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Rencontre : Sofiane Pamart, le pianiste rebelle du rap français

Rencontre : Sofiane Pamart, le pianiste rebelle du rap français

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Par Jérémie Léger

Publié le

Nous avons rencontré Sofiane Pamart, le virtuose du piano qui sublime la plume des rappeurs français, mais pas que…

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Sofiane Pamart est tombé dans le piano quand il était tout petit. Sa virtuosité est telle qu’il a obtenu une médaille d’or au conservatoire national de Lille à sept ans. Mais l’autre passion du jeune musicien, c’est le rap. C’est son tempérament de feu qui le pousse à réaliser son rêve : devenir le pianiste de référence du rap français.

Après “En résidence“, une série vidéo publiée sur YouTube dans laquelle il accompagne en live acoustique des grands noms du rap français, il s’apprête à sortir un album collaboratif avec le lyriciste belge Scylla, ainsi qu’un album solo qui comprendra uniquement des compositions.

Comme si cela ne suffisait pas, le pianiste sera l’une des égéries du prochain Salon du luxe à Paris. Il développe aussi sa propre start-up, YouPiano. Comme personne dans son domaine, le jeune artiste casse les codes et son arrogance au piano n’a d’égal que son talent.

Konbini | Raconte-nous tes premières amours avec un piano.

Sofiane Pamart | J’ai découvert le piano quand j’étais tout petit. J’ai appris à l’oreille parce que ma maman en avait acheté un pour la maison. Pour elle, le piano était le plus grand des instruments. C’était synonyme de grandeur, de noblesse et d’ascension sociale. Mes parents ne sont pas musiciens à la base, mais elle rêvait de nous mettre au conservatoire, et moi encore plus étant le fils aîné.

J’ai commencé à en jouer à 3-4 ans, je pianotais, je reconnaissais des airs et j’ai fini par intégrer le conservatoire de Lille, ville où j’ai grandi. C’est l’histoire croisée d’un rêve d’une mère qui espérait que ses enfants fassent du piano et le coup de cœur de son fils pour l’instrument.

Ta culture de la musique classique s’est donc faite sur le tas ?

C’est ça. Je connaissais les œuvres que je travaillais, mais je n’en écoutais absolument pas en dehors de ma pratique du piano. J’ai découvert le classique au fur et à mesure des œuvres de grands compositeurs que j’apprenais.

Qui sont les plus grands virtuoses du piano selon toi ?

Il y a un maître qui m’a marqué dans mon parcours personnel, c’est Henri Barda. Il est considéré comme le secret le mieux gardé du piano français. Il est ma référence vivante. C’est un rebelle dans sa manière d’aborder le piano. Il est instinctif et fait beaucoup de choses à l’oreille.

Il considère que même les œuvres que tu interprètes, il faut tellement te les approprier que tu en deviens l’auteur. J’aime bien sa vision qui consiste à dépasser son statut d’interprète. Pour les légendes, c’est Vladimir Horowitz sans hésitation. Il a un chant, un phrasé qui n’a pas d’égal.

Quand on est pianiste, on interprète des œuvres qui existent, mais on compose aussi son propre répertoire…

C’est vrai, mais les compositeurs sont rares. En culture classique, c’est très segmenté : il y a les interprètes, les compositeurs, les chefs d’orchestre… Tous ne composent pas. Pour ma part, j’ai vite quitté l’interprétation parce que je voulais aller sur un terrain où le rapport à la musique était totalement différent. 

Un pianiste, c’est un artiste, mais d’abord un artisan. J’ai toujours été attiré par la composition. J’ai joué Chopin, Ravel ou Debussy pendant 15 ans, mais aujourd’hui je ne fais que de la compo. Comme je n’ai pas hérité de la culture classique, je n’ai jamais vraiment mis de frontières entre les deux.

Quelles sont les compositions ou les œuvres qui te mettent le plus en transe quand tu joues ?

Encore une fois, sans hésiter, celles de Ravel et de Chopin.

En tant que professeur de piano au conservatoire, qu’est-ce que t’apporte le fait de transmettre cette culture ?

