Dans l’enfer des migrants, Odezenne donne un clip bouleversant à son titre phare “Chimpanzé”

Dans l’enfer des migrants, Odezenne donne un clip bouleversant à son titre phare “Chimpanzé”

photo de profil

Par Rachid Majdoub

Publié le

Réalisé par Arthur Muller, le film nous entraîne de l’île de Lesbos à la frontière serbo-hongroise, dans l’enfer des migrants en quête de liberté.

À voir aussi sur Konbini

Après le clip de “Novembre”, qui nous emmenait au cœur des manifestations en marge de Nuit debout, Odezenne poursuit son engagement avec une nouvelle vidéo documentaire. Et c’est encore pour un titre phare de l’EP Rien (sorti en mai 2014), “Chimpanzé”, que le groupe bordelais, toujours en tournée un peu partout, offre ce clip… bien bouleversant.

Réalisé par Arthur Muller, le film nous entraîne de l’île de Lesbos à la frontière serbo-hongroise. Ce qu’il s’y passe, ce qu’on y trouve ? L’errance de familles fuyant le Moyen-Orient et ses conflits, jusqu’aux murs “anti-migrants” édifiés à la bordure de l’Union européenne. Les images sont fortes, et le propos essentiel tant la situation de ces enfants et ces adultes en quête de liberté est alarmante. Regardez, puis retrouvez-nous plus bas où l’on donne la parole à Alix, membre d’Odezenne, et au réalisateur Arthur Muller.

Arthur Muller, réalisateur du clip :

Fin 2015, j’ai rencontré Céline Barré qui travaille à Calais, dans la “jungle”. Elle m’a proposé de la suivre jusqu’en Grèce. Nous prenons alors la route vers Lesbos, une île proche des côtes turques sur laquelle arrivent de nombreuses familles, qui fuient les conflits au Moyen-Orient.

Dans mon sac, j’embarque une caméra avec laquelle je garde une trace de ce voyage. Nous arrivons quelques temps après que la photo d’un enfant syrien mort sur une plage a été publiée dans la presse, et après que la chancelière allemande a fait un appel européen à l’accueil des réfugiés.

Malheureusement, les familles que nous suivons dans leur route vers l’Europe de l’Ouest se retrouvent devant un mur, aux portes de l’UE. Après ce voyage, j’ai eu l’envie de montrer le visage de ces gens et plus particulièrement de ces enfants, qui traversent plusieurs frontières à la recherche de la liberté.

Je suis donc en train de monter le projet Enfants Nafarat, un documentaire plus long qui raconterait le trajet de deux enfants en particulier. D’autre part, en visionnant le clip-documentaire de “Novembre”, j’ai eu l’idée d’un clip adoptant la même forme. J’ai contacté Odezenne spontanément en leur proposant une vidéo avec les images de mon voyage et leur chanson “Chimpanzé”.

Alix, d’Odezenne :

Comme l’a précisé Arthur, c’est lui qui est venu vers nous spontanément avec cette idée. Son premier montage portait déjà le cœur de la proposition et elle s’est imposée d’elle-même en fait. Personnellement, j’avais pas l’habitude de voir ces images, ces portraits de familles filmées au plus près. On a eu envie de donner de l’écho à son témoignage.

Le plus souvent, on nous présente ces gens comme une menace, une masse, des chiffres, des quotas et des foules presque exclusivement masculines. L’une des nécessités selon moi est la “réhumanisation” des migrants dans l’inconscient collectif. C’est dans ce sens qu’on a travaillé au montage sur le film avec Arthur. Ce sont des familles qui fuient la guerre, qui demandent de l’aide et qui se tournent vers l’Europe pour se mettre à l’abri un moment en s’arrachant à tous leurs repères. On a tout à gagner à répondre à cet idéal-là.