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Portrait : Laetitia Dosch, la révélation de l’année

Portrait : Laetitia Dosch, la révélation de l’année

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( © Shellac )

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Par Lucille Bion

Publié le

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Ça m’a permis de rentrer dans plein de mondes différents, de voir comment les gens traitaient les rapports de pouvoir, de transmission, d’amour… Voir ce qu’il se passait. Je sais que mon corps ne me permettrait jamais de jouer ça donc je me l’accorde. Je suis tout le temps en train de me battre pour me libérer des préjugés.”

Contrairement au rôle qu’elle a dans le film, Laetitia Dosch est un peu moins grande gueule dans la vraie vie. Après tout, le boulot d’un artiste, c’est de faire réfléchir les gens, pas de les agresser à coups de discours moralisateurs, dictant les bons ou les mauvais comportements. À gauche, forcément, elle préfère se rendre aux manifestations, plutôt que sensibiliser en posant ses mots sur les maux de la société :

“Je suis inquiète et choquée de tout ce que le gouvernement est en train de mettre en place. Je pense que ça va durcir les choses : faire monter de la haine, transformer les rapports entre les gens. Mais je ne vais pas aller parler à la radio de ça, il n’y a qu’en tant que citoyenne que je suis engagée. Les gens se débrouillent très bien sans moi car je n’ai pas les mots en fait.”

Pour justifier sa pensée, elle finit par citer Orelsan (qu’elle kiffe autant que Nekfeu et Booba. Du lourd, on vous dit) :

“Le monde est un PMU
Où n’importe qui donne son mauvais point d’vue”

De l’adolescente mutique aux textes des autres

À l’adolescence déjà, elle ne parlait pas beaucoup, rongée par des secrets. Et puis, en changeant de lycée, elle a décidé de se donner une autre image. De la petite ado mystérieuse et muette, elle est devenue la terreur du bahut, avec ses copains. Elle se remémore avec un air détaché :

“On a créé un groupe de rock : les Pédés, qui faisait des reprises des Beatles. On faisait aussi des jeux dans la cour : on imitait des animaux toute la journée, on rentrait dans les classes, on crachait et on repartait… on était devenus un peu les terreurs de l’école.”

“Léonor Seraille m’a découverte dans La Bataille de Solférino. Elle a ensuite regardé des images de moi et m’a écrit une lettre. C’était une longue lettre où elle m’expliquait ce qu’elle aimait bien chez moi. C’étaient des choses que peu de gens m’avaient dites, ça faisait vraiment, vraiment plaisir. J’ai un peu oublié, mais elle trouvait que je changeais beaucoup d’énergie : elle parle de mes différents visages, du fait qu’on a du mal à savoir qui je suis vraiment…”

Et tant mieux. Pas besoin de résoudre le mystère Laetitia Dosch. La seule chose qu’elle est : c’est la révélation de l’année. Une perle rare du cinéma. Un visage qui rend fade la majorité de ses semblables.