J’ai vraiment l’impression de perpétuer une tradition individuelle de maître à élève. J’aime m’inscrire dans ce créneau, mais j’essaie surtout de moderniser tout ça avec mon approche à moi. Tu ne peux pas changer une institution comme le conservatoire, mais tu peux changer les choses dans ta classe parce que tu as carte blanche.

Kery James, Seth Gueko, Psy 4 de la rime, Nekfeu, Médine, Scylla, Vicelow, Fababy, Swift Guad, Sadek, Gaël Faye, Guizmo, Mokless ou encore Grand Corps Malade. Tu es le pianiste de tous ces rappeurs français. J’imagine que le rap est ton second amour musical ?

Oui. Je suis passionné par le rap. J’en écoutais en dehors du conservatoire. Personnellement, j’ai la mentalité d’un rappeur dans ma manière de jouer du piano, mais aussi de vivre et de me positionner. Mon état d’esprit, c’est d’être un compétiteur. Un rappeur veut être le numéro un et c’est ce que je veux aussi.

Mon premier objectif, c’était d’être le pianiste du rap français. J’ai commencé avec un groupe où je mélangeais rap et classique. C’est après, au fil des rencontres, que j’ai commencé à accompagner les artistes que tu as cités, particulièrement Scylla et Médine.

Premier objectif atteint, donc.

Oui, même si ce n’est pas terminé. Je peux faire ça toute une vie, tu vois. J’en suis à la première étape, j’ai fait un tour de la question, mais son potentiel est encore énorme. Ce que j’ai vécu aujourd’hui m’a permis de me remettre en question en tant qu’homme et en tant qu’artiste. 

J’ai appris énormément. Le rapport à la création artistique n’est pas le même dans le classique et dans le rap. Mon nouvel objectif aujourd’hui est un positionnement beaucoup plus solo, mais qui est le résultat du croisement de ces deux cultures chez moi.

Existe-t-il un esprit de compétition similaire dans le classique et dans le rap ?

Carrément. La différence, c’est que dans le rap, ça ne va pas se voir uniquement sur son art : il y a la façon de s’habiller, de travailler ses vidéos, de s’entourer… Alors que dans le classique, ça va se jouer sur l’art uniquement : la technicité, la musicalité…  Ce que j’aime dans le rap, c’est cette audace qui pousse à aller encore plus loin. Aujourd’hui, je pense qu’on arrive à un nouvel âge d’or grâce à ça. C’est quelque chose qui m’excite vraiment et que j’essaie de retranscrire dans mon domaine.

Il y a un autre point commun entre ton répertoire et le rap : l’émotion dégagée par la musique…

Ça me fait plaisir que tu dises ça, parce que c’est vraiment ce que je recherche. Pour moi, l’émotion est plus importante que la technique. Dans le rap, ce qui est bien, c’est que tu commences par l’émotion. Tu y vas, tu te lances pour faire un freestyle, tu enregistres en studio, bref, c’est que de l’émotion. Ce côté plus spontané, c’est ce que j’aime dans le rap et je veux le retranscrire au piano.

Le rap et le piano, c’est une grande histoire, notamment dans les productions (Lunatic, Fabe, Dr. Dre, Scott Storch, Kanye West)…

Oui, le piano, c’est plus dans le rap “à l’ancienne”. Ce qui m’intéressait, c’était comment le piano était samplé. Je voulais reproduire cette manière de sampler en la jouant moi-même. Je suis même devenu une machine à sampler pour mes propres compositions. J’ai une petite casquette de beatmaker pianiste, mais acoustique.

Dans la musique, les frontières de genre s’effacent de plus en plus. Y a-t-il d’autres styles que le rap que tu voudrais explorer ou approcher ?

La musique de film, sans hésiter. Mon objectif, c’est de faire un film comme Intouchables, dont les gros thèmes ont été composés par Ludovico Einaudi. Je pense aussi aux compos de Yann Tiersen pour Amélie Poulain… Je veux être de ceux-là. Je vais le faire. Je veux le faire, donc je vais le faire. Toujours cette mentalité de compétiteur.

