Le mangaka Tetsuya Tsutsui est de retour avec Poison City

Le mangaka Tetsuya Tsutsui est de retour avec Poison City

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Par François Oulac

Publié le

Tokyo, 2019. À moins d’un an de l’ouverture des Jeux olympiques, le Japon est bien décidé à faire place nette afin de recevoir les athlètes du monde entier. Une vague de puritanisme exacerbé s’abat sur tout le pays, cristallisée par la multiplication de mouvements autoproclamés de vigilance citoyenne. Littérature, cinéma, jeu vidéo, bande dessinée : aucun mode d’expression n’est épargné.
C’est dans ce climat suffocant que Mikio Hibino, jeune auteur de 32 ans, se lance un peu naïvement dans la publication d’un manga d’horreur ultra-réaliste, Dark Walker. Une démarche aux conséquences funestes qui va précipiter l’auteur et son éditeur dans l’œil du cyclone…

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Un manga qui évoque l’actualité

Le thème de Poison City fait naturellement penser au débat post-Charlie Hebdo autour de la liberté d’expression. Mais il entre aussi en résonance avec le parcours personnel de son auteur. En 2013, Tsutsui apprend que le premier tome de sa série Manhole a été censuré dans la région de Nagasaki. La raison : des images jugées inappropriées par la Section des affaires sociales et de la santé de la province. N’ayant appris cette décision que cinq ans après les faits, le mangaka n’a pas pu défendre son œuvre. Testuya Tsutsui se bat désormais pour que le tome soit de nouveau disponible.
Et nourrit son œuvre de sa frustration. Il réaffirme à 20 Minutes le danger de telles censures pour la liberté d’expression :

Je ne pense qu’il faille abolir toute notion de droit de regard du législateur sur les œuvres de l’esprit. Il peut arriver que des éditeurs ou des auteurs dérapent, une simple autorégulation du milieu éditorial n’est pas suffisante.
Cependant, la décision du législateur est tellement importante et lourde de conséquences, qu’elle ne peut pas être prise sans une réflexion intense. Elle ne peut par exemple pas être prise en réponse à un événement ou à un fait divers aussi traumatisant soit-il pour l’opinion publique. C’est ce que je crains le plus.

On aura le temps de reparler de cela lors de la venue de Tetsuya Tsutsui au Salon du Livre, qui se tient à Paris du 20 au 23 mars.