à long terme, donner de meilleures compétitions.”

Une préparation plus aisée du compétitif

Dans les faits, à quoi ressemble un match compétitif de Smash ? À ce sujet, les joueurs e-sport sont unanimes : “La compétition, c’est 1v1, gare du Nord.” Comprenez des matchs avec des vies (donc pas en score dans un temps imparti) à 1 contre 1, sans objet et sur un stage dit “legit”, à savoir des terrains plats avec ou sans plates-formes, sur lesquels aucun personnage n’est foncièrement avantagé.

Or, la sélection des stages utilisables en tournoi reste un éternel débat de la scène compétitive Smash. Si chaque région du monde a ses règles, la grande majorité des matchs se déroulait jusqu’à présent soit sur “Champ de bataille”, “Destination finale” ou “Smashville”, comprendre les terrains les plus neutres.

Mais Ultimate apporte une nouveauté qui semble aller du côté du compétitif : Nintendo a rendu possible la désactivation des aléas des terrains, à savoir tous les éléments influant passivement sur le déroulé du match – les transformations de plateformes par exemple. Ce paramètre offre ainsi un panel plus large d’arènes jouables en tournoi.

Aussi, il y a la possibilité de jouer sur les 103 stages que propose le jeu en version “Destination finale” ou “Champ de bataille”, les stages neutres bien connus de Super Smash Bros. Ce sont tous ces éléments cumulés qui favorisent l’environnement compétitif autour du jeu.

Comment franchir le cap ?

Forcément, avec une stratégie de communication portée sur le compétitif, de plus en plus de joueurs se sont intéressés à la scène e-sport et plus globalement au jeu en lui-même. Les statistiques Twitch parlent d’elles-mêmes avec près de 150 chaînes de stream qui diffusent du Smash chaque jour avec des centaines de milliers de viewers dans le monde pour les plus gros tournois.

En France, des structures s’organisent et certains streamers populaires comme Sardoche, Etoiles, Xari et Jiraya se sont même mis à la compétition à la sortie du jeu. Plusieurs semaines après la sortie du jeu, les stats s’envolent toujours plus. Si eux l’ont fait, pourquoi pas vous ?

Mais avant de viser les sommets (et le cashprize, les sousous quoi), il est nécessaire de maîtriser comme il se doit les bases du jeu. Pour y parvenir, je vous arrête tout de suite : le tutoriel “comment jouer” proposé au début du jeu ne suffit pas. Pour démarrer dans l’e-sport Smash, il existe en France des chaînes YouTube comme celle de Bronol, qui rend accessible l’e-sport Smash au plus grand nombre.

Il explique ainsi :

“J’ai moi-même franchi le cap il y a un an et, avec ma chaîne, je souhaite que d’autres me suivent dans la transition entre le Smash ‘pour le fun’ et le compétitif.”

Pour aller plus loin, il y a aussi la chaîne YouTube Le Pugilat des étoiles, portée par TPK, Fauster, Donut et LifeIsCool. Leur idée à eux est toujours la même depuis trois ans : “Parler de Smash dans sa facette compétitive de manière plus ou moins pointue avec des vidéos pédagogiques et analytiques”, comme le précise TPK.

Mais ce n’est pas tout. Nintendo et Le Pugilat des étoiles viennent de lancer Let’s Smash, une série de courtes vidéos explicatives destinées aux joueurs de tous niveaux désireux d’en apprendre plus sur le jeu. Le tout présenté par Fauster, qui est aussi le commentateur vedette de la scène Smash compétitive.

Une fois les bases assimilées, l’étape suivante est la prise en main d’un ou plusieurs personnages spécifiques, celui ou ceux qui seront toujours les nôtres, qu’on appellera vite notre/nos “mains”. “Pour aller plus loin, regarder des vidéos de combo ou des VOD de top player jouant le même perso que vous s’avère être un bon point de départ”, conseille Greil.

Bien entendu, il n’y a pas de solution miracle. Pour devenir meilleur, il faut jouer et s’entraîner sans relâche. En cela, le mode online de la Switch reste le moyen le plus efficace pour se mesurer à d’autres joueurs. D’autant que Nintendo a mis le paquet au niveau des options que celui-ci propose.

La plus grosse nouveauté allant dans le sens de l’e-sport reste sans conteste le système des “arènes”. Un concept de parties privées longtemps attendu par les joueurs, car permettant de jouer selon les règles de son choix. On trouve aussi le “Smash VIP”, un mode ou seuls les joueurs avec une puissance Smash élevée (leur rang) peuvent entrer dans l’arène.

De toute façon, aucune partie en ligne ne vaut l’immersion en conditions réelles des matchs en local avec d’autres joueurs. Il n’y a rien de mieux pour ça que de se rendre à des événements dédiés. De plus, les choses sont bien faites, car de nombreuses associations en organisent régulièrement partout en France.

Le site SmashUltimateFr recense tous les tournois et les différentes communautés existantes, grâce, entre autres, à un agenda mis à jour en temps réel. Plus aucune excuse, donc. “Les groupes communautaires sur Facebook ou Discord sont d’excellents moyens pour entrer en contact avec les joueurs et se tenir informé des sessions d’entraînement et des événements organisés près de chez soi”, estime Kon.

On trouve aussi, aux abords de ces événements, de nombreuses consoles pour jouer en “freeplay” (des matchs d’exhibition). C’est la formule parfaite pour se mesurer à des joueurs plus forts que soi et apprendre de ses erreurs. Greil affirme ainsi : “Les top players en France sont généralement très ouverts. Il ne faut pas hésiter à poser des questions, c’est une des clés pour progresser de manière efficace.”

S’il le dit ! Fauster ajoute :

“Il n’y a pas de jeux qui portent mieux son nom que Super Smash Bros. L’ambiance en compét retranscrit complètement cette idée de ‘Brothers’. Un tournoi de Smash, c’est une union de personnes qui n’ont rien à voir les unes avec les autres, mais qui aiment toutes le jeu et qui veulent le partager sans barrière sociale.”

Conscient d’avoir longtemps boudé ses joueurs compétitifs, Nintendo a prouvé avec Ultimate qu’il pouvait se montrer à l’écoute, sans pour autant oublier ses joueurs occasionnels. Même si tout n’est pas encore parfait du côté de Big N, les efforts sont bel et bien là et la scène e-sport Smash n’a jamais été aussi active et dynamique qu’aujourd’hui.

Ils ont même récemment lancé le premier tournoi officiel européen de Super Smash Bros. Ultimate. Et ce n’est que le début – après tout, le jeu est sorti il y a seulement quelques mois ! Les portes sont ouvertes, il ne vous reste plus qu’à entrer dans l’arène.

En attendant, retrouvez les conseils d’un champion qui est passé par Konbini pour expliquer quelques-uns de ses tricks.

Article coécrit avec Pierre Bazin et Arthur Cios.