Mass Effect Andromeda : ce jeu est fou, et tant pis pour les animations ratées

Mass Effect Andromeda : ce jeu est fou, et tant pis pour les animations ratées

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Par Théo Mercadier

Publié le

La richesse du jeu parvient à faire oublier ses nombreuses défaillances techniques. Un test en demi-teinte et garanti sans spoilers.

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Si vous faites partie des millions de joueurs fans de la franchise, vous avez forcément compté les jours depuis l’annonce de Mass Effect : Andromeda, en juin 2015. “My god un nouveau ME !”, vous êtes-vous sans doute exclamés. Promesses d’explorations épiques, de sorytelling digne des meilleurs films de SF, et de combats techniques et endiablés portés par le moteur Frostbite. La route était tracée : ça ne pouvait être que bon.

Et pourtant… Autant percer l’abcès tout de suite. Quelques jours avant sa sortie, la désillusion est mondiale. Yeux hagards, expressions flinguées de chez flinguées et démarches mécaniques : les vidéos mettant en avant l’horrible réalisation des personnages du nouvel opus se répandent sur Internet comme une traînée de poudre. Le bad buzz est complet et la communauté gaming, peu connue pour sa tolérance envers les gros studios, démolit le jeu avant même de l’avoir eu entre les mains.

Mais pour avoir passé quelques dizaines d’heures dessus, l’auteur de ces lignes peut vous assurer que ce Mass Effect vaut le détour. Des mondes ouverts à couper le souffle aux combats nerveux, en passant par une narration tentaculaire, tout est fait pour nous jeter au cœur d’une aventure cosmique intense et diablement grisante. Largement assez pour faire oublier la désolante technique d’animation.

À la recherche du monde en or

Les studios BioWare ont fait le choix de sortir du cadre scénaristique confortable des précédents opus pour proposer une aventure radicalement nouvelle. Vous êtes le Pionnier, l’aventurier sur lequel repose l’avenir des 20 000 humains cryogénisés qui pioncent sur le Nexus, dernier berceau d’une race humaine en exil. Un peuple auquel il faudra trouver une planète habitable parmi les millions de mondes que compte la galaxie d’Andromeda, pour poser les bases d’une nouvelle civilisation.

Ce scénario type Interstellar pousse à fond le côté exploration, malgré le nombre assez réduit de mondes que l’on peut visiter (cinq). On prend un plaisir certain à poser le premier pied sur chaque nouvelle planète, et à se lancer à la recherche du moindre bout d’équipement et de la moindre quête annexe à accomplir. Et croyez-le, il y en a un paquet.

Forcément, toute cette dimension scénaristique pâtit de la réalisation technique plus que ratée. Si chaque planète impose sa claque visuelle à travers des paysages dantesques et minutieusement travaillés, les expressions des PNJ rendent pénibles la plupart des interactions engagées avec eux. Même si quelques manips permettent de passer outre. On ne saurait que trop vous conseiller d’incarner Scott Ryder, personnage par défaut proposé au lancement de l’aventure et qui reste le moins moche du jeu. Pour le reste, passer le jeu en anglais et activer les sous-titres permet de détourner notre attention des horribles visages qui nous font face. Ça ne paye pas de mine, mais ça enlève beaucoup à la frustration.

Croiser son cousin au fin fond de l’Univers

Autre reproche fait au jeu ? Le refus manifeste d’imaginer des races extraterrestres et des civilisations radicalement différentes des nôtres, un écueil résumé à merveille par Gamekult :

“Jouer à Mass Effect : Andromeda, c’est aussi se confronter à une certaine défaite de l’imagination. Un jeu où des explorateurs fendent l’espace 600 ans durant, quittent littéralement notre galaxie, et tombent nez à nez avec des races humanoïdes arrivées à un stade d’évolution équivalent et organisées en groupes sociaux similaires. Où la technologie a évolué vers les mêmes objets, des flingues en forme de flingues, des gatlings, des tourelles.”