Parlons de ta dernière collaboration avec Scylla. Comment s’est faite cette connexion ?

J’avais monté le programme “En résidence” avec une web TV parisienne qui s’appelle 3ème Gauche. On invitait les artistes, j’en ai accompagnés beaucoup d’ailleurs, à reprendre un de leurs titres en acoustique. Le dernier épisode de cette série devait avoir lieu avec Scylla. Il est le seul que j’ai vu en amont du tournage.

On s’est rencontré et le feeling est tellement bien passé qu’on a annulé cette session pour travailler vraiment ensemble. Au point qu’aujourd’hui, c’est le premier rappeur avec lequel je propose un duo. On travaille en ce moment même sur un album piano/voix.

L’idée du clash piano/voix avec Scylla est venue comment ?

À la base, c’est venu de ce qui se passe vraiment entre nous. Lui et moi, on se clashe tout le temps ! [Rires.] Et franchement, ça nous a fait du bien d’exprimer ce rapport-là en musique. On se chambre sur nos territoires respectifs et on a eu envie d’aller plus loin et d’en faire un son. Tous les coups étaient permis.

On l’a vu sur les réseaux sociaux, les piques fusaient ! On savait que vous étiez potes, mais les attaques étaient si bien orchestrées qu’on y croyait presque.

[Rires.] Ce clash, on l’a vraiment pris au sérieux, ce n’était pas si orchestré que ça. Quand je balance une photo de Gilles [le vrai prénom de Scylla, ndlr] en Shrek, ça me fait trop plaisir. Pareil pour ses attaques à lui. Ce qui rendait le truc vraiment réel, c’est qu’on ne se prévenait pas forcément avant de dégainer nos munitions sur les réseaux.

Il y a l’effet de découverte et plusieurs fois on se disait : “Ah ouais, là t’as abusé, t’as été trop loin et tu vas voir !” On savait juste qu’on allait commencer à se taper, mais on ne savait pas jusqu’où ça allait partir. C’est ça qui était marrant et tu y prends vraiment goût.

On a fait monter la sauce et heureusement que le morceau “Clash” est sorti, sinon on y serait encore [rires]. Il y a même des gens qui ont pris ça au sérieux. On a vu des commentaires du genre : “C’est triste et dommage, vous faisiez vraiment un beau duo.” Internet est vraiment formidable.

Entre nous, tu as tremblé face à Scylla ?

Pas du tout ! Je sais pertinemment que je l’ai plié !

Ah bon ? Je ne lui ai pas posé la question, mais il a l’air persuadé d’avoir gagné…

Demande à Internet et tu verras. Tout le monde sait que j’ai gagné ! [L’attaché de presse nous interrompt : “Si tu veux, on appelle Scylla, tu vas voir ce qu’il va te répondre.” Il l’appelle, mais celui-ci ne répond pas.] S’il ne répond pas, c’est qu’il n’y a pas à hésiter sur le gagnant ! [Rires.]

Quand on est pianiste, comment on aborde la problématique du battle face à un rappeur ? Comment on fait pour clasher et prendre la parole avec un piano ?

Je l’ai fait en plusieurs étapes. D’abord, tu uses de ta technique, de ta manière de basculer d’un thème à un autre, qui va rendre la chose fluide. Ensuite, il y a l’attitude. Il faut être hautain, arrogant et sourd aux piques qu’on te balance. Et il y a aussi tout le travail en amont sur les réseaux sociaux, où j’ai pris la parole directement.

D’ailleurs, la preuve que j’ai gagné, c’est que j’ai tenu plus longtemps que lui sur le ring. Sur la durée du morceau, il y a au moins 1 minute 30 pendant laquelle Scylla ne sait plus quoi dire. Fais voter les lecteurs et la rédac de Konbini pour savoir qui a gagné et tu verras. Je prends le risque !

À la fin du morceau, on apprend que tout était mis en scène. L’ogre et le pianiste veulent manger le monde ensemble. Tu peux me parler de votre futur projet ?

