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Vidéo : 40 ans de hip-hop par 100 rappeuses américaines

Vidéo : 40 ans de hip-hop par 100 rappeuses américaines

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Par Mélissa Perraudeau

Publié le

En réponse à une vidéo retraçant une histoire du rap américain presque 100 % masculine, le site féministe Madame Rap vous présente quarante ans de hip-hop au féminin, avec 100 rappeuses américaines de poids.

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“Madame Rap rassemble des rappeuses du monde entier des débuts du hip-hop à nos jours. Parce que les femmes font aussi le rap. Parce qu’il est temps d’entendre leurs voix. Ensemble, rendons leur la place qu’elles méritent.”

Le site Madame Rap a été créé en 2015 par l’ex-Femen Éloïse Bouton, journaliste et militante féministe, mais aussi ancienne danseuse de hip-hop et spécialiste du féminisme afro-américain et des mouvements des droits civiques aux États-Unis. Elle a ensuite été rejointe par la DJ et productrice Emeraldia Ayakashi, avec qui elle a fondé une association “dédiée à la mise en lumière des femmes dans le hip-hop”. Madame Rap est devenue “un espace d’information et d’éducation alternatif qui a pour mission de célébrer les féminismes, l’art et les cultures urbaines et de leur offrir une réelle visibilité”. Le site recense plus de 1 000 rappeuses du monde entier et montre au quotidien que hip-hop et féminisme sont on ne peut plus compatibles – si toutefois on rend visibles les rappeuses et la possibilité d’empowerment du hip-hop.

“Un milieu largement masculin, sexiste et homophobe”

Dans un édito sur Madame Rap, Éloise Bouton rappelle en effet qu’il s’agit d’“un milieu largement masculin, sexiste et homophobe”.

“Il ne s’agit pas de faire du déni et de prétendre que tout va bien. Entre 22 et 37 % des paroles de rap sont misogynes et 67 % objectivent sexuellement les femmes. D’innombrables textes de rap, reliques du gangsta rap, banalisent la culture du viol ou glamourisent les violences de genre. […] Pourtant, ces violences verbales ne tombent pas du ciel et proviennent directement de la manière dont les femmes sont traitées dans la société.”

La journaliste souligne pourtant qu’il existe un hip-hop progressiste, incarné par des artistes comme Kendrick Lamar ou, parfois, Drake, et surtout des femmes qui portent “un message ouvertement féministe et émancipateur”. Alors quand le duo de producteurs de Chicago The Hood Internet a sorti une vidéo retraçant quarante ans de hip-hop en quatre minutes avec seulement trois rappeuses contre 97 rappeurs, elle a vu rouge. Seules Missy Elliott, Nicki Minaj et Lauryn Hill étaient admises au panthéon du hip-hop américain, au mépris de toutes les autres artistes s’étant distinguées dans le milieu.

“Le rap est le seul espace artistique qui donne aux femmes cette liberté de parole”

“Pour leur rendre la place qu’elles méritent et rappeler que le hip-hop s’est aussi construit avec elles”, Madame Rap a sorti sa propre vidéo sur ces quarante années : “Quarante ans de hip-hop au féminin en 4 minutes, avec 100 rappeuses américaines que nous n’avons pas eu grand mal à dénicher”.
Un shot de talent au féminin qui prouve sans forcer que les rappeuses américaines pèsent au moins pour moitié dans la discipline. De 3D Na’Tee à Zay Bella, en passant par Dominique Young Unique, MC Trouble, Queen Latifah ou encore Trina, cette vidéo met en avant des artistes femmes qui revendiquent leur pouvoir et leur indépendance. La quintessence du hip-hop et du féminisme pour Éloïse Bouton, qui expliquait il y a un an :

“Le rap est le seul espace artistique qui donne aux femmes cette liberté de parole. Et c’est notamment pour cette raison que je continuerai à être féministe et à aimer le hip-hop.”