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Le marché de la musique enregistrée en croissance

Le marché de la musique enregistrée en croissance

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Au premier semestre 2013, la musique enregistrée se porte bien. Tout comme les ventes de CDs et de vinyles.

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Par Tomas Statius

Publié le

D’après les derniers chiffres du Syndicat national d’édition phonographique (SNEP), l’industrie de la musique enregistrée reprend sa croissance pour le premier semestre 2013. Une tendance qui devrait se confirmer selon plusieurs observateurs. 

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Les chiffres américains et britanniques avaient donné les premiers signes de reprise du secteur de la musique enregistrée. On apprenait entre autres choses une hausse des ventes de l’autre côté de la Manche, liée à une baisse sans précédent du téléchargement illégal. On constatait la bonne santé du physique : Amazon communiquait à tue-tête au cours des derniers jours sur les records atteints par les ventes de vinyles au cours de l’année qui vient de s’écouler. Certes. Et nous, dans tout ça ?

Premier signe de croissance depuis 2003

La tendance semble se confirmer pour le marché français qui atteint près de 217 millions d’euros de chiffres d’affaires pour le premier trimestre 2013, soit une hausse de 6,1% selon le rapport de la SNEP paru hier (le dossier complet est à retrouver par ici). Ça n’était pas arrivé depuis 2003.

Selon le même rapport, c’est une croissance remarquable qu’a connu le marché français puisqu’avec une baisse de près de 6% pour la période précédente, la reprise a été soudaine, à hauteur de 22%. Les raisons avancées ? Une action bénéfique des locomotives de la musique actuelle, notamment Daft Punk (500.000 ventes tous supports confondus). Pour Stéphane Le Tavernier, président de Sony Music France et de l’organisme, la corrélation est évidente :

Daft Punk n’a pas porté le marché à lui tout seul mais il a donné envie au public de retourner en magasin et d’acheter plusieurs CDs.

Parmi les autres succès, on retrouve le dernier album de Bruno Mars, le premier de Maître Gims de la Sexion d’Assaut ou des marronniers comme la dernière compilation des Enfoirés. Les observateurs espèrent que la tendance se confirmera, même s’il parait prématuré de conclure à une embellie durable.

Mais un bon rapport (pour un journaliste en mal de jeu avec les chiffres), c’est une série de graphiques un peu opaques, auquels on adjoint des analyses un poil erronées ou des déclarations contredites par les chiffres avancées. Détaillons.

Contre-Analyse

D’abord, rappelons que derrière l’annonce d’une reprise, il y a un constat implacable : la musique perd de l’argent et ce depuis plus d’une dizaine d’année maintenant. À titre d’exemple, à la même période de l’année, le marché représentait près de 415 millions d’euros en 2004 et 230 en 2010 (contre 217 pour ce premier trimestre). La musique enregistrée a connu une reprise, il faut s’en réjouir mais tout n’est pas si rose.

Le deuxième constat concerne le rythme de cet affaiblissement : c’est un déclin, certes, mais un déclin qui s’est ralenti ; et là encore plusieurs raisons peuvent être envisagées.

Derrière l’annonce constante d’une “numérisation” galopante de l’industrie de la musique enregistrée (1 album sur 6 s’achète en numérique, tout de même), rappelons que le physique représente encore aujourd’hui 70% des recettes et a connu une croissance de 6,4% pour la période considérée (contre 5,5% pour le digital). Les gens achètent des CDs et les écoutent in extenso. Ce n’est pas une nouveauté quoi qu’on en pense. (à noter que le rapport indique également une baisse de l’achat de titre à l’unité, et une augmentation des achats d’album en digital).

Plus encore. Si hausse de la part du digital il y a, un chiffre frappe dans ce dernier rapport : l’importance numérique des revenus du streaming (près de 40% des gains du numérique et 12% du chiffre d’affaire total) face à la relative “marginalité” de son utilisation. La SNEP annonce un million d’utilisateurs (dans lesquels, comme le rappel le quotidien Le Monde, sont intégrés les abonnés Orange), précisant que les deux plus gros opérateurs Deezer et Spotify ont séduit respectivement 240 000 et 140 000 personnes en France. Sur 66 millions d’habitants. Si le digital (et plus particulièrement le streaming) compte c’est parce que le revenu total baisse. Il fallait le rappeler.

Enfin, l’incohérence la plus flagrante concerne l’influence du téléchargement illégal sur la santé du secteur. Car si la SNEP affirme la validité de pareille corrélation, il faut rappeler que le téléchargement illégal est en baisse depuis 2009 (selon les derniers chiffres du cabinet Nielsen). Tout comme les revenus de la musique enregistrée.

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