Avec Scylla, on prépare un album piano/voix. On a bien avancé. Il arrivera vers la rentrée 2018. C’est pour ça qu’il y a des morceaux qui sortent les uns après les autres. On va continuer jusqu’au jour J. On ne sait pas encore quelle couleur aura l’album. On veut vraiment prendre le temps d’y réfléchir.

Le piano/voix est un exercice délicat et je pense que Scylla est l’un des seuls rappeurs qui peuvent tenir sur la durée d’un album comme ça. L’idée, c’est vraiment d’aller dans la tradition de la chanson à texte. C’est ce que recherche le public de Scylla. Sa plume a toujours retenu l’attention au-delà de tout ce qu’il y avait autour. C’est pour ça que j’ai envie de mettre en valeur sa plume avec mon instrument.

Quelle est la difficulté pour le pianiste dans l’exercice de s’adapter au rappeur ?

La première difficulté, c’est de réussir à se renouveler sur un album. Il faut rester cohérent sans être répétitif. Aussi, il est parfois difficile pour le pianiste de mettre des sons sur des thèmes particuliers. Enfin, le dernier défi, c’est de savoir gérer le bon dosage entre la prise de parole du pianiste et son retrait pour ne pas trop éclipser la voix.

[À ce moment-là, Scylla rappelle…]

Salut Scylla ! On est en interview chez Konbini et monsieur Sofiane Pamart en face de moi déclare qu’il t’a assassiné dans le clash ! Par principe d’équité, on s’est dit qu’on allait te demander ton avis…

Scylla | Ah ! Personnellement, je reste discret dans cette affaire parce qu’il faut savoir que je touche des subventions pour travailler avec monsieur Pamart, ce genre de personne à la créativité réduite. L’État nous verse de l’argent pour travailler avec des gens comme ça. Donc je reste discret sur les sanctions que je lui inflige. [Tout le monde rit.]

Tu es sûr de toi, l’ogre a mangé le pianiste ?

Scylla | Je suis plutôt dans une optique de complémentarité pure, contrairement à Sofiane [rires]. Donc il y a des moments où je me retiens volontairement pour lui laisser la parole et ne pas trop l’humilier. C’est ce que j’ai fait là pour que les gens se disent plutôt : “Mais quel duo !”, plutôt que “l’un a assassiné l’autre”. Mais chacun son point de vue. Hein, Sofiane ?

Où voulez-vous nous emmener avec ce projet à deux têtes ?

Scylla | On voulait défendre notre truc, mais ensemble. Moi le texte, lui le piano. Le but de ce projet est de se servir et de se sublimer mutuellement. Il n’y a que du piano/voix. On veut aller à l’essentiel avec une formule épurée, autant en studio que sur scène. On a fait quelques petits tests devant le public et ça s’est très bien passé.

C’est vraiment ce qu’on voulait et on prend du plaisir à jouer ensemble. Que demander de plus ? On se trouve toujours plus à mesure que le temps passe. C’est une collaboration qui est vouée à durer… [Il raccroche.]

Sofiane Pamart | Voilà l’état d’esprit dans lequel on est.

Un autre challenge que tu t’es fixé, c’est d’accompagner Médine lors de son passage au Bataclan (les 19 et 20 octobre 2018). J’imagine que c’est un moment particulier pour toi, sachant que c’est un rêve pour lui…

En 2013, lors de son premier Olympia, Médine m’a fait l’honneur de m’inviter et de me donner un rôle-clé sur son morceau “Lecture aléatoire”. Le but était que j’assure toute la ligne mélodique. Je faisais des clins d’œil à des samples et, à chaque transition, les artistes entraient sur scène pour faire le morceau en question. Tunisiano a fait “Sans repère”, Youssoupha “Éternel recommencement”, Sinik “L’Assassin”…

C’était dingue parce que le public avait été pris par surprise et ne s’y attendait pas. Après ça, on a noué une amitié très forte avec Médine. C’est un honneur qu’il ait fait appel à moi pour la version acoustique du morceau avant le futur live au Bataclan. J’ai adoré la façon dont il a traité le sujet : parler de cette salle comme étant son rêve, sans faire écho aux événements du 13 novembre, c’est très classe.