Une timidité certaine qui se ressent vite après avoir passé quelques heures à tirer sur des Kerts (les nazis de l’espace) ou sur des robots Reliquats, qui sont globalement les deux seuls types d’adversaires que vous croiserez. Vu les budgets et les technologies à leur disposition, on aurait attendu des gars de BioWare qu’ils nous sortent des foules d’aliens pleins de tentacules et gros comme des maisons, des trucs nouveaux quoi. Il y en a, mais ils se comptent sur les doigts de la main.

Malgré tout, le jeu sait captiver en proposant une foule de quêtes annexes permettant de retrouver la richesse de l’univers Mass Effect. Car si la trame principale propose légèrement moins d’epicness que celle des précédents titres, c’est indéniablement tout ce qui gravite autour qui fait le sel de cet opus, et qui vous poussera à “perdre” des heures à sillonner les moindres recoins des mondes ouverts sur lesquels vous atterrissez. Les dialogues tentaculaires, les petites missions d’apparence anodine, les relations à construire et les éléments de paysage inattendus : tout est fait pour nous coller la manette à la main et nous faire dire “Merde, il est déjà 2 heures du matin ?”.

Au passage, un gros pouce bleu pour les caveaux aliens, que le joueur croisera régulièrement sur son chemin et qui imposent à chaque fois une baffe vidéoludique comme on en prend rarement. Tout simplement magnifiques.

Un gameplay dynamique et rénové

Avec Andromeda, BioWare met de côté la tactique pour jeter sans ménage le joueur dans des combats aussi nerveux que flashy, et diablement efficaces. Le point d’honneur à proposer une foultitude de capacités disponibles (entre combat, tech et biotic), elles-mêmes personnalisables à souhait, permet d’adapter son style de jeu en fonction des situations et des envies. Enfin, surtout des envies, car dans l’ensemble il est tout à fait possible de se caler avec trois capacités de base, de les pousser à fond et de finir le jeu sans problème. C’est au choix.

L’une des grandes nouveautés de ce Mass Effect réside assurément dans le dynamisme appliqué à tous les moyens de déplacement, à l’image du petit jet-pack fixé sur votre combinaison. Gros sauts, esquives éclairs et vols stationnaires pour mieux arroser vos ennemis, fini la longue prise de connaissance du champ de bataille pour commander les attaques ciblées des membres de votre équipes : ce Mass Effect Andromeda sera chaud ou ne sera pas. La part belle donnée au corps à corps renforce ce nouveau dynamisme brutal. Un système de combat bien éloigné de la série originelle et qui marque la volonté de BioWare de séduire un nouveau public. Le pari est largement réussi.

Mais que les anciens se rassurent : on y retrouve l’arsenal pléthorique et familier présent dans les précédents opus (fusils d’assaut, de combat, pistolets et snipers), soutenu par les centaines d’objets à débloquer grâce à l’outil de recherche et développement. On s’y perd des heures avec l’envie de tout essayer et de comparer les moindres stats… au prix d’innombrables allers-retours dans les menus.

Car c’est bien là (entre autres) que l’une des tares de ce Mass Effect se dévoile : l’interface du menu est infernale. Infos qui jaillissent de partout, menus labyrinthiques, tutos obscurs : appuyez sur le bouton start et préparez-vous à affronter une véritable jungle, avec laquelle il vous faudra pourtant vous familiariser pour donner toute sa dimension au jeu. Chiant, mais inévitable.

Côté exploration, le mythique Mako a également connu une révision plus que bienvenue pour coller avec la dynamique renouvelée. Place à son grand frère, le Nomade, rendu mille fois plus maniable grâce à son boost et ses deux modes de conduite, (un pour tracer et un pour escalader). Votre nouveau meilleur pote pour explorer les vastes mondes ouverts qui, on ne le répètera jamais assez, sont autant de claques visuelles. Juste splendides.