Rosa Parks : hommage à la passionaria du mouvement des droits civiques en chansons

Rosa Parks : hommage à la passionaria du mouvement des droits civiques en chansons

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Par Théo Chapuis

Publié le

Pete Seeger, folk consciente

L’une des toutes premières chansons réalisée en hommage à l’acte de Rosa Parks est “If You Miss Me at the Back of the Bus”, écrite par Carver Neblett et enregistrée par un blanc : Pete Seeger. Ce chanteur folk emblématique de la tradition de folk songs américaine a littéralement traversé les âges outre-Atlantique. Connaissant la célébrité dès les années 40, décédé en 2014, il a eu très jeune un penchant pour l’activisme et dans les années 60, son combat, c’est celui du mouvement des droits civiques, aux côtés des Noirs.
Devenu lui aussi un héros de la désobéissance civile alors qu’il a dû faire face à la chasse aux sorcières anti-communiste du maccarthysme, Seeger marque l’histoire des regroupements de manifestants noirs avec sa chanson “We Shall Overcome”. Mais il fait surtout une référence directe à Rosa Parks dans la chanson “If You Miss Me at the Back of the Bus” en 1963.

Ce titre s’inspire d’un fait divers commun dans les États-Unis séparés par cet apartheid. Un jeune afro-américain mourait noyé dans une rivière de l’Illinois car il n’avait pas pu apprendre à nager : la piscine municipale de sa ville natale ne permettait l’accès à ses bassins qu’aux Blancs. Seeger écrit alors une chanson sur ce thème qui varie de couplet en couplet sur les discriminations subies par les Noirs.
Dans son livre Everybody Says Freedom, le chanteur estime que de nouvelles paroles devraient constamment être improvisées afin de pouvoir répondre à toute situation. De là à imaginer un nouveau couplet sur Michael Brown…

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The Neville Brothers, reconnaissance soul

Quelque part entre la soul, la funk, le R’n’B et les musiques afro-caribéennes, on trouve le carnaval endiablé des Neville Brothers. Véritables frères à la ville comme sur scène, ces musiciens de la Nouvelle-Orléans ont bâti l’un de leurs plus grands succès sur la chanson “Sister Rosa”, extraite de leur LP de 1989 Yellow Moon.
Des couplets au refrain, cette chanson (très bonne, au passage) est un hommage pur et simple au courage ordinaire de cette dame qui n’a pas cédé. Leur façon à eux de dire merci, en somme. C’est l’unique titre des Neville Brothers à parvenir à se nicher dans le top 100 singles, décrochant la 75ème place du top R’n’B américain. On note le jeu de mots du refrain entre le nom de l’activiste et le mot “spark” en anglais qui signifie étincelle.

Merci Miss Rosa, tu es l’étincelle / Tu as commencé notre mouvement de liberté / Merci sœur Rosa Parks

OutKast, couac rap

En 1999, l’un des plus gros tubes hip-hop de l’année s’appelle “Rosa Parks”. Chanté par le duo OutKast, le titre n’effleure pourtant pas l’impact décisif qu’a eu l’activiste sur le mouvement des droits civiques. En fait, le nom de Rosa Parks n’est même pas mentionné dans le morceau. D’où le courroux de la principale intéressée.
Puisqu’elle ne parle pas de son action et qu’elle trouve la chanson “vulgaire” (on vous laisse vérifier les paroles), Rosa Parks a carrément attaqué OutKast et le label LaFace Records en 1999. Le hook de la chanson ? “Hush that fuss / Everybody move to the back of the bus” (“Calmez-vous / Que tout le monde se rende à l’arrière du bus”).
Voilà la seule référence à Rosa Parks, qui semble surtout renvoyer à Rosa Parks et son action parce que cet acte fort est représentatif d’un état d’esprit hyper badass – le reste de la chanson parlant surtout de beaucoup faire la fête.

Après une bataille judiciaire longue de plusieurs années, OutKast trouve un arrangement avec la famille de l’activiste six mois après son décès, en 2005. Le groupe accepte alors de délivrer un financement à la fondation de la native de Tuskegee, Alabama, soit à l’institut Rosa et Raymond Parks pour le développement personnel. Comme quoi même si on est OutKast, on ne rigole pas avec la figure tutélaire Sister Rosa.

The Stone Roses, hommage outre-Atlantique

Après un premier album éponyme passionnant qui fera d’eux les pionniers de ce qu’on nommera ensuite la britpop, les Stone Roses sortent leur second disque en 1994 chez Geffen. Même s’il marquera considérablement moins les générations de rockeurs fish and chips suivantes, le disque The Second Coming a l’avantage de porter en son sein un titre presque funk nommé “Daybreak” (ou bien “Aube” en français).
Dans ce petit plaisir british, on entend clairement Ian Brown s’essouffler : “She built it to make ya / We all love makers, ain’t we ? / Sister Rosa Lee Parks / Love Forever her name in your heart”, soit approximativement (et ce sera le mot de la fin) : “Elle a construit tout ça pour toi / On est tous des faiseurs d’amour, non ? / Sœur Rosa Lee Parks / Chéris son nom pour toujours dans ton cœur”.