Parlons de toi. À quoi ressemblera ton premier album solo ? Il sera instrumental ou tu auras des voix ?

Il y a des chances que ce soit un album uniquement de piano, mais en même temps, je ne ferme pas la porte à la voix. Comme je le disais tout à l’heure, je veux vraiment aller vers la musique de film. La capacité d’une musique au piano à pouvoir porter un beau propos à l’image, c’est vraiment ce que je souhaite travailler à fond.

Il y aura des clips pour accompagner, mais j’essaie de réaliser des courts-métrages qui vont illustrer mes compositions. Un album visuel en quelque sorte. Je veux faire de la grande image.

Mises à part tes collaborations passées, y a-t-il quelqu’un avec qui tu rêverais de partager tes notes ?

Il y a certaines évidences, par exemple Oxmo Puccino. Il a déjà travaillé avec des musiciens. On s’est rencontré et, symboliquement, j’aimerai faire quelque chose avec lui. Opéra Puccino m’a beaucoup marqué. Avec Booba aussi, j’aimerai beaucoup. Quand j’entends des sons comme “Petite Fille”, je me dis : “Pourquoi ce n’est pas mon piano ?!” Le piano/voix autotunée, c’est quelque chose que j’aimerai bien faire. Isha, aussi, avec qui j’ai déjà bossé…

Hors rap, j’aimerai aussi collaborer avec des acteurs, des actrices, des mannequins histoire de travailler sur d’autres pattes artistiques. Avec des marques de luxe aussi. J’aime avoir ce panel très large.

Tout à l’heure, tu parlais du lien qui existe entre le piano et le luxe. Dans ce contexte, tu seras une égérie du Salon du luxe de Paris le 19 juin. Que vas-tu y faire ?

Ils m’ont contacté pour le rapport rebelle au luxe. Les belles créations transgressent les règlent aussi. Comme je le disais, c’est ma philosophie en tant que pianiste. D’un côté, je suis légitime parce que j’ai fait le conservatoire, que j’ai eu ma médaille d’or de piano, que je suis professeur… Mais de l’autre, je suis le pire cancre.

J’ai fait tout ce qu’il ne fallait pas faire et ce rapport a intéressé le salon du luxe. J’ai composé une musique pour l’événement et mon réalisateur Guillaume s’est occupé de la vidéo. Je vais aussi faire une intervention pro du fait que je sois aussi entrepreneur en plus d’être artiste. Quand ils parlent de “nouveau visage du luxe”, c’est aussi parce que j’ai plusieurs facettes.

Tu m’as donné la transition parfaite ! En parallèle de ta musique, tu es as créé ta start-up…

Oui, c’est YouPiano, avec laquelle on est en train de travailler sur Lekey. C’est une application qui permet l’apprentissage du piano. L’idée m’est venue parce que je reçois énormément de demandes de personnes qui veulent apprendre le piano, mais qui n’ont pas les bagages nécessaires. Je voulais répondre à cette demande.

Mon approche, que j’appliquais déjà en classe, c’est que sans solfège, tu peux déjà apprendre directement au clavier. Le solfège a tendance à être une barrière et donc j’ai proposé Lekey, une appli qui est en finalisation. Ce sont des petites réglettes qui t’indiquent où mettre tes doigts avec des voyants lumineux et une couleur pour chaque doigt.

En faisant ça, j’essaie de transposer l’apprentissage du piano sous forme de jeu. C’est ludique et je casse le côté “traditionnel et élitiste” de l’apprentissage du piano. Même si, étant professeur de piano, le programme pédagogique que je construis reste exigant.

Qu’est-ce que tu dirais à quelqu’un qui a des préjugés sur le piano, qui le trouverait ringard ou ennuyeux ?

Que le piano n’est pas ringard, il est frais ! Je conseille d’essayer, de mettre les mains dedans. C’est justement ce que j’essaie de faire avec Lekey. Ouvrir les gens au piano et faire sauter les a priori. Pour cela, il suffit d’avoir quelqu’un qui te pousse à t’ouvrir et qui t’aide à trouver l’accès qui te ressemble.